S'en est-elle allée, seule, dans les rues, l'âme en peine ? Oh que non, car nous sommes encore nombreux à avoir vécu avec ses chansons plein la tête ! RIP Françoise.
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Françoise Hardy, icône de la culture pop, est morte
Son fils, Thomas Dutronc, a annoncé la mort de la chanteuse, le 11 juin, à l’âge de 80 ans. La star des années yéyé laisse en héritage quelques chefs-d’œuvre à la chanson française.
Message complété le 12/06/2024 08:34:33 par son auteur.
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
À l'aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille
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Ben, artiste de l’écriture, est mort
L’artiste Benjamin Vautier, dit « Ben », a été retrouvé mort à son domicile de Nice, peu après la disparition soudaine de son épouse. Il était âgé de 88 ans.
Mort de Ben : son suicide est confirmé, il ne pouvait vivre sans sa femme Annie
Une enquête est ouverte par le parquet pour déterminer les causes de la mort de Ben, retrouvé chez lui, mercredi matin.
Les enfants de Ben et d’Annie Vautier ont confirmé le suicide de leur père, artiste renommé, quelques heures à peine après la mort de leur mère, survenu après un AVC. L’artiste qui jouait avec les mots, Benjamin Vautier, a été retrouvé sans vie, touché mortellement par arme à feu au niveau de la tête, à son domicile sur les collines de Nice (Alpes-Maritimes), ce mercredi 5 juin 2024.
Publié le 05 juin 2024 à 11h49
C’était un artiste obsédé par les mots. Benjamin Vautier, dit « Ben », est mort dans la nuit, a confirmé sa fille au Monde, mercredi 5 juin. Il était âgé de 88 ans. Son corps a été retrouvé à son domicile, à Nice, en milieu de matinée, selon Nice-Matin. Son épouse était morte peu auparavant. Les premiers éléments font état d’une plaie par arme à feu, selon le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli. Une enquête a été ouverte et devra déterminer les causes de sa mort.
Le maire de Nice, Christian Estrosi, s’est dit « bouleversé et inconsolable. Il laissera l’image d’un artiste formidable qui aura tant fait rayonner l’Ecole de Nice. Ils sont réunis avec son épouse dont il était inséparable. Je pense à sa fille Eva ». « Le monde de la culture perd une légende », a écrit sur réseaux sociaux la ministre de la culture, Rachida Dati.
Renaud Muselier, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a salué un homme qui a « fait rêver, grandir et réfléchir toute une génération de jeunes gens. (…) Son art lui a permis de voir grand. Reconnu de tous, en France et à l’international, il est toujours revenu dans le Sud, chez lui ! Notre région perd un de ses artistes ».
L’écriture ronde de Ben et ses phrases qui prêtent à s’interroger sur le monde et l’art ornent depuis des années toutes sortes de fournitures scolaires.
Né en 1935 à Naples, Ben est un artiste français d’origine suisse. Après la déclaration de la seconde guerre mondiale, en 1939, Ben et sa mère, Irlandaise et Occitane, multiplient les voyages : en Suisse, en Turquie, en Egypte, en Italie, pour s’installer enfin à Nice en 1949.
En 1955, Ben est âgé de 20 ans. Il vit à Nice et se retrouve libraire, papetier, disquaire. Il dessine et écrit des sortes de poèmes. Nice est alors la ville des futurs nouveaux réalistes, Yves Klein et Arman. Sur une photo, le jeune homme pose, un panneau suspendu à son cou. Il y est écrit en capitales : « L’art est inutile. » Ben, dès ses débuts, est animé à la fois par un désir paroxystique – être le plus grand artiste de son temps – et par la conviction qu’il vient trop tard, dans une époque profondément hostile à cette ambition.
« L’art doit être nouveau et apporter un choc »
Ses phrases, écrites dans une calligraphie un peu naïve, souvent en blanc sur fond noir, peuvent être des vérités, des commentaires (sur le monde, l’actualité), des scénarios, des invectives (au public, au monde de l’art), des constatations…
Rapidement, sa librairie devient un lieu de rencontres et d’expositions où se retrouvent les principaux membres de ce qui deviendra l’Ecole de Nice. Proche d’Yves Klein et séduit par le Nouveau Réalisme, il est convaincu que « l’art doit être nouveau et apporter un choc ». Au début des années 1960, il rejoint le mouvement Fluxus, fondé sur l’héritage du groupe Dada, de Marcel Duchamp, d’Allan Kaprow et de John Cage, qui prône l’abolition de la frontière élitiste entre l’art et la vie et entre les différents champs artistiques. Entre 1960 et 1963, il développe la notion d’appropriation, qui estime que tout est art et que tout est possible en art.
Appropriation, accumulation, classement
Les rencontres ont assurément joué un grand rôle dans le développement de l’oeuvre de Ben: d’abord, à la fin des années 1950, il y a eu celle d’Arman qui l’a mené à Yves Klein.Avec eux, Martial Raysse ou encore Daniel Spoerri, avant même la naissance officielle du Nouveau Réalisme, il s’intéresse aux objets de rebut qu’il assemble en sculptures d’objets et joue au jeu des appropriations: à lui les Trous, les Eoux sales, Dieu, les Vitres, les Coups de pied, les Maladies et les Épidémies, et même la Mort, autant de parties dérisoires ou essentielles, bassement matérielles ou insaisissables, de ce « Tout à Ben » qui n’est autre que l’univers tout entier. « Ben signe tout », affirme-t-il ainsi dans un tableau de 1962, depuis le mot «matrice», pris au hasard dans un dictionnaire, jusqu’à des êtres humains, ce faisant déclarés « Sculptures vivantes ». Quel meilleur moyen en effet que la signature – et comment faire plus simple ?- pour transformer la conscience du monde sans y ajouter le moindre objet ?
Voilà bien en outre la seule façon d’assouvir; pour celui qui se dit volontiers « entasseur » et avoue une incurable manie des listes, son désir boulimique d’embrasser le tout et bien plus encore. Peut-on rêver intervention plus légère et plus décisive à la fois? Or; Ben s’est d’abord intéressé à la peinture abstraite, élisant comme sa forme propre la banane, qu’il déclare, à l’issue de longues recherches, inédite dans le domaine pictural. Et s’il a un temps pensé avoir trouvé là sa marque, on ne l’imagine guère réduisant ainsi radicalement son horizon dans une optique toute moderniste ; il doit à Yves Klein de l’en avoir détourné au profit de l’écriture, que progressivement il a précisée, jusqu’à atteindre cette formule si immédiatement reconnaissable : ces lettres claires et rondes, appliquées et riantes, simples et recherchées, tracées le plus souvent en blanc sur noir; comme sur une ardoise d’écolier. Et si elles sont aujourd’hui connues d’un si large public, c’est qu’un jour elles ont commencé à fleurir sur toutes sortes d’objets, des cartes postales aux chaussettes, en passant par des campagnes d’affichage publicitaire, parachevant le projet de l’artiste de s’approprier le moindre objet, tout en mettant son art à la portée de tous.
Dans le flot Fluxus et au-delà
En octobre 1962, Daniel Spoerri l’invite à par ticiper au Festival of Misfits qu’il organise alors à Londres : pendant quinze jours, Ben y vit dans la vitrine de la Galler y One aménagée pour l’occasion en chambre-atelier, séparée de la rue par une vitre recouverte de divers commentaires et injonctions parfois contradictoires -« Regardez », peut-on y lire, mais aussi « Arrétez de regarder, vous étes trop curieux». C’est alors qu’il rencontre George Maciunas, le fondateur de Fluxus aux États-Unis, peu après le grand Festival Fluxus de Wiesbaden qui a marqué l’arrivée de cette mouvance sur le territoire européen. Un an plus tard, à la fin du mois de juillet 1963, Ben organise à Nice pour George Maciunas une série d’événements à travers lesquels l’esprit Fluxus a véritablement soufflé sur la France, et plus précisément sur son avant-poste de l’époque, la ville de Nice. Un concert Fluxus a lieu à l’Hôtel Scribe, mais aussi des actions de rue, au marché, dans le port, sur la Promenade des Anglais baptisée par Ben « Musée des Sculptures vivantes», ou encore à la terrasse du café « La Provence» où l’artiste exécute « Aliment mystère», avant de décréter, le lendemain, tous les morts de la semaine oeuvres d’art de Ben.
Un voyage à New York en 1964, au cours duquel il rencontre George Brecht, achève d’accuser ses affinités avec Fluxus dont il ne cesse, depuis, de por ter le message tout en cultivant sa différence. Les connivences sont flagrantes, depuis l’ancrage dans le quotidien jusqu’au rapport avec le public, en passant par la légèreté des moyens employés. Ainsi, à partir du début des années 1960, Ben pratiqu et- il intensivement le Mail Art, une façon à la fois discrète et intrusive de court-circuiter le marché de l’art en utilisant des modes de diffusion de masse préexistants, mais aussi d’étendre tentaculairement son œuvre à l’échelle du monde entier, et ce, avec les moyens les plus rudimentaires. Rédiger et envoyer un courrier est à mettre au registre de ces activités coutumières et sans qualité, que l’intention avec laquelle elles sont exécutées peut charger d’un sens et d’une portée autres. Il en va de même des différents gestes que Ben réalise entre 1958 et 1972 : des gestes simples, tels que « se battre », « se peindre », « écraser des points noirs » ou encore « vomir », et qui ont pour point commun de mettre en jeu le corps même de l’artiste, dans toute sa puissance à faire oeuvre mais aussi dans toute sa vulnérabilité. Lors de nombreuses expositions, il s’est présenté au public, au lit, nu, exhibant une intimité qui télescope les contextes et révèle les rituels de tous ordres. Tel est cet art d’attitude dont se réclame Ben, qui colle au quotidien, tout en en décollant le voile de l’usure.
En 1965, dans la mezzanine de son magasin, il crée une galerie de trois mètres sur trois intitulée « Ben doute de tout », qui accueille les créations de jeunes artistes « qui font du nouveau ». Le doute est un aspect fondamental de son œuvre, qui vise à interpeller, à interroger le passant.
« Des mots, des mots, des mots »: l’art comme prise de position
« Il faut manger. Il fout dormir»: l’une des premières peintures mots que l’artiste réalise à partir de 1958 rappelle ces deux conditions élémentaires et nécessaires à la vie; elle désigne celle-ci comme source d’inspiration et matériau uniques, et indique le registre, philosophiquement trivial, dans lequel il entend désormais s’exprimer: Car l’art tel que Ben le conçoit est avant tout énonciation, dans le voisinage de l’art conceptuel. Mais s’il partage avec ce dernier son travail avec les idées et les concepts, il s’en démarque aussi très nettement: certes, ses déclarations concernent souvent l’ar t (« l’ort ça existe»), mais elles sont trop ouvertes sur le monde, pas assez sérieuses et elles engagent trop le créateur dans son être même pour se réduire tautologiquement à une définition de l’art stricto sensu. Ses énoncés, en outre, comportent une dimension interventionniste, voire activiste, qui dépasse de beaucoup la simple fonction performative du discours.
À travers eux, il provoque le contact, la réaction, le dialogue, le débat, d’où les jugements à l’emporte-pièce, parfois agaçants, qui les émaillent, les affirmations péremptoires qui amusent ou irritent, les injonctions, les contradictions aussi, absolument nécessaires parce que rendant tout le reste acceptable. Les phrases, lapidaires, simples, voire volontairement simplistes, innombrables, sont autant de bribes de pensées, de ruminations, autant d’os à ronger lancés aux spectateurs, autant de cailloux semés dans leurs chaussures -étymologiquement des scrupules, du latin scrupulus, petite pierre pointue … Dans ce qui peut apparaître comme un vaste fourre-tout, produit d’un esprit hyperactif, il est tout ensemble question d’actualité, de politique, d’histoire, de culture, d’ethnies, d’art, mais peut-être surtout de la vérité dont ceux-ci ne sont que des manifestations particulières et que Ben a très tôt identifiée comme le point autour duquel il ne cesse de tourner: «je tourne en rond», affirme-t-il, espérant sans doute par là empêcher les autres de le faire.
L’ego en pièces
Dans ce mouvement perpétuel, une figure d’artiste des plus paradoxales se construit, en réponse à ce mot d’ordre régulièrement repris, telle une ritournelle: « Pour changer l’art, il faut changer /’ego». Le «je» est omniprésent, de même que celui qui le profère se met constamment en scène, par la photographie ou physiquement:« Regardez-moi, cela suffit», se plaît-il à affirmer. Mais la distance, l’humour, voire l’autodérision, toujours sous-jacents, désamorcent ce qui pourrait autrement construire un discours d’autorité. Or; c’est précisément là ce que Ben refuse au premier chef et avec vigueur, tant dans ses attaques répétées contre la centralisation de la scène artistique française et les différents instruments de sa perpétuation (de la presse aux institutions), que dans son combat pour les ethnies et contre la domination culturelle d’un petit nombre: « L’ethnisme dit le droit à la différence de tous, le droit à la contemporanéité de tous.»
Et par la répétition même, ce « je » envahissant s’affirme comme éclaté, inquiet: agité par le doute plus que campé sur des certitudes, conjurant l’angoisse du manque par le trop-plein, produisant jusqu’à l’écœurement pour se sentir bien en vie, tentant de maîtriser le temps par la fuite en avant, conquérant une forme de sagesse par une agitation vertigineusement désordonnée. Au point de nucléation de ce tourbillon se trouve la question, posée d’emblée, du nouveau en art: Ben est en cela le reflet de son époque qui hésitait encore entre la reconduction et l’ajournement de la logique des avant-gardes historiques. Il y répond par une définition qui, excluant la rupture, intègre l’ancien, le passé à toute forme de création: « Le nouveau dans l’art n’est jamais une création spontanée, il est comme /’imagination, mémoire disparate réunie, faite de vieux matériaux ».
L’image d’un tel continuum, où chaque nouveauté est réagencement, n’est pas éloignée du fonctionnement de cette œuvre qui ressemble à une caisse de résonance pour les recherches contemporaines et ce, pas seulement en raison des activités d’éditeur de revues et d’organisateur d’expositions menées par son auteur. Les échos y sont évidents quant au retour de l’objet dans l’art et l’avènement de formes alternatives tels l’event et l’action. Plus discrets ceux du geste Me peindre avec des actions de Günter Brus (Selbstbemalung) ou de Bruce Nauman (Art Make-up), ceux de ces écritures blanches sur noir; de ces innombrables activités et de leur classement avec l’emploi du temps d’un On Kawara, ceux enfin de cette obsession de la gloire et de la mort avec le traitement qu’en produit Andy Warhol. Autant de coïncidences qui invitent à reconsidérer la question de l’originalité en tant que phénomène, non pas individuel, mais intrinsèquement collectif.
Au début des années 1970, il achète une maison sur les hauteurs de Nice, dans laquelle il vivait encore, qui devient elle-même une œuvre d’art, recouverte de mots d’esprit et d’objets inspirants ou chargés d’humour.
Les œuvres de Ben sont présentes dans les plus grandes collections privées et publiques du monde, notamment le MoMA de New York, le Centre Pompidou de Paris, l’Art Gallery of New South Wales de Sydney, ou encore le Stedelijk Museum d’Amsterdam.
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Le chercheur japonais Akira Endo, le découvreur des statines, est mort à l’âge de 90 ans
Le microbiologiste et biochimiste est à l’origine de la découverte, en 1973, de la mévastatine, le premier représentant de la classe des statines dont la capacité de réduire dans le sang le taux de LDL, le « mauvais cholestérol ».
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Le danseur et chorégraphe français Eric Vu-An est mort ce samedi 8 juin 2024 à l’âge de 60 ans, dix jours seulement après le décès de son mari, Hugues Gall, ancien directeur de l’Opéra de Paris.
Eric Vu-An était directeur artistique du ballet Nice-Méditerranée (Opéra de Nice) depuis 2009. Le danseur et chorégraphe a succombé à une maladie "contre laquelle il se battait depuis deux ans et demi", selon une membre de son entourage.
"Son talent, sa passion et son dévouement ont marqué la culture de notre ville", a réagi sur Instagram le maire de Nice, Christian Estrosi en exprimant sa "profonde tristesse" face à ce décès. "Mes pensées vont vers ses proches et les membres de notre opéra", a-t-il ajouté.
Opéra de Paris
Né en 1964, Eric Vu-An intègre l’école de danse du ballet de l’Opéra de Paris en 1974 et devient danseur professionnel cinq ans plus tard.
D’abord "sujet", il se retrouve malgré lui au cœur d’un conflit opposant Rudolf Noureev et Maurice Béjart en 1986, ce dernier annonçant la nomination de M. Vu-An au titre de danseur étoile sans en avoir le droit : le directeur de la danse du ballet de l’Opéra de Paris Rudolf Noureev forcera finalement Maurice Béjart à faire marche arrière.
Eric Vu-An devient alors artiste indépendant, puis revient au ballet de Paris comme soliste invité, et se lance en tant que chorégraphe à partir de 1989.
Il est nommé directeur du ballet du Grand Théâtre de Bordeaux en 1995. Il prend ensuite la tête du ballet de l’Opéra Théâtre d’Avignon en 1997.
Tumeur au cerveau
Il est nommé maitre de ballet au ballet national de Marseille en 2005, avant de prendre la direction du Ballet Nice Méditerranée en 2009, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort.
"Magnifique danseur" et "chorégraphe inspiré"
Eric Vu-An est décédé ce samedi 8 juin à l’hôpital de Nice des suites d’une tumeur au cerveau, contre laquelle il luttait depuis deux ans, selon ResMusica.
L’ancienne ministre de la Culture Roselyne Bachelot a salué "un magnifique danseur" et un "chorégraphe inspiré".
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Mort de Christophe Deloire, secrétaire général de RSF
À la tête de l’association Reporters sans frontières depuis 2012, l’ancien journaliste est décédé d’un cancer foudroyant à l’âge de 53 ans.
Il est des nécrologies plus difficiles à écrire que d'autres. Celle de Christophe Deloire, emporté brutalement par la maladieà 53 ans, est de celles-là. Tour à tour journaliste, notamment au Point, enseignant puis patron de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), l'homme aura fait montre, dans chacune de ses « vies », d'un très grand courage.
Originaire de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), où ses parents étaient instituteurs, ancien élève du lycée du Parc à Lyon puis de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), Christophe Deloire s'était engagé dans le journalisme au sortir de ses études. Il avait débuté sa carrière à la télévision, intégrant le bureau de TF1 à Berlin en 1994 avant de rejoindre LCI l'année suivante et Arte en 1996.
Il a ensuite été recruté au sein de la rédaction du Point en tant que reporter au service société (1998-2000). Puis il a été chargé de développer le pôle « investigation » du journal (2000-2005) avant d'en être promu rédacteur en chef. Après dix ans passés au sein du magazine, il a rejoint le groupe Springer en 2007 au moment où cette société allemande envisageait de lancer une version française du quotidien Bild. Ce projet ne devait finalement pas voir le jour.
Pendant ces dix années très intenses, Christophe Deloire a multiplié les livres aux éditions Albin Michel : Omar Raddad,contre-enquête pour la révision d'un procès manipulé (1998), Histoires secrètes des détectives privés (2001), Cadavres sous influence et L'Enquête sabotée (sur la traque d'Yvan Colonna en 2003), mais aussi Les islamistes sont déjà là (2004).
Un journaliste audacieux
Dans chacune de ses enquêtes, il a su faire preuve d'indépendance. Celle-ci devait l'amener à publier un best-seller en défrichant, avec Christophe Dubois du Parisien, le sujet encore tabou en France de l'intimité des élus. Cet ouvrage, intitulé Sexus politicus, paru 2006, allait être vendu à plus de 200 000 exemplaires et devait marquer un tournant dans le traitement de la vie privée des personnalités politiques.
L'enseignement allait dominer le deuxième chapitre de sa vie professionnelle. Chargé de cours puis directeur du Centre de formation des journalistes (CFJ) à partir de 2008, membre du conseil de direction de l'Unité de formation et de recherche (UFR) de science politique de Paris I, puis membre du conseil de l'École doctorale de science politique de l'université Panthéon Sorbonne (2010-2012), Christophe Deloire devait poursuivre, en parallèle, son parcours dans l'édition en dirigeant une collection d'essais au sein du groupe Flammarion. Il aura publié une douzaine de livres sous son nom et encadré la rédaction d'une quarantaine d'ouvrages.
Très engagé au sein d'organisations professionnelles, notamment l'Association de préfiguration d'un conseil de presse en 2010, Christophe Deloire a été élu secrétaire général de Reporters sans frontières en juillet 2012. Réélu en 2017 puis 2022, il a profondément dynamisé l'association en la développant notamment à l'international. Sous ses trois mandats, l'ONG a ainsi ouvert des bureaux dans 130 pays et mené d'importantes campagnes pour la liberté de la presse de la Chine à la Tunisie.
Christophe Deloire devait aussi œuvrer inlassablement à la libération des journalistes incarcérés pour des délits de presse en Turquie, au Maroc, mais aussi en Russie. Dans chacun de ces dossiers, il s'est engagé personnellement, avec une grande bravoure… allant jusqu'à participer lui-même, en février 2023, à l'exfiltration à Moscou de Marina Ovsiannikova, devenue célèbre après avoir interrompu le téléjournal d'une chaîne d'État russe avec une affiche sur laquelle elle dénonçait la guerre conduite par le Kremlin en Ukraine.
Combattant pour la liberté
Sous sa direction, RSF a été reconnue d'utilité publique en France. En grande difficulté économique au lendemain du départ de son fondateur, Robert Ménard, le mouvement a été redressé grâce à Christophe Deloire. C'est lui qui a eu l'idée de publier, chaque année, un album photo signé par un grand faiseur d'images. Les ventes de ces ouvrages devaient permettre de financer les actions de RSF. Le dernier de ces albums est sorti en mars 2024. Il réunit une centaine de clichés réalisés par Willy Ronis.
Christophe Deloire aura défendu jusqu'à son dernier souffle la liberté de la presse au sein des organisations internationales : de l'ONU au Conseil de l'Europe en passant par l'Unesco ou l'Organisation internationale de la francophonie. Il aura notamment présidé, à partir de 2019, le Forum sur l'information et la démocratie, qui réunit une douzaine d'ONG décidées à lutter contre le désordre informationnel promu par divers États-voyous.
Plus récemment, son recours devant le Conseil d'État pour que l'Arcom enjoigne aux médias audiovisuels du groupe Bolloré de respecter un minimum de pluralisme dans les médias donna lieu à une vive polémique. Ses détracteurs arguaient du fait qu'il était « instrumentalisé » par l'Élysée, sous-entendant que sa nomination à la tête des États généraux de l'information en 2023 témoignait de son accointance avec Emmanuel Macron.
La crainte d'un effondrement démocratique
Dans La Matrice, publié en 2022 chez Calmann-Lévy, Christophe Deloire décrit le danger qu'il redoute: l'avènement d'une société illibérale à l'échelle de la planète. « Dans la Bay Area en Californie, dans les laboratoires du Parti communiste à Pékin, on développe des technologies qui changent nos vies et font peser une menace sur la démocratie. Les entreprises du capitalisme de surveillance savent tout de nous. Grâce aux prédictions sur nos comportements futurs, elles orientent nos choix. L'infrastructure des plateformes numériques et des réseaux sociaux remplace les institutions politiques », y lit-on.
« Cette matrice invisible nous prépare un avenir dystopique », affirmait Christophe Deloire, qui pointait une mutation inquiétante de nos régimes politiques. « Désormais, les sociétés technologiques se substituent aux parlements, à la justice, aux organes de régulation, et elles imposent leur système », écrivait-il alors. Le secrétaire général de RSF appelait à un sursaut citoyen pour que nos sociétés ne s'effondrent pas. Il y aura mis toute son énergie.
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Bernard Pivot, journaliste, créateur d’« Apostrophes », est mort
Les mots de ma vie de Bernard Pivot
Vieillir, c'est chiant.
J’aurais pu dire :
vieillir, c’est désolant,
c’est insupportable,
c’est douloureux, c’est horrible,
c’est déprimant, c’est mortel.
Mais j’ai préféré « chiant » parce que c’est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste.
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira.
Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau.
On se sentait conquérant. Invulnérable.
La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien. Même à soixante.
Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps –
mais quand – j’ai vu le regard des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l’âge qu’ils ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.
J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard.
Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans "l’apartheid de l’âge".
Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect »,
« En hommage respectueux »,
« Avec mes sentiments très respectueux ».
Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ?
Les cons !
Et du « cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus !
Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place.
J’ai failli la gifler....
Puis la priant de se rassoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué.
« Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée.
J’ai pensé que… » Moi aussitôt :
«Vous pensiez que…?
-- Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous assoir.
– Parce que j’ai les cheveux blancs ?
– Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ç’a été un réflexe, je me suis levée…-
- Je parais beaucoup beaucoup plus âgé que vous ?
–Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge… --Une question de quoi, alors ?
– Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois…».
J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.
Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, Ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages,
Ni aux spectacles, ni aux livres,
Ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve.
Rêver, c’est se souvenir tant qu’à faire, des heures exquises. C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie.
La musique est un puissant excitant du rêve.
La musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant
soit l’adagio du Concerto no 23 en la majeur de Mozart,
soit, du même, l’andante de son Concerto no 21 en ut majeur, musiques au bout desquelles se révèleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement. Nous ignorons à combien se monte encore notre capital.
En années ? En mois ? En jours ?
Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.
Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.
Après nous, le déluge ? Non, Mozart.
Les mots de ma vie de Bernard Pivot
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Geneviève de Galard, « l’ange de Diên Biên Phu », s’est éteinte à l’âge de 99 ans
Mistère des Armées | Direction : Air / Publié le : 31 mai 2024
Infirmière militaire et convoyeuse de l’air dans l’armée française, Geneviève de Galard est une héroïne dont l’Histoire se souviendra. Son sens du devoir et son dévouement exemplaire lors de la tragédie de Diên Biên Phu, en Indochine, ont fait d’elle une figure de grand renom. Elle s’est éteinte le jeudi 30 mai à l’âge de 99 ans.
« Immense tristesse à l’annonce de la disparition de Geneviève de Galard, infirmière convoyeuse de l’armée de l’Air, première classe d’honneur de la Légion étrangère, Grand-Croix de la Légion d’Honneur. En ces moments de mémoires particuliers de la Guerre d’Indochine, les armées s’inclinent avec un profond respect devant ‘l’Ange de Diên Biên Phu’, incarnation féminine de la bravoure sous le feu et du sens de la mission au service des autres », a déclaré Thierry Burkhard, Chef d’Etat-major des Armées.
On la surnomme « l’ange » ou encore « l’héroïne » de Diên Biên Phu ». Des qualificatifs à la hauteur de l’engagement exceptionnel et du courage dont a fait preuve Geneviève de Galard dans le camp retranché de Diên Biên Phu, l’actuel Vietnam.
Après l’obtention de son diplôme d’État d’infirmière, la jeune femme s’engage en 1952 au sein de l’armée de l’Air après avoir réussi le concours de convoyeuse de l’Air et Infirmières pilotes secouristes de l’Air (IPSA). Un an plus tard, celle-ci s’engage en tant que volontaire pour servir en Indochine et signe ainsi sa première mission de guerre par volonté de servir les blessés français au plus près du danger.
A partir de janvier 1954, Geneviève de Galard enchaîne les premières évacuations sanitaires du camp de Diên Biên Phu à bord d’un Dakota C-47 sanitaire, mais l’appareil est endommagé puis détruit par les forces communistes du Viêt Minh. 15 000 soldats français sont encerclés par les forces armées vietminh et l’infirmière se retrouve assiégée à son tour. Unique femme de l’armée française présente sur le camp, celle-ci fait montre de force morale et abnégation sous le déferlement des bombardements incessants. Armée d’une simple trousse de premiers secours, l’infirmière de 29 ans soigne et accompagne pendant soixante jours plus de 3000 soldats français blessés. Les conditions de vie y sont accablantes, les morts sont légion et les médicaments manquent. Dans l’enfer de la guerre, la jeune infirmière soigne, soulage et réconforte les mourants.
Respectée et admirée de tous, Geneviève de Galard est faite chevalier de la Légion d'honneur et est décorée de la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs par le commandant du camp retranché de Dien Bien Phu, le général de Castries le 29 avril 1954.
Au sortir de la guerre, la France découvrait sur la une des journaux le visage « l’héroïne de Diên Biên Phu », elle qui ne cessera de répéter aux journalistes qu’elle n’avait « fait que son devoir ».
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Exact Voxpop!
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Bonjour,
@voxpop
Je ne sais pas si c'est la seule femme ...
... mais Geneviève de Galard a été nommée Légionnaire de 1ère Classe Honoraire le 30 avril 1954, jour de la commémoration de la bataille de Camerone, à Diên Biên Phu en pleine bataille aux côtés du lieutenant-colonel Bigeard (commandant le 6e Bataillon de Parachutistes Coloniaux) honoré de la même façon.
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Geneviève de Galard, l'infirmière de Diên Biên Phu (ou l'Ange de Diên Biên Phu) le 30 mai 2024 à 99 ans.
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Grayson Murray, deux fois vainqueur du PGA Tour, est décédé samedi matin à l'âge de 30 ans.
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Mort de Marie-France Garaud : une vie dans l’ombre de Pompidou et Chirac
L’ancienne conseillère des présidents Georges Pompidou et Jacques Chirac, Marie-France Garaud est décédée ce 22 mai à l’âge de 90 ans. Autant admirée que redoutée, cette gaulliste de la première heure connaît une ascension politique au milieu des années 70.
Née le 6 mars 1934 à Poitiers, Marie-France Garaud démarre d’abord une carrière d’avocate au barreau de sa ville natale à seulement 20 ans avant de poser ses valises à Paris, où elle devient attachée juridique au ministère de la Marine puis attachée parlementaire de Jean Foyer au ministère de la Coopération (1961-62) et au ministère de la Justice (1962-1967).
Une emprise sur Chirac
Cette gaulliste de la première heure connaît une véritable ascension politique au milieu des années 70. Conseillère technique de Georges Pompidou, à Matignon puis à l’Elysée (1967-1974), elle est considérée comme l’une des femmes les plus puissantes. En duo avec le conseiller Pierre Juillet, elle est autant admirée que redoutée, tant le tandem fait et défait les carrières.
En 1974, Marie-France Garaud est particulièrement affectée par la mort de George Pompidou et se rapproche peu à peu de Jacques Chirac, qu’elle participe à mener à l’Hôtel Matignon. Deux ans plus tard, elle l’incite à passer la main et dépose même sa lettre de démission à Valéry Giscard d’Estaing. « Je sais, Jacques ne veut pas vous parler. Voilà, je vais vous dire. » avait-elle dit face au président de la République, s’est souvenue la journaliste Michèle Cotta auprès de Paris Match.
Après avoir fondé le RPR, poussé par Marie-France Garaud, Chirac se sépare finalement d’elle en 1979. Son épouse Bernadette ne supportant plus l’emprise de la Poitevine sur son mari. En 1981, elle présente sa candidature à l'élection présidentielle mais s'illustre pas un échec cinglant. Elle totalise seulement 1,33% des suffrages.
Pour tenter de se relancer, Marie-France Garaud crée et dirige alors l’Institut international de géopolitique en 1982, avant de faire son retour dans l’arène politique lors de la campagne contre le traité de Maastricht en 1992.
À Bruxelles avec Pasqua et de Villiers
Celle qui lorgne alors sur Bruxelles parvient à se faire élire eurodéputée en 1999 sur la liste menée par Philippe de Villiers et Charles Pasqua. Conseiller maître honoraire à la Cour des comptes, Marie-France Garaud avait épousé l’avocat Louis Garaud, décédé en 2001, avec qui elle avait eu deux fils.
Depuis l’annonce de son décès, plusieurs figures de la droite ont vivement réagi. Henri Guaino, ancien député UMP puis LR et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy a notamment déploré auprès de Paris Match la perte d’une « grande dame » « attachante », qui avait « une haute idée de ce qui faisait la valeur des être humains ».
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Marie-France Garaud, haut fonctionnaire et femme politique française, est décédée.
RIP
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Mort de Jean-Claude Gaudin : Les obsèques de l’ancien maire de Marseille auront lieu jeudi
HOMMAGE•Le cardinal Jean-Marc Aveline donnera l’office qui se déroulera dans la cathédrale de la Major
Publié le 21/05/2024
« Tous les Marseillais sont bien sûr invités à venir à la cathédrale de la Major », située non loin du Vieux-Port et surplombant la Méditerranée, a précisé une source proche de celui qui fut maire (RPR, UMP puis LR) de la deuxième ville de France entre 1995 et 2020. La messe d’obsèques sera présidée à 15 heures par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a précisé le diocèse de la cité phocéenne.
Un hommage républicain ce mardi à Marseille
Lors des grandes cérémonies, la cathédrale peut accueillir jusqu’à 3.000 personnes. Un temps prévue, la présence du président Emmanuel Macron n’est désormais plus d’actualité en raison de son départ mardi soir pour Nouméa pour tenter d’apaiser la crise en Nouvelle-Calédonie. Jean-Claude Gaudin a été victime d’un arrêt cardiaque lundi dans sa résidence secondaire varoise de Saint-Zacharie et n’a pu être ranimé, avait indiqué une source de son entourage, précisant que l’ex-maire était « fatigué » mais que « rien ne laissait présager » son décès soudain.
Un « hommage républicain » doit lui être rendu mardi à 17 heures à la mairie centrale en présence de l’actuel maire divers gauche Benoît Payan. Les drapeaux de la mairie centrale, sur l’emblématique Vieux-Port, sont en berne depuis lundi, comme ceux de l’Hôtel de région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qu’il avait aussi présidée. Tous sont entourés d’un brassard noir en hommage à Jean-Claude Gaudin.
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Karl-Heinz Schnellinger, défenseur allemand, s'en est allé rejoindre ses copains de la Mannschaft. RIP
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James Simons :
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L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke est mort
Elf, Urba, Clearstream, les frégates de Taïwan, Kerviel, Cahuzac ou encore Balkany... le nom de l’ancien magistrat financier était associé à un grand nombre d’affaires retentissantes. Il avait 71 ans.
Renaud Van Ruymbeke, qui vient de mourir à 71 ans des suites d'un cancer, a longtemps été la figure de la lutte contre la corruption. Silhouette élancée, fine moustache, élégant, discret et plein d'humour, ce magistrat père de sept enfants était aussi un mélomane averti, pianiste classique d'excellent niveau - quelques-uns de ses récitals ont enchanté les murs du vieux palais de justice de Paris -, ainsi qu'un grand amateur de football.
Né en 1952 à Neuilly-sur-Seine, il s'était retrouvé très jeune sous les feux de l'actualité. En poste à Caen, il est chargé en 1979 d'instruire sur la mort intrigante du ministre de Valéry Giscard d'Estaing et ancien résistant Robert Boulin, retrouvé apparemment noyé dans une mare peu profonde de la forêt de Rambouillet. Bien décidé à faire la lumière sur ce décès officiellement considéré comme un suicide, thèse encore à ce jour mise en doute par la famille du défunt, Renaud Van Ruymbeke bouscule le pouvoir en place à une époque où pareille insolence n'est pas de mise – les temps ont bien changé. Alain Peyrefitte, garde des Sceaux, le qualifiera de «juge rouge qui veut faire un carton sur un ministre», formule méprisante qui ne correspond en rien au personnage.
«RVR», on va le voir, n'a jamais affiché de parti pris politique. En dépit d'un bref passage au parquet au début des années 80, il restera comme une référence d'homme du siège, pour avoir usé des prérogatives considérables de sa fonction avec mesure. «Nous rendons justice les mains tremblantes», avait un jour rappelé Guy Canivet, quand il était premier président de la cour de cassation. La formule de ce grand magistrat convenait à Renaud Van Ruymbeke.
Il était connu pour rarement envoyer des mis en cause en détention provisoire quand le juge des libertés et de la détention (JLD), désormais chargé d'en décider, n'existait pas. Son nom apparaît dans nombre de procédures retentissantes. En 1992, il mène une perquisition au siège du PS dans le cadre de l'enquête sur le financement frauduleux du parti de François Mitterrand via les fausses factures de l'officine Urba. Une première. Comme en écho aux propos dénigrants d'Alain Peyrefitte, l'ancien premier ministre Laurent Fabius persifle : «S'il continuait à être plus anti-socialiste qu'anticorruption, [il pourrait] y avoir une affaire Van Ruymbeke».
Le juge n'était anti-rien ; le cosignataire en 1996 de l'appel de Genève contre la corruption était pour l'éradication des infractions financières qu'il a traquées tout au long de sa carrière. Mais pas seulement. À la fin des années 90, il permet de résoudre l'affaire de la mort de la jeune Anglaise Caroline Dickinson en soumettant tous les habitants masculins d'un village à un test ADN – une première là aussi.
Financement du Parti Républicain (ancienne formation de droite présidée par François Léotard), affaires Jérôme Kerviel contre Société Générale ou fraude fiscale de Jérôme Cahuzac, volet financier de l'attentat de Karachi, Renaud Van Ruymbeke reste le protagoniste de la plupart des dossiers financiers épineux à forts enjeux politiques. L'un d'eux lui a valu des déboires qui ont profondément meurtri cet homme d'une honnêteté scrupuleuse, ce magistrat qui privilégiait les échanges avec les avocats pour lesquels il éprouvait un profond respect.
Il instruit, au début des années 2000, la nébuleuse affaire des frégates de Taïwan (une histoire de rétrocommissions faramineuses sur fond de marché d'armement entre la France et la république asiatique). En 2004, il rencontre, en dehors du cadre légal, Jean-Louis Gergorin, vice-président d'EADS qui aurait des «révélations» à lui faire. Peu après, le magistrat reçoit sous plis anonymes des listings supposés de clients de Clearstream, chambre de compensation (et non pas banque) luxembourgeoise. Parmi ces fraudeurs fiscaux présumés : Nicolas Sarkozy. Tout est bidon. Le juge s'en rend compte rapidement.
Il a été reproché à «RVR» de n'avoir pas averti ses collègues en charge du dossier et d'avoir pratiqué le hors procédure – bien que beaucoup l'aient fait à l'époque, certains bien davantage que lui. Lâché par une partie de sa corporation, ce qui n'est pas banal, Renaud Van Ruymbeke s'était retrouvé traduit devant le Conseil supérieur de la magistrature, qui l'a exonéré de tout manquement. Restait le sentiment cuisant de s'être laissé instrumentaliser dans une de ces affaires où, d'ordinaire, c'est lui qui menait la danse.
En 2016, ce pionnier des commissions rogatoires internationales avait vu avec satisfaction la création de la Convention judiciaire d'intérêt public (Cjip) qui permet aux entreprises soupçonnées de corruption, de trafic d'influence ou de fraude fiscale d'échapper aux poursuites pénales en versant une amende. Des poids lourds comme Airbus (2,1 milliards d'euros en 2020), Google (500 millions d'euros en 2021) ou McDonald's (1,25 milliard en juin 2022) sont ainsi passés à la caisse pour mettre un terme à des enquêtes judiciaires.
Une nouvelle génération de magistrats anticorruption a peu à peu pris le relais. D'aucuns ne ressemblent à «RVR» ni dans leurs méthodes, souvent plus brutales, ni dans leur interprétation rigoriste du Code pénal, qui les conduit fréquemment à considérer le Barreau comme un ennemi irréductible de la justice. Illustration de ces divergences : co-saisi avec Serge Tournaire de l'affaire dite «des écoutes Bismuth», Renaud Van Ruymbeke avait refusé de signer le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy, estimant les charges insuffisantes à l'encontre d'une personnalité qui, pour employer un euphémisme, n'était pas son ami.
On connaît la suite: le juge Tournaire a signé seul l'ordonnance de renvoi, et l'ancien président de la République a été condamné en première instance puis en appel à trois ans de prison dont un ferme à exécuter par port d'un bracelet électronique. Un pourvoi a été formé devant la cour de cassation.
Pascal Gastineau, ancien président de l'Association française des magistrats instructeurs (Afmi) se souvient d'un collègue «extrêmement humain, qui serrait la main aux vigiles en arrivant au pôle financier». «Il avait encore de nombreux projets, ajoute-t-il. Il souhaitait notamment mettre au point un programme de formation à la lutte anticorruption à l'intention de la Moldavie». Le cancer qui s'était déclaré peu après son départ à la retraite, en 2019, ne lui a pas laissé le temps de le concrétiser.
«Le juge Renaud Van Ruymbeke nous a quittés. La France perd un grand magistrat et la Justice un immense serviteur. J'adresse mes condoléances émues à sa famille et à ses proches», a écrit le garde des Sceaux et ancien avocat, Éric Dupond-Moretti, sur X.
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Ian Gelder l'acteur de "game of thrones" est parti, à 74 ans
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L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke est mort à l’âge de 71 ans
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