Masayoshi Son, PDG de SoftBank, et Sam Altman, PDG d'OpenAI
OpenAI, La société fondée par Sam Altman, à l’origine de ChatGPT, vient de sceller un accord de financement record avec un consortium mené par le géant japonais SoftBank. Montant : jusqu’à 40 milliards de dollars. Une somme qui fait grimper la valorisation d’OpenAI à 300 milliards de dollars, soit davantage que Toyota. Mais ce pactole ne tombera pas du ciel : les investisseurs imposent une condition cruciale à l’entreprise américaine.
Pour décrocher l’intégralité de cet argent, OpenAI devra changer de statut juridique d’ici la fin 2025, et devenir officiellement une entreprise à but lucratif. Un virage capital, mais aussi explosif. Car il ravive les tensions internes et relance le bras de fer entre Sam Altman et Elon Musk, toujours critique de cette transformation.
SoftBank parie 40 milliards… mais pose ses conditions
L’annonce a été faite ce mardi, mais les négociations remontent à février, lorsqu’un accord stratégique entre Masayoshi Son et Sam Altman avait été dévoilé à Tokyo. Le PDG de SoftBank, convaincu que l’intelligence artificielle va remodeler l’économie mondiale, pousse cette fois la logique jusqu’au bout.
Selon le deal :
- 10 milliards de dollars seront immédiatement versés à OpenAI en avril.
- 30 milliards supplémentaires suivront d’ici décembre 2025.
- Ce second volet ne sera débloqué que si OpenAI adopte un statut d’entreprise à but lucratif.
Faute de quoi, le montant final de l’investissement pourrait être réduit à seulement 10 milliards, avertit SoftBank.
À travers ce mécanisme, Masayoshi Son entend assurer une rentabilité future pour lui et les autres participants du tour de table : Microsoft, Coatue, Altimeter Capital et Thrive Capital. Car malgré ses prouesses technologiques, OpenAI accuse encore de lourdes pertes : 5 milliards en 2024, contre un chiffre d’affaires de 3,7 milliards.
OpenAI au bord d’un virage juridique décisif
Le nœud du problème ? Le statut hybride d’OpenAI. Fondée à l’origine comme organisation à but non lucratif, la société américaine tente depuis plus d’un an de pivoter vers un modèle commercial classique. Objectif : lever plus facilement des fonds, attirer des investisseurs et financer des projets colossaux, comme les data centers “Stargate” à 500 milliards de dollars évoqués en janvier par SoftBank.
Mais cette transition ne fait pas l’unanimité. Elon Musk, cofondateur historique, conteste vigoureusement ce virage. Il a même engagé une bataille juridique contre OpenAI, qu’il accuse d’avoir trahi sa mission initiale de transparence et d’éthique dans le développement de l’IA.
Les critiques craignent que cette bascule pousse OpenAI à privilégier les profits au détriment de la sécurité et de la responsabilité, alors que ses modèles deviennent de plus en plus puissants. Le débat dépasse la simple gouvernance : il touche au rôle même de l’IA dans la société.
Une valorisation vertigineuse, mais des pertes massives
Malgré les tensions, le potentiel d’OpenAI fascine. Sa valorisation a presque doublé en six mois, passant de 157 à 300 milliards de dollars. Elle devance désormais des géants cotés comme Toyota, et se hisse au rang des entreprises privées les plus valorisées au monde, aux côtés de SpaceX et ByteDance.
Mais cette envolée s’accompagne de défis colossaux. Les infrastructures nécessaires pour entraîner ses IA, puces Nvidia, serveurs, centres de données ,exigent des investissements massifs. Et même si OpenAI table sur 12,7 milliards de revenus en 2025, elle ne prévoit pas de rentabilité avant 2029, selon ses documents internes.
Dans ce contexte, l’alliance avec SoftBank ressemble à un coup de poker. Et c’est bien la transformation d’OpenAI en société lucrative qui décidera de l’issue de la partie.
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