La reprise était fragile, la secousse est brutale. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, accompagné de ses vieux réflexes protectionnistes, frappe de plein fouet l’économie mondiale. Surtaxes sur les produits européens, ripostes chinoises, tension à tous les étages : le FMI revoit ses prévisions à la baisse et alerte sur une croissance mondiale sous la barre des 3 % en 2025. Une première depuis des années, qui pourrait marquer un tournant économique mondial.
Selon le rapport publié le 22 avril, l’institution de Washington anticipe une croissance de 2,8 % à l’échelle mondiale cette année, contre 3,3 % espérés en janvier. Un plongeon provoqué par l'escalade commerciale initiée par le président américain. Le FMI parle désormais de “prévision de référence” et non plus de “prévision de base”, tant le contexte évolue vite. Et si cette guerre commerciale n’en est qu’à ses débuts, ses effets, eux, se font déjà lourdement sentir.
Un ralentissement généralisé, des chiffres qui inquiètent
L’économie ne connaît pas de frontières, mais les tarifs douaniers, si. En trois mois, l’administration Trump a frappé fort : 20 % de surtaxe sur les produits européens, suspendus temporairement mais avec 10 % toujours en vigueur. En réponse, Pékin a alourdi ses droits à 145 % sur certaines importations américaines. Résultat : un ralentissement brutal du commerce mondial.
- Les échanges de biens et services ne devraient croître que de 1,7 % cette année, contre 3,2 % initialement prévus.
- La croissance des États-Unis est revue à 1,8 %, soit 0,9 point de moins que prévu.
- Le Mexique entre en récession, avec une contraction de 0,3 % (-1,7%).
- Le Canada ralentit à 1,4 % (-0,6%).
- En Europe, la France plafonne à 0,6 %, contre 0,8 % pour la zone euro.
- L’Allemagne stagne, tandis que seule l’Espagne tire son épingle du jeu avec 2,5 % de croissance.
“Les droits de douane vont affaiblir une reprise économique modeste dans la zone euro”, constate Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI.
Une incertitude économique généralisée
La situation est d’autant plus inquiétante que l’incertitude domine. Le FMI souligne que ses prévisions s’arrêtent au 4 avril, ne tenant pas compte d’éventuelles nouvelles mesures. Cette instabilité pèse déjà sur la productivité américaine, provoquant une hausse des prix et une baisse de la production. Ailleurs, c’est un effondrement de la demande qui menace.
“La guerre commerciale agit comme un choc d’offre aux États-Unis, et un choc de demande partout ailleurs”, résume Gourinchas. Résultat : une inflation qui grimpe à 2,5 % dans les pays avancés, tirée par les États-Unis où elle pourrait atteindre 3 %.
Le FMI évoque une possible récession si les tensions s’intensifient, avec des risques étendus à toutes les régions du globe. Et prévient que l’économie mondiale pourrait être en train de changer de paradigme, loin du libre-échange qui l’a structurée depuis 80 ans.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés