Volatilité persistante, résultats explosifs : au deuxième trimestre 2025, Euronext a surpris les analystes avec des performances historiques.
La panique peut parfois faire grimper les profits. Euronext, opérateur des Bourses de Paris, Milan, Amsterdam ou encore Oslo, a publié jeudi 31 juillet des résultats en forte hausse pour le deuxième trimestre 2025. Son chiffre d’affaires atteint 465,8 millions d’euros, un record pour le groupe, nettement supérieur aux 457 millions attendus par les analystes. En parallèle, le bénéfice net a bondi de 30 %, s’établissant à 183,8 millions d’euros, là encore au-dessus des 172,7 millions anticipés.
Cette performance, Euronext la doit à un environnement de marché tendu, où les incertitudes géopolitiques et les décisions économiques chocs se succèdent. Depuis le début du trimestre, les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump ont provoqué une série de turbulences sur les places financières mondiales. Une situation qui a mécaniquement stimulé les volumes de transactions, principal moteur du chiffre d’affaires pour l’opérateur.
"La volatilité des décisions devient la nouvelle norme"
Le directeur général du groupe, Stéphane Boujnah, l’assume sans détour. Lors d’un échange avec la presse, il a reconnu que la nervosité des marchés n’est pas prête de se calmer : "Il est clair que le type de volatilité chaotique provoqué par le Jour de la Libération au cours du dernier trimestre semble devenir moins fréquent (..) Il semble que nous devions accepter que la volatilité des prises de décision soit la nouvelle norme".
Mais cette instabilité a aussi son revers. Si les marchés s’agitent, les entreprises, elles, hésitent. Sur la même période, le nombre d’introductions en Bourse (IPO) a chuté de 14 à 6 par rapport à 2024. Un coup dur pour Euronext, qui cherche à attirer de nouvelles cotations pour consolider sa place de leader paneuropéen.
"Lorsque les marchés sont trop volatils, les bateaux ne quittent pas le port. Ils restent à l'intérieur car il y a trop de tempêtes dehors", a imagé Stéphane Boujnah.
Une stratégie européenne assumée
En parallèle de ses résultats, Euronext a annoncé ce même jour une nouvelle opération stratégique : une offre d’acquisition de l’opérateur boursier grec ATHEX. Ce rachat potentiel s’inscrit dans une dynamique d’unification des marchés européens, régulièrement pointés du doigt pour leur fragmentation.
Dans cet esprit, le DG du groupe a réaffirmé la volonté de construire un acteur continental puissant, capable de rivaliser avec les grandes places mondiales :"Ensemble, nous pouvons construire une infrastructure de marché beaucoup plus solide que ce que nous ne pourrions jamais faire au niveau local. La liquidité et l'échelle sont les maîtres mots".
Avec cette opération, Euronext renforcerait encore sa présence dans le Sud de l’Europe, après avoir déjà intégré Lisbonne, Milan et Madrid à son réseau. Reste à voir si cette expansion suffira à compenser l’essoufflement du marché des IPO, tant que le climat restera aussi incertain.
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