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Le gouvernement veut réduire les dépenses publiques de 6% sans couper dans le vif


Actualité publiée le 15/04/25 14:09

Ce mardi 15 avril, François Bayrou et Amélie de Montchalin ont esquissé un virage budgétaire majeur : réduire de 6% la dépense publique d’ici 2029, sans céder à la brutalité des coupes sèches. "Pas de tronçonneuse, pas de serpette, pas de sécateur", a martelé la ministre des Comptes publics. Une image rassurante, en contraste avec les annonces musclées faites lors d’une conférence de presse qui sonnait comme une alerte rouge sur l’état des finances du pays.

Pour illustrer cette réduction, la ministre a utilisé une métaphore simple : "Si nous étions un ménage, nous passerions de 100 euros de dépenses à 94 euros." En ligne de mire : les arrêts maladie jugés "en dérive", les opérateurs publics redondants, les achats administratifs à rationaliser et certaines gratuités accusées de déresponsabiliser.

Une dette qui flambe, un déficit qu’il faut vite juguler

Le décor est posé : une dette publique à 3.305 milliards d’euros, soit 113% du PIB, et une charge qui explosera à 100 milliards d’euros en 2029 si rien n’est fait. En 2025, cette charge atteint déjà 62 milliards. Pour le Premier ministre, cette spirale n’est plus tenable. Il faut ramener le déficit à 3% du PIB d’ici 2029, seuil imposé par les règles européennes, mais justifié selon Bayrou non par Bruxelles, mais par une nécessité de souveraineté : "Nous faisons cela pour nous."

Lire aussi : Assurance-maladie, les mesures que la Cour des comptes veut imposer face à la dérive des dépenses

L’effort ne sera pas uniforme mais équitable, selon le ministre de l’Économie Éric Lombard. Il a chiffré l’ambition : 1% de réduction des dépenses par an, en moyenne, en insistant sur une répartition entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités. Sans hausse d’impôts pour les entreprises, a-t-il promis. En 2025, ce sont déjà 50 milliards d’euros d’ajustements qui sont sur la table, dont 5 milliards récemment débloqués depuis des réserves budgétaires.

Travailler plus, produire plus, dépenser moins

Pour François Bayrou, la racine du mal est double : la France ne produit pas assez, et dépense trop. Le PIB par habitant reste inférieur de 10 à 30% par rapport à l’Allemagne, aux Pays-Bas ou aux États-Unis. Le pays cumule un déficit commercial de 100 milliards par an, un taux d’emploi des jeunes et des seniors en retrait, et une propension à vivre sous perfusion de dépenses publiques.

"Nous sommes le pays qui dépense le plus au monde : 57% de notre PIB en dépenses publiques, contre 50% de recettes", a-t-il souligné. Pourtant, la France ne figure qu’au 16e rang mondial du PIB par tête selon l’OCDE. Et surtout, rappelle-t-il, les pays les plus heureux dans les classements mondiaux sont souvent ceux qui ont su réduire leur dépense publique, citant la Suède, les Pays-Bas ou le Canada.

Mais comment y parvenir sans casser les services publics ? En quatre grandes orientations.

  • Réaffirmer la souveraineté en matière de défense : maintenir les engagements de la loi de programmation militaire, avec une rallonge prévue de 3 milliards d’euros en 2026.
  • Refuser le surendettement : stabiliser la dette en atteignant 3% de déficit dès 2029, seuil jugé critique.
  • Refonder l’action publique : chaque administration devra clarifier ses missions, repérer les doublons, et rationaliser son périmètre.
  • Préserver l’attractivité économique : via un soutien à l’investissement, notamment 15 milliards d’euros pour des projets innovants.

Vers un budget 2026 sous haute tension politique et sociale

Ces grandes lignes seront déclinées dans le projet de budget 2026, à présenter avant le 14 juillet. Mais le chemin est étroit. François Bayrou a rappelé que son gouvernement avait été formé sans majorité, après avoir survécu à six motions de censure en cinq semaines. Aujourd’hui, il espère un consensus national pour éviter l’hémorragie financière.

Car au bout de cette trajectoire se profile une menace bien réelle : une dégradation de la note souveraine française, synonyme de taux d’intérêts en hausse et de dettes encore plus lourdes à rembourser. Un engrenage que Paris veut absolument éviter, à l’heure où les priorités géopolitiques imposent de renforcer la défense, l’innovation et la souveraineté énergétique.

"Ce n’est pas une manœuvre comptable. C’est une exigence de puissance et d’indépendance", a conclu Bayrou. Une promesse lourde de conséquences, et dont les effets concrets se feront sentir bien au-delà de Bercy.

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