Une mesure qui pourrait coûter cher à certains retraités et rapporter gros à l’État. La suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions des retraités est au cœur des débats fiscaux en ce début d’année 2025. Cette disposition, historiquement justifiée pour compenser les frais professionnels des actifs, est désormais critiquée pour son absence de pertinence pour les pensionnés. Mais qui sera réellement concerné, et quels impacts peut-on attendre ? Décryptage.
Un abattement en question depuis des décennies
Créé en 1978, l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions des retraités vise à aligner leur situation sur celle des actifs, qui bénéficient de la même réduction pour couvrir leurs frais professionnels. Cependant, la situation des retraités a toujours différé : ils n’engagent pas de frais professionnels, ce qui pousse désormais certains responsables à demander sa suppression.
Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), a relancé ce débat le 6 janvier 2025, dans une interview aux Échos. Selon lui, mettre fin à cette niche fiscale pourrait dégager environ 4 milliards d’euros annuels pour l’État tout en restant équitable : « Les retraites les plus modestes ne seraient pas concernées », assure-t-il.
Un enjeu budgétaire et d’équité fiscale
Dans un contexte de réduction du déficit public, le gouvernement cherche des leviers pour contenir la hausse des dépenses publiques, notamment liée au vieillissement de la population. Le Medef, par la voix de son président Patrick Martin, a qualifié cet avantage fiscal de « contre-nature » et d’« aberrant ». « Il n’est pas logique qu’un retraité bénéficie d’une exonération destinée à des frais professionnels », a-t-il déclaré le 9 janvier sur BFMTV.
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L’abattement actuel coûte 4,5 milliards d’euros par an à l’État. Sa suppression pourrait devenir un levier majeur pour financer d’autres priorités, tout en ciblant essentiellement les ménages les plus aisés.
Qui sera touché ?
Tous les retraités ne subiront pas les mêmes conséquences si cette réforme est adoptée. Les retraités aux revenus modestes, souvent exonérés d’impôt ou faiblement imposés, ne seraient pas concernés. Selon Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 20 % des retraités les plus aisés pourraient voir leur fiscalité augmenter de 700 à 800 euros par an. Par ailleurs, certains ménages aujourd’hui non imposables pourraient le devenir.
Malgré les débats, aucune décision officielle n’a été annoncée par le gouvernement de François Bayrou. Néanmoins, cette mesure pourrait s’inscrire dans les propositions étudiées pour le budget 2025, en cours de négociation.
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