C’est un coup de frein brutal pour le premier constructeur mondial. Toyota Motor a annoncé jeudi 8 mai une baisse attendue de 21 % de son bénéfice d’exploitation pour l’exercice 2025-2026, une chute qu’il attribue à une conjonction de pressions économiques et politiques. Le groupe prévoit 3.800 milliards de yens de bénéfice, soit 23,35 milliards d’euros, contre 4.800 milliards l’an dernier.
Ce recul net met fin à plusieurs années de croissance continue pour le géant japonais, fragilisé par un yen plus fort, la flambée des coûts des matériaux, mais surtout les nouvelles barrières douanières imposées par les États-Unis. Le marché des hybrides, longtemps moteur de la croissance Toyota, montre aussi des signes de ralentissement, en particulier à l’export.
Pourquoi les bénéfices de Toyota dévissent
L’annonce a surpris par son ampleur. Même si les tensions commerciales et monétaires étaient anticipées, les prévisions officielles de Toyota sont en retrait par rapport aux attentes des analystes, qui misaient sur 4.750 milliards de yens de bénéfice selon LSEG. Le constructeur, réputé pour sa prudence, envoie ainsi un signal d’alerte clair au marché.
Dans une présentation officielle, Toyota évoque trois facteurs clefs :
- Un yen plus fort, qui pèse lourdement sur la rentabilité des exportations
- Des prix de matériaux en hausse, notamment pour les batteries et l’acier
- L’impact direct des droits de douane instaurés par Donald Trump, qui renchérissent le coût des véhicules vendus aux États-Unis
La combinaison de ces éléments comprime les marges. Les véhicules hybrides, pourtant emblèmes de la transition énergétique voulue par Toyota, peinent à séduire autant qu’auparavant sur un marché devenu plus sensible aux prix.
Trump, le yen et les matières premières : le trio infernal
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les tensions commerciales avec plusieurs partenaires stratégiques, dont le Japon, se sont intensifiées. En avril, de nouveaux droits de douane ont été imposés sur les véhicules importés, affectant directement les ventes de Toyota sur son marché-clé américain.
Dans le même temps, le yen s’est fortement apprécié, réduisant la compétitivité prix des constructeurs japonais à l’export. Une double peine, renforcée par l’explosion des coûts de production. Toyota n’est pas le seul à souffrir, mais en tant que leader mondial, ses résultats font figure de baromètre.
Pour certains analystes, cette situation pourrait durer : le contexte géopolitique reste tendu, et aucune baisse significative des tarifs ou de la devise n’est envisagée à court terme. Toyota doit donc composer avec une rentabilité sous pression, tout en poursuivant ses investissements massifs dans l’électrification de sa gamme.
Quelle stratégie pour 2026 et après ?
Malgré la baisse anticipée des bénéfices, Toyota ne change pas de cap sur le fond. Le groupe continue d’investir dans les technologies de motorisation hybride et électrique, tout en optimisant sa chaîne d’approvisionnement mondiale. Le défi : rester leader tout en absorbant les chocs extérieurs.
Le constructeur pourrait aussi réviser ses tarifs ou réorganiser ses lignes de production pour mieux contourner les barrières douanières. Mais cela prendra du temps. En attendant, les résultats 2025-2026 seront scrutés comme un indicateur clé de la résilience du secteur automobile japonais face aux turbulences politiques mondiales.
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