Les fonds négociés en bourse, ou ETF (Exchange-Traded Funds), ont connu une popularité fulgurante au cours des dernières décennies. Appréciés pour leur faible coût, leur liquidité et leur simplicité, ils sont devenus un outil incontournable pour les investisseurs, qu’ils soient novices ou expérimentés. Cependant, derrière cette façade attrayante se cachent des risques souvent sous-estimés, voire ignorés. Dans cet article, nous explorons les risques cachés des ETF et pourquoi il est crucial de les comprendre avant d’investir.
Le mirage de la liquidité
L’un des principaux arguments en faveur des ETF est leur liquidité. Contrairement aux fonds communs de placement traditionnels, les ETF se négocient en bourse comme des actions, offrant ainsi la possibilité d’acheter et de vendre à tout moment de la journée. Cependant, cette liquidité apparente peut être trompeuse.
En réalité, la liquidité d’un ETF dépend de deux facteurs : la liquidité de l’ETF lui-même et celle des actifs sous-jacents qu’il réplique. Par exemple, un ETF qui suit un indice composé d’actions de grandes capitalisations boursières sera généralement très liquide. En revanche, un ETF qui réplique un indice de marchés émergents ou d’obligations à haut rendement peut être beaucoup moins liquide, surtout en période de volatilité.
Pire encore, certains ETF investissent dans des actifs illiquides, comme des prêts bancaires ou des produits dérivés complexes. En cas de crise de marché, ces ETF pourraient subir des écarts importants entre leur prix de négociation et la valeur réelle de leurs actifs sous-jacents, ce qu’on appelle le « spread bid-ask ». Cela peut entraîner des pertes imprévues pour les investisseurs qui cherchent à vendre rapidement.
La divergence de réplication
Un autre risque souvent négligé est le « tracking error », c’est-à-dire l’écart entre la performance de l’ETF et celle de l’indice ou de l’actif qu’il est censé répliquer. Bien que les ETF soient conçus pour suivre fidèlement un indice, des facteurs tels que les frais de gestion, les dividendes non réinvestis ou les différences de méthodologie peuvent entraîner des écarts.
Par exemple, un ETF qui réplique un indice d’actions internationales peut être affecté par les fluctuations des devises, ce qui peut créer un écart entre la performance de l’ETF et celle de l’indice. De même, les ETF à effet de levier ou inversés, qui utilisent des produits dérivés pour amplifier les rendements, sont particulièrement sujets à des erreurs de suivi importantes, surtout sur le long terme.
Pour les investisseurs, cela signifie que même si l’indice performe bien, l’ETF pourrait ne pas suivre cette performance de manière précise, ce qui peut réduire les rendements attendus.
La complexité des ETF synthétiques, un risque méconnu
Les ETF synthétiques, également appelés ETF à réplication indirecte, utilisent des produits dérivés pour répliquer la performance d’un indice plutôt que d’acheter directement les actifs sous-jacents. Bien que cette approche puisse être plus efficace pour certains marchés difficiles d’accès, elle introduit un niveau de complexité et de risque supplémentaire.
Le principal danger réside dans le risque de contrepartie. Les ETF synthétiques s’appuient sur des contrats de swap conclus avec des institutions financières (généralement des banques). Si l’une de ces contreparties fait défaut, l’ETF pourrait subir des pertes importantes. Bien que les régulateurs aient renforcé les exigences en matière de garanties pour limiter ce risque, il n’est pas totalement éliminé.
De plus, les ETF synthétiques peuvent être moins transparents que les ETF physiques, car ils ne détiennent pas directement les actifs sous-jacents. Cela peut rendre plus difficile pour les investisseurs de comprendre exactement ce qu’ils possèdent et quels sont les risques associés.
La concentration géographique et sectorielle
Les ETF sont souvent perçus comme un moyen de diversifier son portefeuille. Cependant, certains ETF peuvent être fortement concentrés dans un secteur ou une région géographique spécifique, ce qui augmente le risque de pertes en cas de ralentissement économique ou de crise sectorielle.
Par exemple, un ETF qui suit un indice technologique sera fortement exposé aux performances des grandes entreprises technologiques. Si ce secteur connaît une correction, l’ETF pourrait subir des pertes importantes, même si d’autres secteurs du marché performant bien. De même, un ETF MSCI World ayant une pondération notable sur les marchés émergents spécifique pourrait être vulnérable aux risques politiques ou économiques propres à cette région.
Pour les investisseurs, il est essentiel de comprendre la composition de l’ETF et de s’assurer qu’il correspond à leur tolérance au risque et à leurs objectifs d’investissement.
Conclusion : Une diversification géographique intéressante
Les ETF offrent des avantages indéniables, mais ils ne sont pas sans risques. La liquidité apparente, la marge d'erreur de réplication, la complexité des ETF synthétiques, et la concentration géographique/sectorielle sont autant de pièges qui peuvent surprendre les investisseurs non avertis. Pour naviguer en toute sécurité dans l’univers des ETF, il est essentiel de comprendre ces risques et de faire preuve de diligence raisonnable avant d’investir.
En fin de compte, les ETF peuvent être un excellent outil pour diversifier son portefeuille et accéder à des marchés variés, mais ils ne doivent pas être considérés comme une solution universelle. Comme pour tout investissement, la clé du succès réside dans la compréhension des risques et dans une stratégie d’investissement bien réfléchie.