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Les métaux oubliés qui pourraient booster votre portefeuille

Par La rédaction, le 08/07/2025

bourse

Alors que les investisseurs se ruent vers les métaux traditionnels comme l’or ou le cuivre, les platinoïdes – notamment le platine et le palladium – restent des actifs méconnus du grand public. Pourtant, ces métaux rares jouent un rôle clé dans la décarbonation de l’économie, notamment via leur utilisation dans les catalyseurs automobiles et les technologies hydrogène. Leur rareté, couplée à une demande structurellement tendue, en fait des candidats sérieux pour diversifier un portefeuille boursier.

Cependant, ce marché n’est pas sans écueils. Entre tensions géopolitiques, fluctuations des droits de douane et incertitudes sur le rythme de la transition énergétique, les cours des platinoïdes sont volatils. Les investisseurs doivent donc naviguer avec prudence, en comprenant à la fois les dynamiques industrielles et les spécificités de ce secteur opaque dominé par quelques acteurs clés.

Un contexte porteur, mais semé d'embûches

La transition énergétique a propulsé les platinoïdes sur le devant de la scène. Le platine, essentiel pour les piles à combustible, et le palladium, utilisé dans les pots catalytiques des véhicules essence, bénéficient d’une demande croissante. Les réglementations environnementales, comme les normes Euro 7 en Europe, devraient encore renforcer cette tendance. Toutefois, le secteur reste tributaire des aléas politiques. Les droits de douane sur les métaux russes – qui fournissent 40 % du palladium mondial – ont ainsi créé des chocs d’approvisionnement, faisant grimper les prix par le passé.

platine bourse

La production mondiale de platinoïdes est ultra-concentrée. L’Afrique du Sud, avec près de 70 % des réserves de platine, domine le marché, suivie par la Russie et le Zimbabwe. Cette géographie pose des risques logistiques et politiques : grèves dans les mines sud-africaines, sanctions internationales ou instabilité locale peuvent perturber l’offre. En 2022, des coupures d’électricité en Afrique du Sud avaient déjà entraîné un rebond des cours.

Malgré ces défis, les perspectives à long terme séduisent. L’hydrogène vert, où le platine est irremplaçable, pourrait devenir un relais de croissance majeur. Reste à savoir si les investisseurs auront la patience d’attendre que cette technologie passe à l’échelle industrielle.

Quelles entreprises tirent leur épingle du jeu ?

Parmi les acteurs boursiers du secteur, le sud-africain Sibanye Stillwater se distingue. Ce géant minier, présent à la fois sur le platine et le palladium, a profité de la flambée des cours en 2021-2022. Son modèle intégré (extraction et recyclage) lui offre une résilience relative, même si ses coûts de production élevés en Afrique du Sud pèsent sur ses marges.

Côté russe, Norilsk Nickel (LSE : MNOD) est un poids lourd du palladium, mais les sanctions occidentales depuis 2022 ont compliqué l’accès à ses actions pour les investisseurs européens. Les fonds spécialisés, comme le ETF Physical Platinum, permettent d’exposer son portefeuille aux métaux sans prendre le risque actions.

Enfin, des sociétés plus discrètes comme Impala Platinum (JSE : IMP) ou Anglo American Platinum (JSE : AMS) valent le détour. Leur valorisation attractive et leurs dividendes généreux (parfois supérieurs à 5 %) compensent en partie les risques opérationnels. À surveiller également : les entreprises qui opèrent dans le recyclage, comme Umicore, qui pourraient tirer profit d’une économie plus circulaire.

Un équilibre fragile

Le principal atout des platinoïdes réside dans leur déséquilibre offre/demande. La production stagne depuis des années, tandis que les besoins industriels augmentent. Le palladium, par exemple, affiche un déficit structurel depuis une décennie. Cette rareté, accentuée par la difficulté à trouver des substituts, soutient les prix sur le long terme.

Cependant, le secteur n’échappe pas aux risques. Un ralentissement de la transition énergétique – par exemple, si les véhicules électriques supplantent plus vite que prévu les modèles à hydrogène – pourrait casser la dynamique. De même, une récession mondiale ferait plonger la demande automobile, principal débouché actuel. Enfin, l’exploration minière en Afrique du Sud ou en Sibérie reste très capitalistique et soumise à des aléas imprévisibles.

Pour les investisseurs, la clé sera de jongler entre opportunités cycliques (comme les pics de prix lors des pénuries) et tendances de fond (l’hydrogène). Une allocation modérée, couplée à une surveillance étroite des indicateurs industriels, semble la stratégie la plus prudente.

Conclusion

Les platinoïdes offrent une exposition unique aux enjeux de la transition énergétique, avec un potentiel de rendement supérieur à celui des métaux traditionnels. Leur rareté et leurs applications technologiques en font des valeurs refuges pour les portefeuilles audacieux. Pourtant, ce marché reste l’un des plus imprévisibles, balayé par les soubresauts politiques et les caprices de la demande industrielle.

À long terme, le pari pourrait payer, à condition de sélectionner avec soin les acteurs les plus robustes et de diversifier ses placements. Comme souvent en Bourse, les plus belles opportunités se cachent là où peu osent s’aventurer. Les platinoïdes, métaux de l’ombre, pourraient bien devenir les stars discrètes de la prochaine décennie.


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