Ce lundi 5 mai 2025, la célèbre marque américaine de baskets Skechers a officialisé son rachat par le fonds 3G Capital, dans le cadre d’une offre de 9,4 milliards de dollars, soit environ 8,29 milliards d’euros. En coulisses, un nom retient l’attention : Jorge Paulo Lemann, le milliardaire brésilien aux commandes de 3G Capital, déjà connu pour avoir bouleversé les industries de la bière et de la restauration rapide.
Ce rachat, annoncé à la surprise générale, prévoit un paiement intégralement en numéraire de 63 dollars par action, représentant une prime de 28 % par rapport au cours de clôture de vendredi. Résultat immédiat : à l’ouverture de la bourse, l’action Skechers a bondi de plus de 25 %, déclenchant une vague d’analyses et de spéculations sur l’avenir de l’entreprise.
Pourquoi 3G Capital mise sur Skechers maintenant
Avec plus de 30 ans d'existence, Skechers a su s’imposer comme une valeur sûre du marché de la chaussure. Fondée en Californie en 1992, la marque s’est progressivement hissée au rang de troisième vendeur mondial de baskets, derrière Nike et Adidas. Son modèle économique, basé sur un rapport qualité/prix agressif, lui a permis de séduire un large public tout en résistant à la concurrence asiatique.
Pour 3G Capital, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie déjà bien rodée : investir massivement dans des marques emblématiques sous-exploitées, rationaliser les coûts, puis augmenter les marges. La société d’investissement n’en est pas à son coup d’essai. Elle est déjà derrière les fusions spectaculaires de Burger King et Tim Hortons, ou encore le rachat de Heinz puis Kraft.
Selon un communiqué officiel, le fonds a souligné que Skechers dispose encore d’un potentiel mondial non exploité, en particulier sur les marchés émergents et dans le segment des vêtements techniques. Le choix du moment n’est pas anodin : les ventes de sneakers, dopées par les tendances athleisure, n’ont jamais été aussi fortes.
Qui est Jorge Paulo Lemann, l’homme derrière le rachat ?
À 85 ans, Jorge Paulo Lemann continue de bouleverser les codes du capitalisme américain. Ancien joueur professionnel de tennis devenu banquier, il a bâti sa fortune en misant sur des marques populaires, qu’il restructure avec une rigueur militaire. Le Brésilien est notamment l’un des principaux actionnaires d’Anheuser-Busch InBev, le géant mondial de la bière.
Son modèle : des entreprises centrées sur la performance, avec des équipes réduites et ultra-efficaces. Son mantra officieux : “Lean and mean”. Autrement dit, l’efficacité avant tout, quitte à bousculer les habitudes.
Son approche séduit autant qu’elle effraie, car elle suit un schéma immuable à chaque prise de participation. Tout commence par une réduction drastique des coûts, visant à optimiser les ressources et améliorer la rentabilité. Vient ensuite la suppression des doublons, une étape souvent délicate mais jugée nécessaire pour éliminer les redondances et fluidifier les opérations. Puis, la fusion des structures s’opère, consolidant les entités pour renforcer l’efficacité organisationnelle. Enfin, cette stratégie rigoureuse débouche sur une croissance accélérée à l’international, qui projette l’entreprise dans une nouvelle dimension, souvent au prix de profondes transformations internes.
Mais dans le cas de Skechers, Lemann pourrait adopter une approche légèrement différente, en capitalisant sur l’image décontractée et familiale de la marque, tout en l’armant pour une guerre commerciale mondiale.
L’opération devrait être finalisée d’ici la fin du troisième trimestre 2025, sous réserve d’approbations réglementaires. Aucun changement immédiat n’a été annoncé quant à la direction générale ou aux effectifs de Skechers.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés