RedBird rachète le Telegraph près de 600 millions d'euros

Actualité publiée le 23/05/25 11:35

Le Telegraph passe sous pavillon américain. Ce vendredi 23 mai, le fonds d’investissement RedBird Capital Partners a annoncé avoir trouvé un "accord de principe" pour le rachat du quotidien conservateur britannique The Telegraph pour 500 millions de livres, soit près de 595 millions d’euros. Le titre emblématique, créé en 1855, tournait depuis près de deux ans autour de potentiels repreneurs sans qu’aucun ne parvienne à concrétiser.

Ce rachat marque la fin d’une période d’incertitude pour ce journal historiquement détenu par la famille Barclay depuis 2004. Endettée, cette dernière avait vu ses actifs médiatiques mis en vente par la banque Lloyds à la fin de l’année 2023. L’opération actuelle donne donc à RedBird la position d’actionnaire majoritaire. Le fonds américain assure toutefois qu’il intégrera des investisseurs minoritaires britanniques, soigneusement sélectionnés, spécialisés dans la presse écrite et prêts à respecter les valeurs éditoriales du Telegraph.

Une prise de contrôle sous haute surveillance

Avant d’en arriver là, l’histoire a connu plusieurs rebondissements. L’an dernier, RedBird s’était associé à IMI, un fonds émirati, pour former une coentreprise nommée RedBird IMI. Cette entité avait alors réglé les dettes des Barclay en échange d’une option de rachat. Une solution jugée inacceptable par les autorités britanniques, inquiètes de voir un État étranger mettre la main sur un fleuron national de l’information. Le gouvernement avait d’ailleurs déclaré vouloir légiférer pour limiter les investissements étrangers dans les médias, forçant le duo RedBird-IMI à se retirer.

Aujourd’hui, RedBird revient seul dans la course, tout en ménageant les sensibilités politiques. Si le fonds pilotera la stratégie, IMI conservera une part minoritaire de l’ordre de 15 %, une limite que le gouvernement britannique considère comme tolérable. L’accord reste toutefois conditionné à plusieurs validations, notamment réglementaires, et n’est pas encore officiellement bouclé.

Objectif : modernisation et conquête des lecteurs internationaux

Connu pour ses investissements dans des clubs prestigieux comme le Milan AC ou Liverpool, RedBird affirme vouloir injecter ce savoir-faire dans la transformation numérique du Telegraph. Le fonds cible notamment les abonnements digitaux, le renforcement de l’expertise journalistique et le développement international, avec une attention particulière portée au marché américain.

RedBird promet également de préserver l’identité du journal, tout en le propulsant vers de nouveaux publics. « Ce rachat ouvre une nouvelle ère de croissance pour le Telegraph, un titre vieux de 170 ans », peut-on lire dans le communiqué du fonds, qui entend réaffirmer le poids du quotidien dans le paysage médiatique mondial.

Un outsider toujours en lice, mais en retrait

Un autre prétendant reste officiellement dans la course. Il s’agit de Dovid Efune, patron du site américain The New York Sun, qui avait obtenu un accord de négociation exclusive en octobre dernier. Mais ce dernier aurait peiné à réunir les 550 millions de livres nécessaires pour finaliser l’achat. Selon The Telegraph, son offre n’est pas totalement écartée, même si celle de RedBird semble aujourd’hui favorite.

Le suspense reste donc entier. En coulisses, plusieurs obstacles pourraient encore retarder, voire faire capoter la vente. D’ici là, les tractations continuent, et l’avenir du Telegraph, entre tradition et ambitions internationales, est plus que jamais au cœur des enjeux politiques et économiques britanniques.

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