Un démarrage au ralenti pour Donald Trump. À peine revenu à la Maison Blanche, le président américain encaisse un coup dur : l’économie des États-Unis s’est contractée de 0,3 % au premier trimestre 2025, selon les derniers chiffres du département du Commerce. Ce recul inattendu signe le pire démarrage économique pour un président américain depuis des décennies. Trump, fidèle à lui-même, rejette toute responsabilité. C’est Joe Biden, dit-il, qui aurait laissé « de mauvaises statistiques ».
Le chiffre est d’autant plus marquant qu’il contraste violemment avec la santé de l’économie en fin d’année dernière. Le quatrième trimestre 2024 affichait une croissance robuste de 2,4 %. En quelques semaines, les fondamentaux ont vacillé : ralentissement de la consommation, envolée des importations, recul des dépenses publiques… Dans ce contexte, les premières mesures commerciales du nouveau locataire de la Maison Blanche suscitent plus d’inquiétudes que d’enthousiasme.
Pourquoi le PIB américain a reculé début 2025 ?
Les analystes prévoyaient un net ralentissement, mais certainement pas une contraction. Ils tablaient en moyenne sur +0,4 %. La surprise fut donc de taille. Le ministère du Commerce en explique les raisons :
« La baisse du PIB reflète en premier lieu une hausse des importations et une baisse des dépenses fédérales », peut-on lire dans son communiqué.
En réalité, les entreprises américaines ont massivement importé des biens étrangers en début d’année, anticipant une montée en flèche des droits de douane annoncés par Trump. Résultat : les importations ont bondi de 41,3 %, creusant mécaniquement le PIB, puisque ces produits ne sont pas fabriqués localement.
Dans le même temps, les dépenses de consommation des ménages ont nettement ralenti, passant de +4 % au T4 2024 à seulement +1,8 %. Un signe clair d’inquiétude économique , Il faut remonter à la mi-2023 pour retrouver un tel affaissement.
L’indice de confiance des consommateurs, mesuré en avril par le Conference Board, s’est même effondré à son plus bas niveau depuis 13 ans.
Trump rejette la faute sur Biden, les marchés s’effondrent
Fidèle à sa stratégie de communication offensive, Donald Trump a immédiatement dégainé. Sur Truth Social, il écrit :
« Notre pays va décoller économiquement mais d’abord nous devons nous débarrasser du reliquat de Joe Biden […] ça n’a rien à voir avec les droits de douane. »
Pourtant, le timing de sa politique commerciale interroge. Dès février, il réactive une guerre économique avec la Chine, le Mexique et le Canada. Le point d’orgue est atteint le 2 avril avec les "tarifs réciproques" — des droits de douane qui montent jusqu’à 145 % sur certains produits chinois, avant d’être partiellement suspendus une semaine plus tard.
Face à cette incertitude, les places boursières ont enregistré de nettes baisses. Aux États-Unis, le Nasdaq a chuté de 2,07 %, le Dow Jones a reculé de 0,70 % et le S&P 500 a perdu 1,35 %. En Europe également, les marchés ont suivi la tendance baissière, avec Paris en léger repli de 0,18 %, Francfort en baisse de 0,42 % et Milan accusant un recul plus marqué de 1,36 %.
Le spectre d’une récession plane, mais les économistes restent prudents
Faut-il craindre une récession ? Pas si vite, tempèrent les économistes. Paul Krugman, prix Nobel d’économie, relativise : « Nous pourrions bien avoir une ‘Trumpcession’, mais ces chiffres ne nous disent pas grand-chose sur ce qu’il y a dans les tuyaux », écrit-il sur son blog.
Même ton mesuré du côté de Ryan Sweet, chef économiste chez Oxford Economics : « Les importations ont été un terrible fardeau pour la croissance […] mais l’économie n’est pas en récession. »
Il souligne toutefois un point de tension : la Fed pourrait ne baisser ses taux qu’en décembre, freinant d’autant les marges de manœuvre de l’exécutif. Car pendant que l’inflation sur les biens essentiels repart à la hausse, la dynamique de croissance, elle, est suspendue à un fragile équilibre.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés
-0,09%
Suivez les marchés avec des outils de pros !