(CercleFinance.com) - PagesJaunes Group a publié récemment ses résultats pour l'année 2010. Comment les analyser ? A quoi s'en tenir côté perspectives ? Cercle Finance fait le point avec Jean-Pierre Remy, le Directeur Général du groupe de services de renseignements.


Cercle Finance: Vous avez publié récemment des résultats 2010 en baisse, quelles en sont les raisons ?

Jean-Pierre Remy: Nous enregistrons un repli de 10,5% de notre résultat net à 245 millions d'euros. Cela est principalement lié à une dégradation du résultat financier (-19,2%), qui pâtit d'une augmentation du coût de la dette et de sa couverture.

Concernant notre chiffre d'affaires, nous manquons de peu notre objectif, avec un recul de 3,3% à 1,1 milliard d'euros (ndlr, la cible était dans le bas de la fourchette allant de -1 à -3%). Sur novembre-décembre 2010, nous avons en effet vendu un peu moins de sites web et vidéos que prévu.

En même temps, notre marge brute opérationnelle (MBO) s'inscrit à 518 millions d'euros, ce qui est conforme à nos objectifs (ndlr, fourchette cible entre 510 et 530 millions d'euros).

De plus, notre avons maintenu une politique de dividende élevé, en proposant 0,58 euro à nos actionnaires au titre de l'exercice 2010, ce qui offre un rendement de l'ordre de 7,5%, un des plus importants de la cote de Paris.


CF: Cette performance est-elle une déception pour vous ?

J-PR: Ce n'est ni bon, ni décevant. On s'y attendait. Avec la décroissance des ventes observées en 2009 dans le cadre de la crise, on savait que cela impacterait les chiffres de 2010 et même le début 2011, puisque nos ventes affectent notre chiffre d'affaires avec 6 à 9 mois d'écart. Pour moi, ce sont des chiffres que je regarde dans le rétroviseur, ce qui compte c'est ce qui se passe maintenant.


CF: La publication a été fraîchement accueillie en Bourse (-8,5% à 7,1 euros)...

J-PR: Nous sommes en pleine transformation du modèle économique, ce qui prend du temps et ce délai peut décevoir le marché.

Notre volonté est en effet de développer un business Internet large. C'est un vrai tournant pris par le groupe, un peu sous-pondéré par le marché, même si nous avons montré beaucoup d'éléments factuels ces derniers mois. C'est plus qu'un simple plan désormais, c'est une réalité qui a pris corps, particulièrement au 4ème trimestre 2010.

Du reste, ce sont plus nos perspectives qui ont été sanctionnées que nos résultats annuels en eux-mêmes.


CF: Justement, parlons de vos perspectives pour 2011 : avez-vous des objectifs chiffrés ?

J-PR: Nous ne donnons pas de perspectives chiffrées. Nous tablons sur une croissance de nos ventes sur l'année, mais nous restons prudents quant à la transformation de celle-ci en croissance du chiffre d'affaires et de la marge brute opérationnelle. Globalement, nous abordons 2011 de manière raisonnablement optimiste.


CF: En mai dernier, vous affichiez comme ambition de fortement développer votre activité Internet, afin qu'elle représente les 2/3 de votre chiffre d'affaires total en 2012 (contre 48% fin 2010). Où en est-on aujourd'hui ? L'objectif tient-il toujours ?

J-PR: C'est toujours notre ambition, néanmoins nous ne nous engageons plus sur un calendrier précis. Aujourd'hui, l'activité Internet connaît une forte accélération, ce qui me laisse penser que l'objectif peut être atteint à moyen terme, dans les 2 ou 3 années à venir. En même temps, tous les scénarios restent possibles, nous ne disposons pas de suffisamment de visibilité pour donner une date précise.


CF: Une autre ambition était de voir croître votre chiffre d'affaires d'au moins 5% par an en 2011 et 2012...

J-PR: Nous gardons cette ambition de croissance du chiffre d'affaires à moyen terme, mais cette année, c'est une stabilité qui est plutôt prévue, compte tenu du temps de transformation de l'entreprise.


CF: Cette transformation du 'business model' nécessitera des investissements importants, à combien se monteront-ils ?

J-PR: Nous avons fortement augmenté nos investissements de 26 millions à près de 43 millions d'euros en 2010 pour réaliser notre déploiement sur Internet. Nous comptons maintenir des investissements du même ordre de grandeur dans les années qui viennent.


CF: Chez PagesJaunes, vous distinguez les ventes du chiffre d'affaires, expliquez-nous ce mystère.

J-PR: Je vais vous l'expliquer avec un exemple. Imaginons que nous vendons une annonce publicitaire à un professionnel sur un de nos annuaires imprimé ou sur internet pour le mois de juin prochain. Le revenu qui en découle est comptabilisé parmi nos ventes dès aujourd'hui. En revanche, il n'est pris en compte dans le chiffre d'affaires que de manière étalée et fractionnée jusqu'au mois de juin.

Il existe ainsi un décalage important entre nos ventes et notre chiffre d'affaires.

C'est pourquoi la reprise de nos ventes au 4ème trimestre 2010 est un signe positif. Nos ventes ont en effet progressé de 1,4% par rapport au 4ème trimestre 2009. Cela se retrouvera forcément à un moment ou à un autre sur notre chiffre d'affaires.

En fait, nos ventes sont en quelque sorte un indicateur avancé de notre activité. C'est la première fois qu'on le donne, le marché ne l'a peut-être pas totalement intégré.


CF: Rappelez nous en quoi consiste votre ' business model '.

J-PR: Notre problématique, c'est la manière dont vous recherchez des professionnels et comment vous entrez en relation avec eux au niveau local. Avant, nous donnions une adresse et un numéro de téléphone.

Mais aujourd'hui, notre business, ce n'est plus seulement un simple annuaire imprimé ou internet. Avec Internet, fixe ou mobile, on peut donner désormais beaucoup plus que de simples coordonnées : on peut offrir, par exemple, des avis de consommateurs sur tel ou tel professionnel (226.000 avis sur 120.000 professionnels sont sur pagesjaunes.fr), renvoyer l'internaute vers le site internet du professionnel (75.000 sont déjà disponibles), le faire interagir avec le professionnel pour réaliser des réservations, des devis...


CF: Envisagez-vous de réaliser des acquisitions ?

J-PR: Oui. Comme les années précédentes, nous serons très attentifs aux opportunités d'acquisitions tactiques. Nous suivons d'ailleurs certaines entreprises de près, notamment celles qui développent des nouvelles technologies liées à Internet. Cela nous permettrait d'enrichir nos contenus et d'améliorer la qualité de nos services.

En même temps, nous ne sommes pas en quête d'acquisitions structurantes qui changeraient le périmètre du groupe.

Propos recueillis par Vincent Alsuar.

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