À l’occasion du traditionnel discours prononcé pour la Fête du Trône, célébrant le 26e anniversaire de son accession au pouvoir, le Roi Mohammed VI du Maroc a formulé une vision claire : transformer en profondeur les fondements du développement du pays en rompant avec les approches sociales classiques au profit d’un modèle territorial intégré et solidaire.
Dans une allocution aux tonalités stratégiques, le souverain chérifien a dressé le bilan d’un quart de siècle de réformes tout en appelant à un « sursaut » pour répondre aux fractures sociales et spatiales qui subsistent. « Nous appelons donc à passer des canevas classiques du développement social à une approche en termes de développement territorial intégré », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité de garantir que, sans distinction ni exclusion, « les fruits du progrès et du développement profitent à tous les citoyens ».
Une nouvelle génération de programmes territoriaux
Le cœur de cette nouvelle impulsion repose sur l’élaboration d’une génération inédite de programmes de développement territorial. Ceux-ci s’appuieront sur la valorisation des spécificités locales, la consolidation de la régionalisation avancée, et un principe renforcé de complémentarité et de solidarité entre les entités territoriales. À un an des élections législatives prévues en 2026, le Roi rappelle le caractère stratégique de la cohésion territoriale et sociale, en réaffirmant que le développement ne saurait se faire « à deux vitesses ». Le message est éminemment politique sans être partisan : il fixe une ligne directrice au-dessus des clivages, exigeant des responsables élus qu’ils inscrivent leur action dans une logique d’efficacité territoriale.
Concrètement, quatre axes structurants ont été identifiés : la création d’emplois à l’échelle régionale par l’investissement local et l’entrepreneuriat ; l’amélioration de l’accès aux services sociaux essentiels, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé ; la mise en œuvre d’une gestion proactive et durable des ressources hydriques dans un contexte de stress croissant ; et enfin, la mise à niveau des infrastructures régionales en cohérence avec les grands projets nationaux, notamment la nouvelle phase de la Ligne à Grande Vitesse ou encore les investissements dans la souveraineté énergétique.
Reconnaissance internationale et main tendue à l’Algérie
Le discours du Trône 2025 s’inscrit aussi dans un contexte de reconnaissance internationale croissante de la trajectoire positive du Royaume. Le Maroc vient de rejoindre la catégorie des pays à développement humain « élevé », et ses succès industriels dans les filières de l’automobile, de l’aéronautique, des énergies renouvelables ou de l’agroalimentaire font du pays un acteur en forte croissance qui a réussi la transformation de son tissu industriel. Dans ce contexte de boom économique, le Roi a à nouveau tendu la main à l’Algérie, qui a rompu unilatéralement les relations diplomatiques avec le Maroc en aout 2021. Au-delà des performances macroéconomiques, Mohammed VI veut donc remettre l’humain et l’équité territoriale au centre, à l’heure où les nations sont jugées sur leur capacité à réduire les inégalités internes autant qu’à réussir leur insertion internationale.
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