La fête est un peu moins pétillante pour Laurent-Perrier cette année. En annonçant un repli marqué de ses résultats annuels au titre de l’exercice clos fin mars 2025, la maison familiale subit de plein fouet le ralentissement du marché du champagne. Pourtant, malgré la baisse des volumes et un effet prix défavorable, le groupe maintient une marge opérationnelle à 26,3 %, un niveau encore enviable dans l’univers très concurrentiel des vins effervescents.
Avec un bénéfice net en recul de 25,4 %, à 47,4 millions d’euros, et un chiffre d’affaires en baisse de 5,8 % à 294,4 millions d’euros, Laurent-Perrier signe un exercice contrasté, où l’excellence des produits ne suffit plus à compenser une dynamique commerciale plus morose. Le marché global du champagne a lui-même reculé de 5,8 % en volume sur la période, selon les données communiquées par l’entreprise.
Pourquoi les résultats de Laurent-Perrier ont chuté cette année
Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation. La première cause est la baisse des ventes en volume de 6 %, aggravée par un effet prix/mix négatif de 1,4 %. Au total, les ventes de champagne Laurent-Perrier sont passées à 282,9 millions d’euros, contre 302,3 millions l’année précédente.
Deuxième signal d’alerte : le cash-flow opérationnel est repassé dans le rouge, à -11,2 millions d’euros contre +0,9 million un an plus tôt. Le groupe attribue ce repli à une capacité d’autofinancement réduite de 17 millions d’euros, en ligne avec la baisse du résultat net. La rentabilité, si elle reste solide, a elle aussi fléchi : la marge opérationnelle perd 5 points en un an.
Stéphane Dalyac, président du directoire, reconnaît ce recul, mais insiste sur la solidité du modèle : « Malgré un recul par rapport à une année record en 2023-2024, la qualité de nos vins, la maîtrise de notre distribution et des investissements réalisés pour soutenir nos marques nous permettent de maintenir une marge opérationnelle à un niveau élevé ».
Le marché du champagne en souffrance, un contexte délicat pour les grandes maisons
L’exercice 2024/2025 n’aura épargné aucun des grands noms du champagne. L’effet post-Covid, qui avait vu les ventes exploser en 2022 et 2023, s’estompe. Les consommateurs, moins enclins à célébrer dans un contexte économique tendu, boudent les bouteilles les plus onéreuses. Et ce, alors que les stocks sont pleins et que les coûts de production restent élevés.
Pour Laurent-Perrier, l’enjeu est double : conserver ses parts de marché sans brader ses cuvées. Le groupe a fait le choix assumé de maintenir ses standards de qualité et de préserver ses marques premium, plutôt que de céder à une guerre des prix risquée.
Dans ce contexte, le maintien d’une rentabilité proche de 26 % témoigne d’une gestion rigoureuse et d’une stratégie long terme qui privilégie l’image de marque et la valorisation du produit.
Une stratégie inchangée malgré le ralentissement
À l’heure de dévoiler ses perspectives, Laurent-Perrier reste discret. Aucun chiffre d’objectif n’a été communiqué. Mais le cap stratégique reste inchangé, selon le groupe, qui mise sur la constance de ses savoir-faire, la force de ses marques, et une distribution maîtrisée pour traverser les turbulences.
Pas de virage brusque donc, mais une poursuite des efforts engagés sur l’investissement marketing, l’export, et le haut de gamme, autant de leviers qui ont permis à Laurent-Perrier de sortir renforcé de la précédente décennie.
Les amateurs de champagne peuvent donc continuer à compter sur des cuvées emblématiques, même si elles se font un peu plus rares sur les tablées en 2025.
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