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L'Europe spatiale veut faire décoller son budget pour rester dans la course


Actualité publiée le 20/11/22 07:07
Une fusée Ariane 5 décolle depuis Kourou, en Guyane française, le 22 juin 2022
Une fusée Ariane 5 décolle depuis Kourou, en Guyane française, le 22 juin 2022 (Arianespace - ESA – CNES/AFP/Archives/JM GUILLON)

L'agence spatiale européenne (ESA) s'apprête à décider de ses futurs investissements, qu'elle souhaite accélérer pour maintenir un rang international fragilisé par l'invasion russe de l'Ukraine et la féroce compétition sur le marché des lancements.

L'ESA va demander à ses 22 Etats membres, dont les ministres en charge du spatial se réunissent mardi et mercredi à Paris, une contribution globale de 18,7 milliards d'euros pour financer ses nouveaux programmes sur les trois prochaines années. Une nette hausse par rapport aux 14,5 milliards d'euros votés lors de la précédente réunion ministérielle, en 2019.

"Plus que jamais, nous devons augmenter nos investissements, sinon nous sortons de la course", a dit à l'AFP Josef Aschbacher, directeur-général de l'agence fondée en 1975.

Dans un contexte de tension inflationniste et de crise énergétique, il espère convaincre ses pays membre de mettre davantage au pot (25% de plus en moyenne) pour financer les lanceurs, les télécommunications, la navigation par satellite, l'observation de la Terre, l'exploration ou les sciences de l'Univers.

Le directeur-général de l'ESA Josef Aschbacher au centre européen des opérations spatiales de Darmsdadt en Allemagne, le 12 avril 2022
Le directeur-général de l'ESA Josef Aschbacher au centre européen des opérations spatiales de Darmsdadt en Allemagne, le 12 avril 2022 (AFP/Archives/ANDRE PAIN)

L'enjeu pour le Vieux continent: accroître son autonomie d'accès à l'espace pour garder son leadership sur un échiquier mondial écrasé par les Etats-Unis et la montée en puissance de la Chine. Et où la compétition s'est durcie avec la révolution dite du New Space, qui voit une multiplication d'acteurs privés, l'Américain SpaceX en tête.

- Compétition sur les micro-lanceurs -

Principal moteur de la riposte, la fusée Ariane 6, dont le report à fin 2023 du vol inaugural initialement prévu pour 2020 a pénalisé les ambitions européennes.

Face à ces retards, et privée depuis la guerre en Ukraine des lanceurs russes Soyouz, l'ESA a été contrainte de se tourner vers SpaceX pour lancer deux missions scientifiques.

La satellite Sentinel-6 de Copernicus, dédié à la mesure de l'élévatiou du niveau de la mer
La satellite Sentinel-6 de Copernicus, dédié à la mesure de l'élévatiou du niveau de la mer (EUROPEAN SPACE AGENCY/AFP/Archives/-)

"Le premier vol et l'exploitation d'Ariane 6 sont notre priorité", assure le patron de l'ESA, qui a le soutien des Européens sur ce programme.

Les discussions sur les futurs lanceurs, qui succèderont à Ariane 6 et sa "petite soeur" Vega C, s'annoncent plus tendues: une course intra-européenne entre la France, l'Allemagne et l'Italie est lancée autour des mini-fusées plus flexibles que les lanceurs lourds, pour rattraper le retard sur la société d'Elon Musk.

La France compte rester l'un des plus gros financeurs avec l'Allemagne, qui à la conférence ministérielle de 2019 était devenu le premier contributeur de l'ESA (3,3 milliards versus 2,7 milliards pour la France).

Cette fois, "personne n'a pour objectif de faire plus ou moins que l'Allemagne", a affirmé Philippe Baptiste, le président du Centre national d'études spatiales (Cnes), sans préciser le montant de l'enveloppe que Paris mettrait sur la table. "La contribution française se mesure à l'aune de l'investissement de 9 milliards d'euros" sur trois ans annoncé en septembre par la Première ministre Elisabeth Borne, et qui comprend notamment les crédits de la Défense, affirme-t-il.

- Mobilisation autour du climat -

Parmi les plus gros budgets discutés: celui des outils d'observation de la Terre, dont le service Copernicus, qui permettent de mesurer l'impact du réchauffement climatique. M. Baptiste prédit "une mobilisation extrêmement forte" des Etats sur ce point.

Un prototype du rover Rosalind Franklin de la mission spatiale russo-européenne ExoMars présenté, le 7 février 2019 à Stevenage, au Royaume-Uni
Un prototype du rover Rosalind Franklin de la mission spatiale russo-européenne ExoMars présenté, le 7 février 2019 à Stevenage, au Royaume-Uni (AFP/Archives/BEN STANSALL)

Un sondage Harris Interactive-Toluna montre que près de neuf citoyens européens sur dix "souhaitent que l'espace soit encore plus utilisé pour surveiller et réduire les effets du changement climatique", fait valoir Josef Aschbacher.

Moins consensuelle, la contribution de l'ESA à la future constellation de satellites de l'Union européenne, Iris, destinée à sécuriser l'internet et ses communications sur tout le territoire de l'UE à partir de 2027. Le projet, évalué à 6 milliards d'euros, est financé en grande partie par l'UE, qui n'a pas le même périmètre que l'ESA (dont fait partie le Royaume-Uni par exemple). Si l'attelage ESA-UE échoue, Bruxelles pourrait créer sa propre agence spatiale.

Côté exploration, l'ESA tentera de sauver ExoMars, qui a volé en éclat avec l'invasion russe de l'Ukraine et devra attendre 2028 pour décoller. Son rover Rosalind Franklin, conçu pour forer le sol martien à la recherche de traces de vie extra-terrestre, devait y être déposé avec un atterrisseur russe. Une rallonge budgétaire sera demandée pour finaliser cette emblématique mission qui a déjà coûté 1,8 milliard d'euros.

La capacité européenne à avoir son propre vol habité, autre élément clé de sa souveraineté, sera évoquée, mais sans décision à ce stade.

Sitôt son budget adopté, l'ESA présentera sa nouvelle promotion d'astronautes: entre 4 et 6 heureux élus, dont au moins un ou une devrait être français.

© 2022 AFP

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