Wall Street a clôturé la semaine sur une note morose, entraînée par la chute des géants de la tech et l’angoisse grandissante autour de l’inflation et des tarifs douaniers promis par l’administration Trump. Dans un climat de grande incertitude économique, les trois principaux indices ont accusé de lourdes pertes vendredi : le Dow Jones a perdu 1,69 %, le S&P 500 a reculé de 1,97 %, et le Nasdaq, à forte composante technologique, a chuté de 2,70 %.
Au cœur de cette nervosité : l’annonce imminente, prévue pour le 2 avril, d’une nouvelle salve de droits de douane. Donald Trump promet ce qu’il appelle un "jour de la libération", avec à la clé des taxes "réciproques" sur un vaste éventail de produits importés. Cette perspective, couplée à l’augmentation annoncée des droits sur l’acier, l’aluminium, et les automobiles étrangères dès le 3 avril, ravive le spectre d’une guerre commerciale à grande échelle.
Les analystes redoutent une double peine : une hausse des prix liée aux importations taxées et un frein à la croissance mondiale. « C’est la recette parfaite pour une récession », alerte Adam Sarhan de 50 Park Investments. Le climat est d’autant plus tendu que les indicateurs macroéconomiques ne rassurent pas. L’inflation, mesurée par l’indice PCE, reste tenace : +2,5 % sur un an en février, tandis que l’inflation sous-jacente grimpe à +2,8 %, déjouant les prévisions.
La Réserve fédérale, dont la mission est de maîtriser l’inflation, pourrait être contrainte de relever à nouveau ses taux, malgré une croissance déjà fragile. Certains experts y voient "le calme avant la tempête tarifaire", craignant une flambée des prix dans les mois à venir. Les consommateurs américains, eux, commencent à anticiper une inflation durablement élevée, selon un sondage de l’Université du Michigan.
Ce climat anxiogène a lourdement pesé sur les grands noms de la tech : Apple, Amazon, Microsoft, Alphabet ou encore Meta ont tous plongé. Même CoreWeave, soutenue par Nvidia et récemment introduite en Bourse, a peiné à convaincre, ouvrant sous son prix d’introduction.
Les valeurs de consommation ont aussi souffert, notamment Lululemon, qui a dévissé de plus de 14 % après avoir revu ses prévisions à la baisse. Seuls quelques titres liés à l’or, comme Harmony Gold, ont tiré leur épingle du jeu dans ce climat d’incertitude.
Alors que les marchés redoutent l’impact économique d’une stratégie commerciale de plus en plus agressive, le S&P 500 s’oriente vers sa première baisse trimestrielle depuis un an et demi, et le Nasdaq enregistre sa pire performance depuis fin 2022. La nervosité est palpable, et les investisseurs avancent à tâtons, suspendus aux annonces de la Maison-Blanche.
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