Electra frappe fort avec un prêt bancaire de 433 millions d’euros. Une accélération massive, au moment où la filière électrique ralentit. Le pari est risqué, mais assumé.
Au moment où la voiture électrique connaît son premier coup de frein commercial, Electra appuie sur l'accélérateur. La start-up française spécialisée dans la recharge ultrarapide a sécurisé un prêt pouvant aller jusqu’à 433 millions d’euros, négocié auprès d’un consortium de banques, parmi lesquelles Bpifrance, Caisse d’Épargne Hauts-de-France et Banque Populaire Val de France. Objectif : déployer 800 stations supplémentaires à travers l’Europe, alors que la consolidation du secteur est déjà bien amorcée.
L'opération s’ajoute à une levée de fonds de 304 millions d’euros en début d’année, réalisée dans un marché pourtant refroidi. Electra affiche aujourd’hui 510 stations et 3.100 points de charge actifs, présents dans neuf pays européens. Mais l’ambition est bien plus large. « On en construit à peu près quatre à cinq par semaine », assure Aurélien de Méaux, PDG et cofondateur. L'entreprise prévoit de doubler son chiffre d'affaires d’ici 2026, en visant entre 130 et 150 millions d’euros, avec un Ebitda positif espéré à la clé.
Electra prépare une consolidation à l’échelle européenne
« Aujourd’hui, ce qu’il faut, ce n’est pas juste dire qu’on a planté les bornes ici et là », prévient Aurélien de Méaux. « Il faut montrer qu’on a des bornes qui marchent, avec des clients, des voitures qui se chargent, du revenu et de la marge ». C’est cette logique industrielle qui justifie les montants engagés : entre 500.000 et 700.000 euros par station.
Face à des acteurs comme Fastned, Atlante, Zeplug ou encore Bump, Electra revendique désormais une position de consolidateur. Mais la France, déjà bien couverte, ne constitue plus une priorité. « On va plutôt chercher des acteurs dans la région DACH (Allemagne, Autriche, Suisse), ou dans des géographies où nous ne sommes pas encore », explique le dirigeant.
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Preuve de cette stratégie fédératrice, Electra est récemment devenu cofondateur de la Spark Alliance, aux côtés de Fastned, Atlante et Ionity. Ensemble, ils proposent une interopérabilité des services sur plus de 11.000 points de charge à travers l’Europe, permettant notamment aux utilisateurs d’utiliser l’application Electra pour payer chez Fastned.
Un marché sous pression malgré l'élan d'investissement
Cette dynamique s’accompagne toutefois de turbulences. En 2024, treize opérateurs de recharge, dont Electra, ont lancé l’association Charge France, et promis 3 milliards d’euros d’investissements d’ici 2028, à condition d’une stabilité réglementaire. En ligne de mire : les revirements autour de l’interdiction de vente des voitures thermiques en 2035. « Il faut qu’on arrête de changer les règles du jeu toutes les cinq minutes », tacle Aurélien de Méaux.
En France, les ventes de voitures électriques plafonnent autour de 17 % depuis le début de l’année. « Les perspectives de croissance sont moins fortes qu’annoncées », glisse un expert du secteur. Une situation qui impacte les projections à court terme, sans remettre en cause la vision long terme. « À court terme, il y a un impact sur nos business plans, mais pas à long terme », estime le patron d’Electra. « Il n’y a aucun doute sur le fait que la technologie de la voiture électrique va être celle du XXIᵉ siècle ».
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