Nouveau patron, cap clair : Luca de Meo prend les rênes de Kering avec une ambition tranchante et une promesse de transformation rapide pour relancer le géant du luxe en difficulté.
C’est un baptême du feu à la hauteur des enjeux. Le 9 septembre 2025, Luca de Meo a été officiellement nommé directeur général de Kering par les actionnaires du groupe, avec un score écrasant de 98,97 %. Devant une assemblée réunie à Paris, l’ancien patron de Renault n’a pas mâché ses mots : le groupe doit changer, et vite. "La situation actuelle (...) renforce notre détermination à agir sans délai", a-t-il lancé, face à un auditoire scrutant ses premiers engagements.
Dès son entrée en fonction, prévue pour le 15 septembre, il entend enclencher une dynamique radicale. "Cela exigera des choix clairs et forts", a-t-il insisté. Kering, malmené par un recul de ses performances commerciales, affiche une chute de 46 % de son bénéfice net au premier semestre 2025, tombé à 474 millions d’euros, et une baisse de 16 % de son chiffre d’affaires à 7,6 milliards d’euros. Un signal d’alarme auquel le nouveau dirigeant veut répondre par des mesures structurelles fortes.
"Rationaliser, réorganiser, repositionner" : une feuille de route sans ambiguïté
Face aux actionnaires, Luca de Meo n’a pas encore dévoilé son plan détaillé — il faudra attendre le printemps 2026 — mais les grandes lignes sont déjà tracées. "Nous devrons continuer à nous désendetter et, là où cela s'impose, rationaliser, réorganiser et repositionner certaines de nos marques", a-t-il expliqué. Un langage de vérité, assumé avec fermeté.
Alors que les difficultés du groupe s’accumulent — une dette nette de 10,5 milliards d’euros fin 2024, des rumeurs de fermeture de magasins et de cessions d’actifs — le nouveau dirigeant affiche un ton combatif. "Nous serons rapides, efficaces et décisifs. Nous allons consolider les fondations de la maison et bâtir un groupe de luxe encore plus intégré, plus agile et animé d'un esprit de conquête renforcé", a-t-il martelé.
Son message est clair : Kering ne peut plus se permettre d'attendre. La restructuration n’est plus une option, mais une nécessité. Et elle impliquera, selon ses mots, des efforts partagés. "Cela impliquera sans doute des efforts de la part de tous, du management des collaborateurs, de nos partenaires, de nos fournisseurs et aussi un peu de confiance de votre part, les actionnaires".
Un pari soutenu par François-Henri Pinault
En ouverture de l’assemblée, François-Henri Pinault a pris la parole pour conforter le choix du conseil. Il a dressé un portrait élogieux de Luca de Meo, saluant un dirigeant capable de conjuguer stratégie et compréhension intime des marques. "C'est quelqu'un de très attentif à l'importance de la création et qui comprend parfaitement ce que représente une maison ou ce que représente un style ou encore un patrimoine", a-t-il souligné. "C'est un stratège, un bâtisseur et un homme qui comprend les marques", a-t-il ajouté, affirmant être "convaincu qu'il saura développer" ce que le groupe a "construit".
De Meo, 58 ans, est le premier dirigeant de Kering à ne pas être issu du sérail familial depuis plus de deux décennies. Sa nomination illustre un virage dans la gouvernance du groupe, mais aussi une volonté de rupture face à une situation devenue critique. Lui-même en a conscience. "Ces décisions ne seront pas toujours faciles. Mais nous les prendrons avec lucidité, exigence et le sens des responsabilités qui incombent à notre rôle de dirigeants, garants d'un héritage précieux et d'un avenir que nous devons continuer à développer", a-t-il affirmé.
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