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Coup d'arrêt judiciaire pour Trump, ses menaces commerciales suspendues


Actualité publiée le 29/05/25 08:47

Donald Trump pensait avoir trouvé la clé de voûte de sa stratégie diplomatique. C’est désormais un verrou. Mercredi soir, la Cour du commerce international de New York a annulé ses droits de douane dits « réciproques », infligeant un revers juridique d’envergure au président américain. Ces tarifs, pilier de sa politique étrangère depuis son retour à la Maison-Blanche, sont désormais considérés comme inconstitutionnels.

À l’origine de cette décision : trois juges fédéraux unanimes. Selon eux, Donald Trump a outrepassé ses prérogatives en instaurant ces taxes par simple décret présidentiel. « La Constitution américaine ne confère pas une autorité aussi illimitée au président pour imposer des droits de douane infinis sur les marchandises de presque tous les pays du monde », ont-ils tranché. Seul le Congrès est habilité à fixer les tarifs douaniers. Le jugement annule donc aussi les sanctions commerciales ciblant la Chine, le Canada et le Mexique au nom de la lutte contre le fentanyl.

Un outil de chantage commercial privé de fondement

Depuis janvier, les annonces tarifaires de Donald Trump s’étaient multipliées. Dès le 2 avril, il avait présenté ses droits « réciproques » comme un outil de « libération » commerciale. Peu après son investiture, il avait menacé la Colombie de droits punitifs si elle refusait d'accueillir les migrants expulsés par avion militaire. Une manière de transformer le commerce en levier diplomatique — une spécialité trumpienne.

Les surtaxes avaient atteint des sommets : 10 % en février, 20 % en mars, 54 %, puis 108 %, jusqu’à 145 % début avril, avant d’être ramenées à 30 % le 12 mai. Mais désormais, toute cette stratégie se retrouve suspendue au bon vouloir des juges. Et les effets ne se sont pas fait attendre.

L’Union européenne, menacée de droits de douane à 50 % sur ses exportations à partir du 9 juillet, respire. Pour Bruxelles, cette décision judiciaire signifie un répit inespéré dans une négociation tendue. La pression exercée par Washington semble soudainement moins menaçante.

Une riposte immédiate mais incertaine

La Maison-Blanche a annoncé son intention de faire appel, ce qui pourrait suspendre temporairement la mise en œuvre du jugement. Mais le délai est court : dix jours pour appliquer la décision, sauf si une juridiction supérieure en décide autrement. « La cour ne juge pas la pertinence de la stratégie, seulement sa légalité », ont précisé les juges. Et ce détail fait toute la différence.

Howard Lutnick, Scott Bessent ou encore le sénateur Marco Rubio ont plaidé pour laisser les mains libres au président, invoquant le risque de faire capoter des discussions sensibles. « Une telle décision menace des négociations avec des douzaines de pays », a prévenu le secrétaire au Trésor.

La somme collectée par la douane américaine sur ces taxes donne un aperçu de leur impact : plus de 22 milliards de dollars rien qu’en mai. Un record. Et une manne dont l’État fédéral devra se passer si l’annulation est confirmée.

Trump accélère sur les taxes sectorielles

Mais Donald Trump n’a pas dit son dernier mot. Tandis que les droits de douane « universels » vacillent, les taxes sectorielles, elles, tiennent bon. Acier, aluminium, mais aussi produits électroniques, médicaments, bois de construction ou encore films étrangers sont dans le viseur de la Maison-Blanche.

L’objectif : maintenir la pression, sécuriser des accords avant la date fatidique du 9 juillet, et éviter que cette décision ne désarme totalement l’exécutif. À défaut de pouvoir imposer des tarifs globaux, l’administration pourrait jouer la carte des ciblages sectoriels pour garder l’initiative.

Reste que cette décision judiciaire marque un tournant. Pour la première fois, une cour fédérale impose une limite claire à l’usage politique du levier douanier. Et cela pourrait redéfinir les contours du pouvoir présidentiel en matière de commerce international, pour longtemps.

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