BPCE rachète Novo Banco pour 7 milliards d'euros et renforce sa présence au Portugal

La banque française BPCE a annoncé le rachat de Novo Banco, quatrième prêteur du Portugal. En battant l'espagnol CaixaBank, le groupe tricolore, qui chapeaute Banque Populaire et Caisse d’Épargne, affirme son ambition de s’imposer comme un acteur bancaire transfrontalier de premier plan.

Ce rachat stratégique valorise Novo Banco à près de 7 milliards d’euros selon les sources proches du dossier. Il s’agit de l’une des plus grosses opérations de M&A du secteur bancaire européen cette année, dans un climat réglementaire peu favorable aux fusions entre pays.

BPCE prend le contrôle, Lone Star se retire

C’est le fonds d’investissement américain Lone Star, détenteur de 75 % du capital de Novo Banco, qui a accepté l’offre de BPCE. L’État portugais conserve les 25 % restants via le Fonds de résolution. L’accord a été annoncé ce vendredi, mettant fin aux spéculations sur une éventuelle introduction en Bourse de la banque lisboète.

Le montant précis n’a pas été officialisé, mais l’ensemble de l’opération pourrait s’élever à 8,1 milliards de dollars (soit environ 7 milliards d’euros), selon Bloomberg. Le groupe français était en compétition directe avec CaixaBank, candidat sérieux à l’acquisition.

Si Lone Star et BPCE n’ont pas commenté les détails avant l’annonce officielle, ce rapprochement confirme une tendance : les banques européennes cherchent à consolider leur présence au-delà de leurs frontières, malgré les obstacles politiques croissants.

Une acquisition dans un contexte européen sous tension

Dans l’Union européenne, les fusions bancaires transfrontalières suscitent la méfiance. L’Espagne s’est opposée au rachat de Banco Sabadell par BBVA. L’Italie a durci les règles pour UniCredit dans son projet d’acquisition de Banco BPM. L’Allemagne, elle, a fermé la porte à une fusion entre Commerzbank et UniCredit.

Dans ce contexte, l’opération menée par BPCE détonne. En s’imposant au Portugal, la banque française s’inscrit dans une stratégie ambitieuse d’expansion, tout en contournant habilement les barrières nationales. Elle ajoute ainsi une pièce maîtresse à son dispositif, au cœur d’un pays stratégique sur le plan financier et géopolitique.

Novo Banco est en effet un acteur central du paysage bancaire portugais. Il s’est remis d’une période de turbulences après avoir succédé à Banco Espirito Santo, liquidée en 2014. Depuis, la banque a assaini ses comptes, cédé des actifs à risques, réduit son exposition aux prêts non performants et affiché ses premiers bénéfices en 2021.

Un positionnement renforcé pour BPCE en Europe

Ce rachat n’est pas une simple opération opportuniste. Il vient consolider la position de BPCE dans le sud de l’Europe et lui offre une base solide pour se déployer dans la péninsule ibérique. En reprenant une banque saine, bien implantée, avec un portefeuille restructuré, BPCE évite les risques d’intégration habituellement associés à ce type d’acquisition.

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Le groupe s’offre également une présence dans un pays à la croissance économique soutenue, où les taux d’intérêt élevés ont permis à Novo Banco d’augmenter significativement ses revenus nets d’intérêts. Ce contexte favorable pourrait accélérer le retour sur investissement.

Pour BPCE, cette acquisition vient aussi nourrir une dynamique globale. L’an dernier, le groupe a obtenu le soutien financier de la BEI pour accompagner ses projets, notamment dans la défense et la transition énergétique. Avec Novo Banco, il démontre qu’il sait aussi frapper fort dans la banque de détail traditionnelle.

En pleine période de crispation politique autour de la souveraineté bancaire, BPCE prend de vitesse ses concurrents européens, tout en redessinant discrètement la carte des grands groupes financiers du continent.

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