(ABC Bourse) - Accusée d’avoir financé des exactions au Soudan, BNP Paribas a été jugée responsable par un jury new-yorkais. Le verdict fait plonger l’action en Bourse et pourrait n’être qu’un début.
Lundi matin, l’action BNP Paribas perdait plus de 8 % à la Bourse de Paris. Une chute brutale pour la première banque française, qui paye au prix fort une décision rendue par un jury populaire à New York. Ce dernier a jugé BNP Paribas complice des violences perpétrées au Soudan, pour avoir facilité des transactions ayant servi à financer l’armée et les milices du régime d’Omar el-Béchir. En cause : des lettres de crédit émises par la banque dans les années 2000, alors qu’elle était active au Soudan via sa filiale genevoise.
Trois réfugiés soudanais installés aux États-Unis, qui avaient porté plainte en 2016, sont à l’origine de cette décision. Le jury leur a attribué 20,75 millions de dollars de dommages et intérêts. Mais l’affaire pourrait ne pas s’arrêter là. Selon les avocats des plaignants, ce jugement pourrait servir de base pour d’autres recours collectifs, alors que 25 000 victimes potentielles ont déjà été identifiées. Une menace judiciaire qui inquiète les marchés.
Du côté des analystes, la prudence domine. Pour Andrea Tueni, de Saxo Banque, "La seule actualité apparente autour de BNP Paribas est sur le procès de la banque lié au Soudan". L’action, qui valait 68,87 euros à 11h20, entraînait dans son sillage les autres titres bancaires : Société Générale reculait de 2,65 % et Crédit Agricole de 2,45 %.
Sylvain Perret, analyste chez AlphaValue, estime que "Un tel verdict renforce considérablement le risque de litige pour BNP dans le cadre de cette affaire". Il ajoute : "Le montant de l’indemnisation à verser par BNP s’élèverait à un chiffre potentiellement plus élevé", si la décision venait à être élargie à d’autres plaignants.
Face à cette situation, BNP Paribas affirme vouloir faire appel. Selon elle, le jugement "fait abstraction d’éléments de preuve essentiels qu’il n’a pas été permis à la banque de présenter lors du procès et repose sur une mauvaise interprétation du droit suisse". L’établissement insiste également sur le fait que "le jugement est spécifique aux trois plaignants et ne pourrait pas être étendu à d’autres".
Ce n’est pas la première fois que BNP Paribas est épinglée pour ses activités passées au Soudan. En 2014, la banque avait accepté de plaider coupable et versé 8,9 milliards de dollars aux autorités américaines, pour avoir violé les sanctions économiques en vigueur entre 2004 et 2012. À l’époque, le Trésor américain l’avait qualifiée de véritable "banque centrale du Soudan".
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