L’État met 410 millions d’euros sur la table. Et cette fois, ce n’est plus une intention, mais une offre ferme. Atos, le géant français des services informatiques, a officialisé ce lundi 2 juin 2025 avoir reçu une proposition concrète du gouvernement pour racheter sa division Advanced Computing, à l’exception notable de "Vision AI", restée hors périmètre. Cette branche comprend le calcul haute performance (HPC), l’informatique quantique, le Business Computing et l’intelligence artificielle industrielle. Un ensemble stratégique qui pèsera près de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires dès 2025.
Ce recentrage s’inscrit dans une séquence tendue pour Atos, en pleine restructuration. La vente prévue ne se fera pas en bloc : 50 millions d’euros seront versés à la signature, puis 60 millions supplémentaires dépendront des performances d’ici 2026. Quant à la valeur d’entreprise globale, elle s’établit à 410 millions d’euros, un montant revu à la baisse par rapport à l’offre non engageante de 500 millions présentée par l’État en novembre 2024. En cause : le périmètre restreint, allégé de la technologie "Vision AI".
Pourquoi l’État s’empare de cette activité clé d’Atos
Ce rachat n’a rien d’anodin. Il intervient dans un contexte de souveraineté numérique renforcée, où les technologies sensibles comme le HPC et le quantique sont considérées comme des actifs stratégiques par Paris. La France ne veut plus dépendre de partenaires étrangers pour ses supercalculateurs, notamment ceux utilisés dans la recherche, la défense ou la simulation industrielle.
Le Conseil d’administration d’Atos a validé cette cession, s’appuyant sur l’avis favorable d’un expert indépendant qui a jugé l’offre conforme aux conditions du marché. L’État entend finaliser une offre engageante dans les prochaines semaines, pour une clôture courant 2026.
Derrière cette reprise partielle, une stratégie plus large : celle de consolider en France une filière capable de rivaliser avec les géants américains et chinois. Car Atos, malgré ses difficultés récentes, reste un acteur central du supercalcul mondial.
Que comprend (et que ne comprend pas) l’offre de 410 millions d’euros ?
L’opération couvre l’ensemble du pôle Advanced Computing, avec quatre grands segments :
- le calcul haute performance (HPC)
- l’informatique quantique
- le Business Computing
- l’intelligence artificielle industrielle
Tous sont conservés dans le périmètre cédé. En revanche, "Vision AI" n’est plus concernée. Cette technologie issue du rachat d’Ipsotek en 2021, basée au Royaume-Uni, ne fait plus partie du deal. Elle représentait pourtant plus d’un tiers de la marge opérationnelle de l’ancien périmètre envisagé.
Pourquoi cette exclusion ? Atos souhaite désormais réintégrer Vision AI au sein d’Eviden, sa branche dédiée aux technologies de l’avenir. La division se positionne sur les solutions vidéo enrichies par IA pour la sécurité et les opérations critiques. Un repositionnement stratégique qui change la donne de la vente initialement envisagée.
À noter : même en l’absence de cette activité, le périmètre vendu est évalué comme viable et porteur à moyen terme, avec des perspectives confirmées jusqu’à 2028.
Que deviennent les activités non cédées comme "Vision AI" ?
Plutôt que d’être abandonnée ou cédée séparément, Vision AI est reconfigurée. Elle est désormais intégrée dans une nouvelle division d’Eviden, axée sur la surveillance, la défense et les systèmes de sécurité augmentés par intelligence artificielle. Atos conserve ainsi un levier de croissance technologique, tout en se séparant de sa branche industrielle plus lourde.
Cette réorganisation s’inscrit dans un plan global : recentrer chaque pôle d’Atos vers ses cœurs de métier les plus performants. Ce qui permet à la fois de séduire d’éventuels repreneurs, de rassurer les marchés, et de présenter un plan stratégique stable d’ici 2028.
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