Apple affiche une santé insolente. Son chiffre d’affaires du deuxième trimestre fiscal 2025, clos le 29 mars, s’élève à 95,36 milliards de dollars, surpassant les prévisions des analystes. Même les ventes d’iPhones dépassent les attentes, atteignant 46,84 milliards de dollars. Mais derrière ces chiffres flatteurs, un nuage s’annonce : la guerre commerciale lancée par Donald Trump.
Lors d’une conférence avec les investisseurs, Tim Cook a annoncé une hausse prévisible de 900 millions de dollars des coûts pour le trimestre en cours, si les droits de douane restent en l’état. Cette perspective a immédiatement fait réagir les marchés : l’action Apple a reculé de 3,8 % dans les échanges d’après-Bourse. L’enjeu est clair : les politiques douanières américaines sont en train de redessiner toute la logistique de la marque à la pomme.
Pourquoi les taxes américaines font bondir les coûts d’Apple
Depuis son retour sur le devant de la scène, Donald Trump a menacé d’imposer de nouvelles surtaxes sur les produits importés de Chine. Si les iPhones destinés aux États-Unis proviendront en grande partie d’Inde ce trimestre, d’autres gammes notamment les Mac, iPads et Apple Watch restent largement fabriquées en Asie.
Apple anticipe donc une inflation mécanique de ses coûts, uniquement liée aux droits de douane, sans changement de production à court terme. Tim Cook précise :
"En supposant que les taux, les politiques et l'application des droits de douane actuels ne changent pas durant le trimestre, nous estimons que cela ajoutera 900 millions de dollars à nos coûts."
Pour limiter la casse, Apple s’est empressée de réorganiser sa chaîne d’approvisionnement. La firme a transféré une partie de sa production vers l’Inde et le Vietnam. Cette stratégie de délocalisation, amorcée depuis plusieurs années, s’accélère à cause du climat tendu entre Washington et Pékin.
Comment Apple adapte sa production pour contourner les surtaxes
Apple jongle avec les cartes de la géopolitique. D’un côté, elle tente de satisfaire les exigences douanières des États-Unis. De l’autre, elle doit gérer un boycott croissant de ses produits en Chine, nourri par les tensions diplomatiques et l’absence de services IA sur le territoire chinois.
Tim Cook reste prudent sur les volumes de stock disponibles : "Les stocks d’iPhones au début et à la fin du trimestre étaient comparables", a-t-il confié à Reuters, signifiant qu’Apple n’a pas anticipé la hausse des prix par une accumulation de stocks.
Voici les principales zones d’origine des produits Apple pour ce trimestre :
- Inde : iPhones pour le marché américain
- Vietnam : iPads, Mac et Apple Watch
- Chine : produits destinés aux autres marchés
En parallèle, Apple doit aussi faire face à un calendrier de lancement produit particulièrement dense : iPhone 16e, iPad 11, iPad Air M3, MacBook Air M4, Mac Studio M4 Max… Des sorties qui ont dopé les ventes, mais qui risquent d’accentuer la chute en volume dès que les prix seront révisés à la hausse.
Quelles conséquences pour les consommateurs et les marchés ?
Le trimestre en cours pourrait marquer un tournant délicat pour Apple. Selon les analystes de LSEG, la croissance du chiffre d'affaires devrait ralentir, avec une prévision de 4,28 % à 89,45 milliards de dollars. Même si la firme tient bon, le ralentissement est déjà perceptible.
Les acheteurs américains pourraient bientôt ressentir les effets des taxes sur leur porte-monnaie. Car si les coûts augmentent, les prix finissent tôt ou tard par suivre. Et avec une consommation qui a déjà explosé avant l'entrée en vigueur des surtaxes, la demande pourrait naturellement se tasser.
Dans le même temps, la firme de Cupertino continue de vanter ses réussites écologiques. Tim Cook a rappelé : "Nous avons réduit nos émissions de carbone de 60 % au cours de la dernière décennie."
Un chiffre qui pèse peu face à un choc fiscal potentiel de 900 millions de dollars. La pression monte, et le prochain trimestre pourrait être décisif.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés
1,28%
Suivez les marchés avec des outils de pros !