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Il aura suffi d’un trimestre pour faire basculer le Livret A de star de l’épargne à placement boudé. En mars 2025, la collecte nette du célèbre livret ne s’élève qu’à 400 millions d’euros, une chute de 74 % par rapport à mars 2024. Il faut remonter à mars 2016 pour retrouver une performance aussi faible. Sur l’ensemble du premier trimestre, le Livret A ne cumule que 1,73 milliard d’euros, contre plus de 6 milliards à la même période l’an dernier. C’est tout simplement le plus bas niveau depuis plus de quinze ans.
Le déclin ne frappe pas seulement le Livret A. Son cousin, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), ne fait guère mieux avec 610 millions d’euros collectés en mars, et 1,81 milliard sur le trimestre. Ensemble, les deux produits n’atteignent que 3,53 milliards d’euros, un plancher depuis 2016.
La principale explication tient dans la baisse du taux de rémunération. Passé de 3 % à 2,4 % le 1er février, le taux du Livret A n’a plus la cote auprès des ménages, d’autant que le marché anticipe déjà une nouvelle baisse à 1,7 % au 1er août, selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. « La diminution du taux de rémunération conduit les ménages à réorienter leur épargne vers d'autres placements, notamment l'assurance-vie », explique-t-il.
Ce mouvement est d’ailleurs déjà en cours. L’assurance-vie a enregistré une collecte nette de 5,8 milliards d’euros en février, un record depuis près de vingt ans pour ce mois de l’année. En particulier, les fonds en euros, plus rémunérateurs depuis la remontée des taux, attirent de nouveau les capitaux. Même les unités de compte, plus risquées, retrouvent les faveurs des épargnants, au détriment des produits à taux fixes comme les livrets.
Derrière la simple question du taux, d'autres facteurs freinent aussi la collecte. D'abord, les plafonds : près de 15 % des Livrets A ont atteint le seuil de 22 950 euros, ce qui limite mécaniquement la possibilité d’y verser davantage. Ensuite, la rumeur persistante autour d’un éventuel prélèvement sur l’épargne pour financer l’effort de défense inquiète. « Certaines rumeurs évoquant une mobilisation de l’épargne perçue comme une forme de prélèvement ont pu jouer en sa défaveur », confie encore Philippe Crevel.
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Le Livret d’Épargne Populaire (LEP), pourtant plus rémunérateur, subit lui aussi le contre-coup. Sa collecte est tombée à 140 millions d’euros en mars, contre 350 millions en février et 950 millions en mars 2024. Une baisse qui pourrait s’aggraver si son taux passe de 3,4 % à 2,3 % en juillet, comme certains analystes l’envisagent.
Ironie du sort, malgré cette désaffection record, le Livret A atteint en mars un encours historique de 444,2 milliards d’euros. Une preuve que ce placement reste une valeur refuge psychologique dans l’esprit des Français, même si sa rentabilité s’érode. D’autant plus que le premier trimestre est habituellement une période forte pour la collecte, avant le creux de l’été, lorsque les ménages affrontent les dépenses liées aux vacances et aux impôts.
Mais si la spirale continue, l’année 2025 pourrait signer un tournant brutal, refermant la parenthèse enchantée des années inflationnistes où les épargnants garnissaient leurs Livrets A à tour de bras. À moins d’un revirement surprise, la courbe semble difficile à inverser.
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