Kering voit ses profits fondre en 2024, plombés par Gucci

Les chiffres sont tombés et ils sont brutaux pour Kering. En 2024, le groupe de luxe a vu son bénéfice net fondre de 62 %, avec une perte de vitesse spectaculaire de Gucci, sa marque phare. Alors que le marché du luxe traverse une zone de turbulence, Kering tente de rassurer en affirmant avoir atteint un point de stabilisation. Mais avec le départ de Sabato De Sarno, directeur créatif de Gucci, et un marché chinois en berne, l'année 2025 s'annonce encore difficile. 

Des résultats en forte baisse, plombés par Gucci

Kering a dévoilé ce mardi des chiffres en forte baisse pour l'année 2024 :

• Bénéfice net : 1,13 milliard d’euros, soit une chute de 62 % par rapport à 2023.
• Chiffre d’affaires : 17,2 milliards d’euros, en baisse de 12 %.
• Résultat opérationnel courant : 2,55 milliards d’euros, en recul de 46 %.
• Gucci, qui représente près de la moitié du chiffre d'affaires de Kering, a vu ses revenus plonger de 21 % à 7,6 milliards d’euros.

L’impact de cette chute libre est particulièrement visible sur la rentabilité du groupe. La marge opérationnelle courante s’effondre, passant de 24,3 % en 2023 à 14,9 % en 2024. Le recul est encore plus fort au quatrième trimestre, où les ventes de Gucci ont chuté de 24 %, alors que les analystes prévoyaient une baisse de 19 %.

Un contexte difficile pour le luxe et un marché chinois en repli

La conjoncture mondiale du luxe en 2024 a pesé sur les résultats de Kering. La baisse de la consommation en Chine, un marché crucial pour le groupe, a fortement impacté les ventes. Yves Saint Laurent (-9 %), Balenciaga et Alexander McQueen (-7 %) souffrent également, même si Bottega Veneta tire son épingle du jeu avec une croissance de 6 %.

Pour Jean-Marc Duplaix, directeur général adjoint de Kering, le groupe doit faire preuve de discipline financière et se concentrer sur l’amélioration de son efficacité.

Départ surprise chez Gucci : un avenir incertain pour la marque italienne

L’autre coup dur pour Kering est le départ soudain de Sabato De Sarno, directeur créatif de Gucci, annoncé seulement quelques jours avant la publication des résultats. Arrivé en 2023 pour relancer la marque après le départ d’Alessandro Michele, il n’aura tenu que deux ans.

Un départ perçu comme un aveu d’échec par de nombreux analystes : « Le style discret de Sabato De Sarno ne correspondait pas à l’image exubérante que se sont faite les clients de Gucci ces trente dernières années », analyse Luca Solca, chez Bernstein.

Si Gucci a connu un âge d’or entre 2015 et 2019, où ses ventes ont triplé, la dynamique s’est inversée dès 2023. La marque peine à retrouver un positionnement clair, ce qui complique encore la tâche pour Kering.

Kering tente de rassurer avec une nouvelle gouvernance et des ajustements stratégiques

Face à ces turbulences, François-Henri Pinault tente de calmer les marchés : « Nous sommes confiants d’avoir amené Kering à un point de stabilisation, à partir duquel nous reprendrons progressivement notre trajectoire de croissance. »

Pour cela, Kering mise sur plusieurs ajustements stratégiques :

1. Réduction des ventes en gros :
• Diminution de 30 % des ventes aux détaillants multimarques, notamment pour éviter que des produits Gucci se retrouvent en solde sur des plateformes en ligne.
• Fermeture de plusieurs magasins de déstockage (outlets) pour préserver l’image de luxe.
2. Renforcement de la gestion interne :
• Francesca Bellettini, ancienne dirigeante d’Yves Saint Laurent, devient directrice générale adjointe.
• Stefano Cantino est nommé directeur général de Gucci.
3. Optimisation financière :
• Vente de 837 millions d’euros d’actifs immobiliers à Paris pour renforcer la trésorerie.
• Un dividende de 6 euros par action est proposé aux investisseurs.

Un marché qui reste confiant malgré tout ?

Surprenamment, malgré ces résultats en berne, l’action Kering a bondi de 5,65 % à la Bourse de Paris après l’annonce. Pourquoi ? Parce que les résultats sont finalement moins catastrophiques que prévu. Les analystes s’attendaient à un chiffre d’affaires encore plus bas et un résultat opérationnel courant plus faible.

Pour 2025, la priorité sera de stabiliser Gucci et relancer sa croissance. Mais avec un directeur créatif à remplacer, une économie mondiale incertaine, et une concurrence féroce avec LVMH et Hermès, la tâche s’annonce difficile pour François-Henri Pinault et son équipe.