TikTok saisit la Cour suprême pour éviter son interdiction aux États-U

TikTok joue sa dernière carte. Le réseau social chinois a saisi la Cour suprême des États-Unis pour tenter de suspendre une loi qui menace son avenir sur le territoire américain. Cette loi, adoptée en avril dernier, exige que la maison mère de TikTok, ByteDance, cède l'application sous peine d'une interdiction totale à partir du 19 janvier 2025. En parallèle, TikTok courtise Donald Trump lors d'une rencontre privée à Mar-a-Lago, en Floride.

Une interdiction imminente : pourquoi TikTok est menacé ?

Adoptée par le Congrès américain avec une large majorité, cette loi vise à protéger les données des 170 millions d'utilisateurs américains de TikTok. L'administration américaine, appuyée par le ministère de la Justice, estime que ByteDance constitue "une menace pour la sécurité nationale". En cause : l'accès potentiel à des données sensibles comme la localisation des utilisateurs ou leurs messages privés, ainsi que la capacité de l’application à manipuler le contenu proposé.

"Le gouvernement a agi uniquement pour protéger cette liberté contre une nation étrangère adverse", souligne la décision de la Cour d’appel du district de Columbia qui a récemment rejeté les recours de TikTok.

TikTok contre-attaque devant la Cour suprême

Face à ces accusations, TikTok a engagé une procédure d'urgence devant la Cour suprême pour bloquer temporairement la mise en œuvre de la loi. L'entreprise, qui se présente comme une "plateforme majeure d'expression", invoque le Premier amendement de la Constitution américaine garantissant la liberté d’expression.

Dans ses arguments, TikTok souligne qu'Il n’existe aucune preuve concrète d'une menace immédiate pour la sécurité nationale. Par ailleurs, une interdiction, même temporaire, aurait des conséquences désastreuses sur sa base d'utilisateurs et les milliers d'entreprises qui dépendent de la plateforme pour leurs activités commerciales.

"Le Congrès a adopté une restriction massive et sans précédent de la liberté de parole", affirme TikTok dans sa demande de suspension.

Trump, TikTok et la politique : un retournement de situation

Alors que Donald Trump avait tenté, durant son premier mandat en 2020, d’interdire TikTok via des décrets présidentiels — rejetés par la justice — l’ancien président a depuis changé de discours. Lors d'une récente rencontre privée avec Shou Zi Chew, le PDG de TikTok, Trump a laissé entendre qu’il pourrait adopter une approche plus conciliante.

"J'ai une place importante dans mon cœur pour TikTok", a-t-il déclaré, soulignant le rôle du réseau social dans sa popularité auprès des jeunes électeurs.

Ce rapprochement survient alors que Meta (Facebook et Instagram), autrefois dominant dans l’univers des réseaux sociaux, avait temporairement banni Trump après les émeutes du Capitole en janvier 2021. TikTok apparaît donc pour l’ancien président comme une alternative stratégique face à ses anciens rivaux.

Un enjeu économique et stratégique colossal

L’interdiction de TikTok ouvrirait un précédent majeur pour d'autres applications étrangères aux États-Unis, notamment dans le contexte des tensions commerciales croissantes entre Washington et Pékin. En 2020, l’administration Trump avait également tenté d’interdire WeChat, une autre application chinoise, sans succès.

Par ailleurs, TikTok craint des répercussions économiques considérables : perte de sa base d’utilisateurs, diminution des revenus publicitaires et fuite des créateurs de contenu vers d’autres plateformes. Le réseau social considère cette interdiction comme une "rupture radicale avec la tradition américaine d’un internet ouvert".

Le destin de TikTok repose désormais entre les mains de la Cour suprême et potentiellement sur les décisions de la future administration Trump. Alors que la date butoir du 19 janvier approche, les enjeux sont énormes pour TikTok, les entreprises américaines qui en dépendent et l’équilibre géopolitique entre les États-Unis et la Chine.