Victoire de Trump : des conséquences lourdes pour l'économie française

De toute façon, on est à la rue. Et ce n'est pas avec le génie stratégique de nos élites que l'on va s'en sortir. Quand on est capable de créer 1000 milliards de dette dans un environnement relativement stable, je n'imagine pas ce qu'ils seront capables de faire quand la tempête TRUMP soufflera.

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La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine de 2024 n’a pas tardé à inquiéter les décideurs européens. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, estime que ce retour à la Maison-Blanche pourrait gravement impacter l'économie mondiale. Entre risques de protectionnisme accru et incertitudes budgétaires, les économistes s’interrogent sur les conséquences pour l'Europe et la France, qui redoutent déjà une montée de l’inflation et une baisse de la croissance.

Un protectionnisme en hausse, une inflation redoutée

François Villeroy de Galhau, intervenant lors d’une conférence à Lyon, a mis en garde contre l’orientation probable de la nouvelle administration Trump. Selon lui, les États-Unis pourraient faire preuve de "plus de protectionnisme", ce qui mènerait à "plus d'inflation, au moins aux États-Unis, et à priori moins de croissance partout dans le monde". Ce virage économique, centré sur une démondialisation progressive, fait craindre une augmentation du déficit budgétaire américain et des tensions commerciales, notamment avec l’Europe, qui pourrait bien en payer le prix fort.

Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Asteres s’inquiète également de ce protectionnisme renforcé. Trump, durant son premier mandat, avait déjà imposé des taxes sur l’acier et l’aluminium importés d’Europe. Il envisage désormais d’étendre ces taxes à tous les produits européens, avec des droits de douane pouvant atteindre 20 %. « Ce serait évidemment une mauvaise nouvelle pour l’Europe et pour la France », souligne Bersinger. Les États-Unis, bien qu’ils ne soient que le quatrième partenaire commercial de la France, restent un client de taille, avec 45 milliards d’euros d'exportations françaises en 2023.

L’Europe face à un réveil stratégique

Face à ces menaces économiques, Villeroy de Galhau appelle à une remobilisation européenne : "L'élection américaine doit sonner le réveil européen" après "un long engourdissement". Il pointe notamment le "retard technologique" de l’Europe et la division politique entre les États membres, rappelant la nécessité d'une stratégie collective pour mieux valoriser ses ressources et ses entreprises. Le banquier central plaide pour une union des marchés de capitaux (UMC), projet visant à canaliser l'épargne européenne vers des investissements locaux, en réponse aux centaines de milliards d’euros annuels investis hors du continent, principalement aux États-Unis.

Les divergences entre la France et l’Allemagne sur les modalités de cette union des marchés de capitaux freinent toutefois sa mise en œuvre. Dans ce contexte, Stéphanie Villers, économiste au cabinet PwC, rappelle que la France et l’Allemagne risquent de prendre des mesures divergentes si les États-Unis mettent en place des taxes douanières. L’Allemagne, premier exportateur européen vers les États-Unis avec 150 milliards d’euros de produits exportés en 2023, pourrait défendre des mesures plus agressives que la France, accentuant les divisions politiques en Europe.

Une opportunité pour l’indépendance économique européenne ?

Pour certains analystes, la politique protectionniste américaine pourrait aussi être une opportunité pour l’Europe de renforcer son autonomie. Stéphanie Villers estime que le retour de Trump pourrait inciter l’Europe à « accélérer une politique de rétorsion » en ligne avec le protectionnisme américain. Elle rappelle que l’Europe a déjà entamé une réflexion sur des droits de douane plus élevés pour certaines importations chinoises, et voit en Trump un allié pour renforcer cette orientation.

Philippe Crevel, spécialiste des questions économiques, se montre plus prudent. Si la nouvelle orientation américaine encourage une production locale au détriment des importations, cette tendance pourrait également freiner la croissance et créer un "cercle vicieux" d'exacerbation des tensions internationales. Il met également en garde contre le risque de bulle spéculative aux États-Unis, alors que Trump prévoit une baisse des taux d’intérêt pour stimuler la consommation. Ce type de politique, similaire à celle ayant conduit aux crises des subprimes en 2008, pourrait peser sur les économies interconnectées de la planète. 

En somme, la victoire de Trump vient bouleverser les perspectives économiques européennes et françaises, entre risques accrus et opportunités d’autonomie. Ce mandat pourrait être une épreuve pour l’Europe, mais aussi un possible catalyseur d’une stratégie économique commune, plus résiliente face aux enjeux mondiaux.

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