Le vendredi 13 juin 2008 aura plus que jamais apporté son lot de malchance. Les plus sportifs d’entre vous se souviendront du naufrage de l’équipe de France 4 à 1 contre les Pays-Bas à l’euro 2008, une raclée pas vue depuis 50 ans dans le foot français. Les autres auront noté le rejet européen par les électeurs irlandais.
Ce vendredi donc, 54% des électeurs irlandais ont voté contre le referendum du traité de Lisbonne, mettant un gros coup d’arrêt à la construction européenne. Ce minuscule pays de 3 millions d’électeurs laisse donc en berne près d’un demi-milliard d’européens. Certes il fait suite aux rejets français et néerlandais (tiens encore eux), pays pour lesquels un référendum avait été proposé en 2005 aux électeurs, mais l’Irlande est un cas à part.
En effet, cette minuscule île agricole est devenue en quelques années l’un des pays les plus riches d’Europe, en réalité c’est même celui où les habitants ont le plus haut niveau de vie, juste derrière le Luxembourg. Un miracle ? Que nenni, simplement l’injection massive de subventions par l’union européenne puisque l’Irlande est le pays qui en a quasiment le plus bénéficié.
Que s’est il donc passé dans la tête des irlandais ? Ces gens
là n’ont-ils aucune reconnaissance du ventre ? Devenus prospères il est vrai
qu’un vent d’indépendance parcourt le pays, les griefs contre l’Europe sont à
quelques détails près les mêmes qu’en France : les irlandais rêvent de choses
simples et lisibles et on leur propose le meilleur (ou le pire cela dépend de
quel côté on se place) de la technocratie européenne.
Ce traité de Lisbonne est
d’une complexité sans limite et les dirigeants européens doivent se mettre dans
la tête qu’on ne propose pas de faire voter le peuple sur des choses si
obscures. Non que l’électeur ne les comprenne pas, mais il a élu des gens pour
ce travail et lors des référendums il est classique qu’il exprime son
mécontentement sur d’autres sujets. La vie chère, l’euro qui flambe, le pétrole,
le chômage, les retraites, bref tout et n’importe quoi.
D’autant qu’on fait voter le peuple sur des sujets complexes mais sur des sujets simples, lisibles et surtout importants, rien ! Citons pêle-mêle, les élargissements massifs de 2004 et de 2007 ou encore les débats économiques.
L’Europe n’est certes pas morte puisque 18 pays sur 27 ont d’ores et déjà ratifié le traité de Lisbonne, la grande majorité d’entre eux l’a d’ailleurs fait par la voie législative. Désormais il nous reste à espérer que 26 pays diront oui mais par pitié retenons la leçon des référendums au plus vite.
En terme économique, l’euro n’a pas trop souffert de cet échec majeur lors de la séance de vendredi. Il est cependant dans une petite spirale de correction face au billet vert et devrait continuer son mouvement dans les prochaines semaines car fondamentalement la nouvelle est un signal clair à rééquilibrer un peu les monnaies au vu des pieds d’argile du colosse européen. Il nous reste également à espérer que le baril suivra la même pente descendante sinon l’effet ciseau d’un euro en baisse et d’un pétrole en hausse nous servira le deuxième effet Kiss Cool, cette fois-ci sur l’économie.