Lorsque les indices boursiers atteignent des sommets historiques, il est naturel de se demander s'il est trop tard pour acheter, ou s'il est temps de vendre. En réalité, les investisseurs particuliers manquent souvent de recul quant aux véritables moteurs d'un marché haussier, qui, par nature, dure généralement plus longtemps qu'un marché baissier. Il est clair que ces hausses reflètent davantage une solidité fondamentale des entreprises qu'une spéculation excessive.
Historiquement, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'analyse des performances des indices actions montre qu'investir proche des sommets peut se révéler rentable sous certaines conditions. En 2024, Wall Street a de nouveau enchaîné des plus hauts historiques, et à l’approche de la fin de l’année, la barre des 6 000 points semble à portée. Dans ce contexte, il est compréhensible que certains investisseurs craignent une correction importante.
Performances des actions après des plus hauts historiques
Les records historiques atteints font craindre une spéculation excessive imminente et, comme souvent, la peur des investisseurs particuliers de monter à bord trop tard. Bien que ce sentiment ne soit pas totalement infondé, l'évolution structurelle des marchés financiers au fil des décennies invite à relativiser ces craintes, au point que le comportement des acteurs du marché en est progressivement transformé.
Un simple graphique suffit à démontrer que les performances annuelles des grandes capitalisations boursières américaines après des records historiques depuis 1926 restent solides, dissipant ainsi toute inquiétude superflue, selon les données de Schroders.
En moyenne, sur une période de 12 mois après un pic historique, les performances ajustées de l'inflation atteignent 10,3 %, contre 8,6 % lorsque le marché n'a pas atteint de sommet. Sur un horizon de 2 à 3 ans, les rendements sont même légèrement supérieurs en moyenne. En somme, une série prolongée de records constitue l'un des meilleurs moyens de démocratiser l'investissement en actions dans l'optique de préparer sa retraite.
Un contraste saisissant avec le temps
Un nouveau graphique vous permettra de clarifier définitivement certaines idées reçues. Si vous aviez commencé à investir en 1926 en suivant une stratégie d'achat et de conservation (buy & hold), la valeur de votre portefeuille aurait augmenté de manière exponentielle. En revanche, si vous aviez effectué des allers-retours vers des placements sans risque chaque fois que le marché atteignait un sommet, votre retour sur investissement, ajusté pour l'inflation, aurait été relativement faible.
Bien que ce graphique couvre une période d'un siècle, horizon auquel les investisseurs se projettent rarement, un délai d’investissement plus réaliste de 5 à 10 ans impliquerait de laisser échapper des gains en cas de repli après chaque nouveau sommet historique. Cependant, les années 1970 et 2000 ont été marquées par des périodes de stagnation liées aux pressions inflationnistes sur les matières premières, prolongeant ainsi le retour à l’équilibre, qui prenait en moyenne environ 14 ans.
Une approche d'investissement à la portée de tous
Un marché haussier tend à durer plus longtemps, non seulement en raison des fondamentaux intégrés dans les cours, mais aussi par effet du comportement des investisseurs. Lorsqu'un sommet historique devient un niveau de résistance pour une action sur une période prolongée, cela peut annoncer un effondrement imminent de son cours. Cependant, quel que soit le secteur d'activité, toute action conserve un caractère cyclique.
Evolution du cours de Schneider Electric en unités hebdomadaires
Par exemple, pour Schneider Electric en unités hebdomadaires, l'action a rencontré une résistance durable en atteignant ses sommets de décembre 2021. Dans ce contexte, la meilleure approche consistait à patienter plus longtemps en identifiant un support clé et en attendant sa confirmation.
Conclusion
En résumé, il est tout à fait compréhensible que les investisseurs se heurtent à des barrières psychologiques lorsque les indices boursiers atteignent des sommets historiques, par crainte d'une explosion imminente de bulle ou d'un essoufflement du marché haussier. Pourtant, en prenant du recul, les données statistiques montrent qu'investir à des niveaux élevés ne doit pas nécessairement susciter la peur. Cela n’exclut cependant pas la nécessité pour les investisseurs de suivre une stratégie efficace et durable.
Ces statistiques historiques, qui peuvent encourager l'optimisme, ne bénéficient qu'à ceux qui en ont profité dans le passé. De plus, les performances passées ne préfigurent en rien les résultats futurs, surtout si la période à venir est marquée par des pressions inflationnistes.