Après une longue attente, la FED a enfin franchi un cap décisif en abaissant ses taux, non pas de 25 mais de 50 points de base, emboîtant ainsi le pas à la BCE. Alors que l'inflation aux États-Unis se rapproche de l'objectif des 2 %, cette décision met fin à une période d'incertitude, offrant au marché l'opportunité de se concentrer sur de nouveaux catalyseurs.
En théorie, une baisse des taux améliore les conditions de financement aux entreprises et stimule la demande. Mais cette tendance se traduit-elle concrètement en Bourse ? Si certains secteurs vont pleinement en profiter, rien n'est acquis pour les autres, du moins dans les mois et les trimestres qui suivent les annonces de baisse de taux.
Alors que les avis divergent, certains analystes anticipent un regain d'optimisme alimenté par la peur de manquer des opportunités (FOMO), rappelant la frénésie des années 2010. D'autres, plus prudents, évoquent de potentiels risques systémiques, tels que ceux qui ont conduit à la crise de 2008. Quoi qu'il en soit, dans ce nouvel environnement monétaire, il est crucial pour les investisseurs de réévaluer leurs stratégies et d'ajuster leurs portefeuilles en conséquence. Les secteurs gagnants seront-ils les mêmes pour tous ? Les arbitrages pourraient-ils s'avérer plus complexes qu'il n'y paraît ?
Des raisons d'être optimistes à long terme
Historiquement, si elles se poursuivent jusqu'à un certain point, les baisses des taux ont des effets positifs à plus long terme sur les marchés financiers qui se traduisent par l'appréciation des multiples de valorisation boursières. Cela s'explique par l’allégement du coût de la dette, une progression de la capacité d'épargne, et des intentions des entreprises à investir plus dans leur croissance future.
Cependant, les secteurs sont-ils logés à la même enseigne pour profiter de cette tendance ? Le consensus pense que les entreprises technologiques seront les principales gagnantes. Leurs modèles économiques ont considérablement évolué depuis la bulle Internet, et la baisse des taux favorisera l'investissement dans l'innovation à moindre coût. Du côté des autres secteurs, l'immobilier et les utilities ont historiquement tendance à bien se comporter, en raison de leur forte sensibilité aux taux longs, tandis que les secteurs cycliques affichent des performances plus contrastées.
Cela dit, la psychologie des marchés peut parfois surprendre, déjouant toute logique rationnelle. Les investisseurs doivent garder à l'esprit que la Bourse anticipe les nouvelles bien avant leur officialisation, ce qui implique des ajustements en amont des événements.
Une relation contre-intuitive des indices boursiers face à la baisse des taux
Un graphique vaut mieux qu'un long discours, et cela s'applique aussi aux taux directeurs des banques centrales. Ce qui compte véritablement, ce n'est pas seulement leur orientation à la hausse ou à la baisse, mais la rapidité avec laquelle ces mouvements s'opèrent. L'exemple du S&P 500 le montre bien : il peut prospérer dans un contexte de hausse des taux, à condition que celle-ci soit progressive. Contrairement à 2022, où l'inflation galopante, exacerbée par le conflit russo-ukrainien, a forcé des hausses rapides et brutales.
Evolution du S&P 500 et des taux directeurs de la FED
Paradoxalement, les actions peuvent réagir défavorablement à une baisse des taux, surtout lorsque la FED les réduit drastiquement pour des raisons préoccupantes. Cela peut susciter des craintes d'un retour de l'inflation, d'un ralentissement économique menaçant de se transformer en récession, ou pire encore, d'une combinaison des deux, évoquant ainsi le spectre redouté de la stagflation.
Sans préjuger de ce qui ses passera dans les mois à venir, cela suppose donc que les secteurs forts comme la technologie ou les mega caps (Nvidia, Microsoft, Apple) pourraient connaître une période de sous-performance par rapport à la moyenne du marché. Vu qu'ils amassent la majorité des flux institutionnels et possèdent une pondération majeure du S&P 500, il n'est pas à exclure une correction d'une ampleur importante, même dans l'éventualité d'un soft landing.
Vers un retour des actions à dividendes
La baisse des taux amorcée par la FED va entraîner celle des rendements des placements sûrs tels que les fonds monétaires et les obligations d'Etats. Ce changement notable pourrait favoriser des opportunités sur les actions à dividendes.
Quand les taux d'intérêt baissent par exemple de 5 à 3 % pour un montant de 100 000$ dans un fonds monétaire, le revenu annuel diminue de 40 % de 5000 à 3000$. Ce qui représente une dure réalité que l'investisseur doit faire face s'il ne réagit pas. Mais c'est à ce moment précis qu'intervient l'intérêt des actions à dividendes.
Les dividendes des entreprises solides sont reconnus pour leur stabilité, à l'opposé de l'évolution souvent volatile des taux d'intérêt. Certaines entreprises affichent d'ailleurs un historique de plusieurs décennies de croissance continue de leurs dividendes, sans oublier un bilan financier solide. En général, il s'agit d'actions qui conservent leur valeur à long terme tout en contribuant à faire fructifier votre capital sur la durée.
D'autre part, une baisse des taux favorise permet de stabiliser les marges bénéficiaires et libère davantage de cash pour le versement de dividendes aux actionnaires. Les investisseurs, actuellement surpondérés en fonds monétaires et obligations, constateront la diminution de ces rendements et chercheront des alternatives plus rentables. Où exactement ? Vers les actions à dividendes.
Conclusion
Si une baisse de taux de la FED est à première vue bien perçue pour stimuler la croissance économique mondiale, les effets ne seront pas immédiats. En ce qui concerne l'impact sur les marchés financiers, les résultats apparaissent mitigés. En réalité, ces derniers avaient déjà anticipé cette nouvelle bien avant l'annonce officielle. À court terme, on peut estimer qu'il manque de catalyseurs pour soutenir les indices boursiers. Par la suite, cela pourrait entraîner des prises de bénéfices dans les secteurs leaders, voire des rotations sectorielles qui se concrétiseront progressivement à mesure que le cycle de baisse des taux avancera.
Les secteurs les plus sensibles aux financements de long terme sont aucun doute les grands gagnants comme l’immobilier et, les utilities, tandis que les small caps et les ménages percevront les effets plus tardivement ou de manière marginale. Dans cette équation monétaire, les investisseurs doivent en tirer les conséquences pour ajuster leur allocation de portefeuille.