Worldline en difficulté, 4,2 milliards d'euros de pertes au 1er semestre

Le géant français des paiements affiche une perte nette colossale au premier semestre et revoit à la baisse ses ambitions pour 2025. L’entreprise tente de rassurer après un semestre marqué par une crise de confiance et une série de dépréciations d’actifs.

Le chiffre est vertigineux : Worldline a enregistré une perte nette de 4,22 milliards d’euros au premier semestre 2025. En cause, des dépréciations massives d’actifs liées à son activité "Services aux Commerçants", mais aussi un contexte tendu sur le marché des paiements et une enquête judiciaire en Belgique. L’annonce a été faite ce mercredi 30 juillet, lors de la publication des résultats semestriels du groupe.

En parallèle, le chiffre d’affaires s’établit à 2,20 milliards d’euros, en recul de 3,4 % par rapport à l’an dernier et légèrement inférieur au consensus de 2,22 milliards. Face à cette dynamique, le groupe revoit ses ambitions : Worldline s’attend désormais à une baisse organique de son chiffre d’affaires en 2025, et prévoit un EBE compris entre 825 et 875 millions d’euros pour l’année.

Une stratégie révisée sous tension et des résultats en berne

Déjà en avril, Worldline avait ajusté ses perspectives après avoir initialement tablé en février sur une croissance stable. Mais les obstacles se sont accumulés ces derniers mois. Pierre-Antoine Vacheron, directeur général, n’a pas cherché à minimiser la situation :« Il y a du travail à faire pendant quelques trimestres avant de revenir sur un niveau de croissance cohérent avec le marché », a-t-il reconnu lors d’une conférence téléphonique avec la presse.

En interne, la direction a été remaniée. Srikanth Seshadri remplacera Gregory Lambertie au poste de directeur financier dès le 8 septembre. Ce renouvellement vise à apporter un nouveau souffle à un groupe affaibli par une année de turbulences, notamment depuis la chute spectaculaire de l’action en juin, conséquence directe d’une enquête journalistique internationale pointant ses relations avec des clients jugés à haut risque (HBR).

Suite à cela, la justice belge a ouvert une enquête sur la filiale locale de Worldline. Le groupe a alors confié un audit à Accuracy, cabinet indépendant, pour passer au crible son portefeuille de clients sensibles. Les premières conclusions se veulent rassurantes.

Dépréciation historique et environnement fragilisé

Le choc financier principal provient des 4,1 milliards d’euros de dépréciations comptabilisées sur le premier semestre, exclusivement sur l’activité dédiée aux commerçants. Une charge qui reflète, selon Pierre-Antoine Vacheron, « les défis actuels », mais aussi une adaptation nécessaire à l’évolution du secteur européen du paiement.

Alors que le marché attendait un redressement progressif, Worldline entre dans une phase d’ajustement stratégique, sous le regard attentif des investisseurs, de la justice et des régulateurs. Les prochains trimestres seront décisifs pour restaurer la confiance.

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