Avec le meilleur trimestre de son histoire, UniCredit a pris de court les analystes et relevé ses objectifs annuels, tout en maintenant ses ambitions de rachat son rival Banco BPM malgré la pression politique. 2,8 milliards d’euros de bénéfice net au premier trimestre 2025 : c’est bien au-delà du consensus des experts. Mais derrière ces résultats impressionnants, la banque italienne doit toujours composer avec les coups de frein venus de Rome et Berlin.
La deuxième banque d’Italie a confirmé lundi 12 mai qu’elle visait désormais plus de 9,3 milliards d’euros de bénéfice net pour l’année, contre un objectif antérieur plus prudent. Le chiffre d'affaires a progressé de 9 % sur un an, atteignant 6,6 milliards d'euros, tandis que les analystes n’en espéraient que 2,4 milliards en résultat net pour ce trimestre. C’est donc une démonstration de force, et un message direct du PDG Andrea Orcel à ses actionnaires.
UniCredit pulvérise les attentes avec un bénéfice net de 2,8 milliards d’euros
Dans un communiqué, le patron d’UniCredit n’a pas mâché ses mots : la performance « confirme notre capacité à générer durablement de la valeur, et nous rend confiants pour rehausser encore nos prévisions ». En un an, le bénéfice net a grimpé de 8 %, et dépasse largement les 2,36 milliards d’euros attendus par le marché. Une performance qui permet à Orcel de renforcer sa stratégie, tout en maintenant le cap sur les acquisitions ciblées, qu’il juge encore prioritaires.
La banque garde en ligne de mire Banco BPM, la troisième banque italienne, malgré une tentative de rachat désormais gelée. Début 2025, UniCredit avait formulé une offre publique d’échange valorisée à 10,1 milliards d’euros, mais l’opération a été qualifiée de « hostile » par BPM. Ce projet, validé par les autorités financières, s’est ensuite heurté au veto du gouvernement italien, qui a activé son "golden power" pour imposer des conditions drastiques.
Banco BPM et Commerzbank : des projets freinés par les gouvernements
Rome exige notamment qu’UniCredit n’abandonne aucun prêt aux ménages ou aux entreprises pendant cinq ans, et qu’elle maintienne les investissements dans le pays via le fonds Anima. Une ingérence mal perçue par Andrea Orcel, qui a prévenu que ces contraintes pouvaient nuire à la capacité de décision prudente et saine de la banque.
En parallèle, la stratégie européenne d’expansion du groupe est aussi freinée du côté allemand. La participation de 28 % dans Commerzbank reste bloquée face à l’opposition du gouvernement de coalition, peu enclin à voir une banque italienne prendre la main sur une institution stratégique. La participation de 6,7 % dans l’assureur Generali, elle, reste un levier potentiel, mais Orcel s’est montré plus évasif sur cette piste.
Une stratégie de croissance "sélective", axée sur la création de valeur
Andrea Orcel l’a rappelé : UniCredit n’ira pas sur tous les fronts. Les acquisitions ne seront poursuivies que si elles renforcent le "cas unique" de la banque, selon ses propres mots. En clair, pas question de racheter pour racheter : il s’agira d’opportunités jugées capables de bénéficier à toutes les parties prenantes, actionnaires comme clients.
La banque semble donc jouer sur deux tableaux : afficher une solidité financière indiscutable, tout en ménageant ses options de croissance, à condition que les États n’en barrent pas le chemin. D’ici là, les marchés suivront de près les prochaines annonces du groupe, qui semble prêt à ajuster encore ses ambitions d’ici la fin de l’année.
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