L’assurance-vie est l’un des placements préférés des Français. Elle pèse 1 900 milliards d’euros d’encours ! Pourtant, une assurance-vie n’est pas toujours performante et de nombreux épargnants retrouvent enfermés dans des contrats avec de faibles rendements ou des frais trop élevés.
Si le transfert de l’épargne vers un contrat d’assurance-vie plus avantageux semble une solution évidente, la réalité est plus nuancée.
Quand le piège de l’assurance-vie se referme sur les épargnants
Isabelle a toujours été une cliente fidèle de sa banque. Elle y a ouvert une assurance-vie au début des années 2000 sur les conseils de son conseiller. Depuis, son épargne a fait des petits : une plus-value coquette dont elle compte profiter à la retraite.
Mais récemment, alors qu’elle compare la performance de son épargne à celle des meilleures assurances-vie de 2025 (tous les ans des classements en ligne comparent les assurances-vie du marché), Isabelle se rend compte que les performances de son contrat sont très médiocres. En outre, depuis plus de 20 ans elle paye des frais d’entrée sur chacun de ses versements alors que la plupart des assurances-vie en ligne en sont exemptes !
Déçue, le premier réflexe d’Isabelle a été de vouloir clôturer son assurance-vie pour changer de crémerie. Mais son banquier lui explique alors que fermer son assurance-vie entraînerait des prélèvements sociaux et une imposition pour un montant supérieur à plusieurs milliers d’euros. En outre, en ouvrant une nouvelle assurance-vie, elle perdrait les avantages fiscaux obtenus huit ans après son ouverture. “À ce moment-là, je me suis sentie piégée, j’ai eu le sentiment que je n’avais pas le choix de conserver cette assurance-vie vieillissante et peu performante”.
C’est pour éviter ces situations de blocage que la loi PACTE prévoit la possibilité de transférer un contrat existant vers une autre assurance-vie, sans payer d’impôts et en conservant l’antériorité fiscale.
Loi pacte : une avancée limitée pour transférer son assurance-vie
Adoptée en 2019, la loi Pacte devait redonner la liberté aux épargnants. En théorie, elle permet aux assurés de changer d'assurance-vie et ainsi de se tourner vers un contrat plus performant. Mais en pratique les restrictions sont fortes.
Le transfert PACTE n’est possible qu’au sein de la même compagnie d’assurances. Autrement dit, un épargnant souhaitant basculer vers un contrat plus avantageux proposé par une autre compagnie n’aura pas d’autres choix que de fermer son assurance-vie actuelle avec les conséquences fiscales que cela entraîne. Il n’est donc pas possible de faire jouer la concurrence.
L’épargnant reste ainsi tributaire de la qualité des contrats commercialisés par sa compagnie d’assurance. Et, bien que partielle, cette transférabilité offre, a priori, une porte de sortie pour les épargnants insatisfaits de leur contrat actuel car la plupart des assureurs ont un catalogue d’assurance-vie assez diversifié. Mais vous pourriez bien rencontrer d’autres obstacles.
Le transfert : une procédure entravée par les assureurs
L'expérience montre que même au sein de la même compagnie d’assurances, le transfert d’une assurance-vie est loin d’être fluide. Car tous les assureurs ne jouent pas le jeu !
Peu enclins à voir leurs clients migrer vers des contrats prélevant moins de frais et donc moins rémunérateurs pour la compagnie, certains imposent des délais excessifs ou refusent tout simplement d’opérer le transfert.
C'est particulièrement vrai lorsqu’un client veut changer de courtier. “Un même assureur peut travailler avec plusieurs courtiers différents, cela peut être une banque, des conseillers en gestion de patrimoine, ou des courtiers en ligne”, précise Hugo Bompard, président de Finance Héros, “or, chaque courtier négocie les conditions de ses assurances-vie avec l’assureur. Le client d’un courtier peut vouloir aller chez un autre courtier du même assureur si celui-ci a de meilleures conditions tarifaires. La loi PACTE prévoit que cela soit possible mais la compagnie d’assurances freine des quatre fers car elle ne veut pas créer de guerre interne entre ses courtiers. Il faut bien comprendre qu’en changeant d’assurance-vie, l’ancien courtier n’est plus rémunéré.”
Pour ne pas appliquer la loi, les compagnies d’assurances se défendent en mettant en avant leur propre interprétation du texte. Si la loi PACTE donne le droit aux épargnants de transférer une assurance-vie, celle-ci ne les y oblige pas. Pour forcer l’assureur à effectuer un transfert, Hugo Bompard, recommande “de s’adresser directement à la compagnie d’assurance, sans passer par le courtier, qui peut faire de la rétention d’information. Le mieux est d’envoyer sa demande par lettre recommandée et détaillant bien les modalités de transfert. En cas de refus, les épargnants peuvent saisir le médiateur pour mettre un maximum de pression. In fine, les transferts se font, mais il faut se montrer déterminé et persévérant !”.
Il faudra s’armer de courage. Et cela est d’autant plus frustrant que les assureurs sont habitués à réaliser des transferts sur le plan d’épargne retraite (PER) sans que cela ne pose problème. Si vous êtes insatisfait de votre PER, vous pouvez facilement le transférer chez un autre courtier et même un autre assureur sans que cela ne pose problème ! Vous pouvez donc faire jouer la concurrence sur le PER et régulièrement choisir le meilleur PER du marché.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés