Le géant automobile Stellantis, fruit de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, traverse une période d’instabilité majeure. Ce dimanche, Carlos Tavares, directeur général emblématique du groupe, a démissionné « avec effet immédiat », invoquant des « divergences de vue » avec le conseil d'administration. Cette décision, bien que surprenante, intervient dans un contexte de turbulences financières et stratégiques pour l’entreprise.
Une sortie précipitée
Le départ soudain de Carlos Tavares a pris de court l’industrie automobile. Alors que son mandat était censé courir jusqu’en janvier 2026, le conseil d’administration a annoncé qu’un nouveau directeur général serait désigné au cours du premier semestre 2025. En attendant, John Elkann, président du groupe, assurera la direction intérimaire, épaulé par un comité exécutif temporaire.
La démission inattendue reflète des tensions internes. Henri de Castries, administrateur de Stellantis, a précisé que des « divergences de points de vue » avaient émergé ces dernières semaines entre les actionnaires, le conseil et le directeur général. Une déclaration qui souligne des désaccords profonds sur la stratégie à adopter face à un marché automobile en pleine mutation.
Une carrière marquée par des succès
Carlos Tavares, 65 ans, laisse derrière lui un héritage significatif. Après une carrière de près de 40 ans dans l’automobile, notamment chez Renault, il a rejoint PSA en 2014, alors en difficulté financière. Sous sa direction, PSA a connu une transformation spectaculaire, marquée par le redressement d’Opel et la création de Stellantis en 2021. Cette fusion ambitieuse avait pour objectif de renforcer la compétitivité du groupe face à des géants comme Volkswagen et Toyota.
Cependant, les récents résultats financiers ont terni cette réussite. Au premier semestre 2024, Stellantis a enregistré une forte baisse de ses bénéfices, avec des ventes en chute libre de 18 % en Amérique du Nord, sa principale source de revenus. Tavares avait pourtant promis un redressement dès la fin de l’année, mais les tensions internes semblent avoir précipité son départ.
Une transition à risques
La décision du conseil d’administration de remplacer Tavares, bien que surprenante, s’inscrit dans une logique de repositionnement stratégique. Le groupe devra désormais naviguer dans un contexte économique difficile, marqué par la transition énergétique, la montée en puissance des véhicules électriques et la pression des investisseurs. Le successeur de Tavares aura la lourde tâche de redéfinir les priorités de Stellantis tout en rassurant les marchés et les employés.
John Elkann, dans un message adressé au personnel, a salué le « rôle crucial » de Carlos Tavares dans la création de Stellantis et a insisté sur l’engagement du groupe à poursuivre sa vision ambitieuse. Mais le défi est immense : relancer les ventes, restaurer la confiance des actionnaires et assurer une transition harmonieuse au sommet de l’entreprise.
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