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Sanofi se prépare à vendre le Doliprane : un deal à 15 milliards d'euros


Actualité publiée le 07/10/24 10:44

Sanofi, le géant pharmaceutique français, s'apprête à tirer un trait sur l'une de ses marques les plus emblématiques : Doliprane. Ce médicament, véritable pilier des armoires à pharmacie des Français, pourrait bientôt changer de propriétaire, dans le cadre de la vente de la branche "grand public" de Sanofi, baptisée Opella. Le lundi 23 septembre marquait en effet la date limite de dépôt des offres d'achat, et le processus de vente est désormais en phase finale.

Pourquoi Sanofi vend-il Doliprane ?

Sanofi, comme d'autres grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux, a fait le choix stratégique de se recentrer sur des traitements innovants à haute valeur ajoutée, délaissant des médicaments plus classiques. Ainsi, même si le Doliprane génère à lui seul 8 % des 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires de la division grand public de Sanofi, il n’est plus considéré comme un produit assez rentable au regard des ambitions de la firme. Aujourd'hui, une boîte de Doliprane est vendue environ 2,15 €, dont 75 centimes seulement reviennent à Sanofi. En comparaison, des médicaments comme Dupixent (utilisé pour traiter l'asthme) sont commercialisés à des prix astronomiques, autour de 600 € l'injection, avec un potentiel de générer plus de 10 milliards d’euros en 2025.

Sanofi suit ainsi la voie déjà tracée par son concurrent Novartis, qui a cédé sa filiale Sandoz pour se concentrer sur des produits plus lucratifs.

Les offres en lice et un futur incertain pour les sites de production

À ce stade, deux fonds d’investissement ont fait une offre pour racheter Opella, la division contenant le Doliprane : le fonds français PAI Partners et l'américain CD&R. Le montant de la transaction est estimé à 15 milliards d’euros. Cependant, une incertitude plane quant au sort des deux sites de production situés à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise), qui emploient 600 personnes. Les deux fonds d'investissement ne sont pas particulièrement connus pour leurs politiques sociales généreuses, et la délocalisation est un risque. Selon Nathalie Coutinet, économiste de la santé, "les fonds d’investissement ne sont pas réputés pour leur politique sociale avant-gardiste".

Pour tenter de limiter ce risque, la Banque publique d'investissement (BPI), bras financier de l'État, pourrait intervenir de manière minoritaire pour maintenir une part de contrôle français. Le gouvernement pourrait également envisager de faire inscrire le Doliprane sur la liste des médicaments génériques, ce qui réduirait immédiatement son prix de 60 %, une perspective redoutée par Sanofi.

Un enjeu de souveraineté sanitaire

La vente de Doliprane suscite de vives préoccupations au sein du gouvernement. La crise du Covid-19 a révélé la dépendance de la France vis-à-vis des importations de paracétamol, le principe actif du Doliprane. Actuellement, celui-ci est produit en Chine, en Inde, en Turquie ou encore aux États-Unis, tandis que les sites français de Sanofi se contentent d’assembler les ingrédients et de conditionner les comprimés. Pour pallier cette dépendance, l’État a annoncé la construction d'une usine de production de paracétamol à Roussillon (Isère), qui devrait voir le jour en 2026. D’ici là, le nouvel acquéreur du Doliprane aura toute latitude pour décider de l’avenir des deux sites de production français.

Cette vente pourrait également créer un précédent préoccupant pour d'autres laboratoires français. Le cas de Servier, qui envisage de vendre sa division de médicaments génériques Biogaran pour 800 millions d'euros, est suivi de près par le gouvernement, soucieux d’éviter une prise de contrôle étrangère.

Un dilemme national

Le futur acquéreur du Doliprane aura non seulement à gérer une marque emblématique en France, mais aussi à naviguer dans un contexte politique et social tendu. Le gouvernement souhaite préserver des emplois en France et garantir la continuité de l'approvisionnement, mais la priorité de Sanofi semble être la maximisation de la valeur pour ses actionnaires. "Le calendrier de séparation de l'activité santé grand public a pour objectif de maximiser la création de valeur et de récompenser les actionnaires", a déclaré Sanofi.

Le dénouement de cette affaire, attendu d’ici à la fin de l’année, marquera donc une étape importante dans la réorganisation du secteur pharmaceutique en France. Que ce soit le fonds français PAI ou l’américain CD&R, l'enjeu est de taille : il s'agit de trouver un équilibre entre les considérations économiques et les impératifs de souveraineté sanitaire.

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