Le bruit a couru tout le week-end, il a été confirmé ce lundi matin : Renault est en discussions avec le gouvernement français pour implanter une ligne de production de drones militaires directement en Ukraine. Ce projet, révélé vendredi par le ministre des Armées Sébastien Lecornu sur LCI, impliquerait un partenariat inédit entre le constructeur automobile et une PME française spécialisée dans la défense.
Renault, contacté par l’agence Agefi-Dow Jones, a confirmé l’existence de ces pourparlers : « Nous avons été contactés par le ministère des Armées pour la mise en place d’un tel partenariat. Aucune décision n’a été prise à ce stade, car nous attendons notamment des précisions sur ce projet de la part du ministère », a indiqué une porte-parole du groupe. L'annonce a immédiatement fait bondir le titre en bourse : +2,1 % à 43,89 euros vers 10h20, signant la meilleure performance du CAC 40 ce matin.
Une initiative française dans un contexte de guerre prolongée
Trois ans après l’invasion russe, l’Ukraine est devenue un terrain d’innovation militaire intensif, notamment dans le domaine des drones. Le pays prévoit l’utilisation de 4,5 millions de drones sur l’année 2025 pour ses opérations tactiques. Un besoin colossal, que ce projet franco-ukrainien pourrait en partie combler.
Le ministre des Armées a précisé que les employés français ne seraient pas mobilisés sur le sol ukrainien : « En Ukraine, vous avez déjà des entreprises qui sont raccrochées ou attachées à des intérêts français, donc il n’y a pas besoin en plus de demander à des citoyens français d’y aller », a assuré Sébastien Lecornu. L’objectif est donc clair : équiper localement l’Ukraine, sans exposer de personnel français à des risques directs.
Ce projet, s’il voit le jour, permettrait à Renault de mettre son savoir-faire industriel au service d’une stratégie de défense européenne, dans un cadre inédit pour le groupe : la fabrication d’armement tactique en zone de conflit.
Pourquoi Renault pourrait jouer un rôle clé dans ce virage militaire
Le choix de Renault, plutôt qu’un acteur traditionnel de l’armement, peut surprendre. Pourtant, l’entreprise dispose de capacités logistiques, d’assemblage et d’innovation qui intéressent l’État. Le projet reposerait sur une association avec une PME française déjà active dans la filière défense, capable de fournir l’expertise technologique nécessaire.
Parmi les éléments qui rendent cette coopération envisageable :
- Renault dispose de chaînes de production flexibles et éprouvées en matière de déploiement à l’international.
- Le gouvernement cherche à accélérer la montée en puissance industrielle ukrainienne, tout en impliquant des entreprises françaises.
- Le projet permettrait à Renault de diversifier ses activités, dans un secteur stratégique soutenu par l'État.
Cette manœuvre industrielle s’inscrit dans une volonté plus large de soutien militaire européen à l’Ukraine, tout en préparant l’après-conflit en intégrant des acteurs civils à la reconstruction et à la souveraineté technologique.
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