Le 28 mai 2025, Antonio Filosa devient le nouveau patron de Stellantis. Un nom encore discret dans les cercles médiatiques, mais un visage familier pour les équipes de Fiat, PSA ou Jeep. En prenant la relève de Carlos Tavares, figure emblématique du redressement industriel, Filosa change le ton. Et peut-être le cap. Dans un contexte économique tendu et une industrie en mutation accélérée, cette transition ne doit rien au hasard.
Le géant automobile, né de la fusion entre Fiat Chrysler et PSA, cherche à réconcilier ses identités, ses marques et ses talents. Après des années marquées par l’austérité managériale et une gestion centrée sur la performance financière, Stellantis ouvre une nouvelle page avec un leader plus accessible, plus fédérateur. Ce Napolitain au parcours international arrive avec une réputation : celle d’un homme de terrain, apprécié pour sa proximité avec les équipes et sa capacité à apaiser les tensions internes.
Qui est Antonio Filosa, ce discret stratège nommé par Elkann ?
Fidèle à Fiat depuis 1999, Antonio Filosa a gravi les échelons en Amérique du Sud et aux États-Unis, s’illustrant notamment dans des contextes instables où d’autres auraient échoué. Diplômé du Politecnico de Milan, il incarne une génération de dirigeants au profil hybride, mêlant expertise opérationnelle et finesse relationnelle. Sa nomination, validée par John Elkann, président de Stellantis et héritier de la dynastie Agnelli, marque un retour aux sources pour le constructeur, longtemps dominé par la culture PSA.
Cette volonté de réunifier le groupe après plusieurs années de dualité franco-italienne ne se limite pas à un symbole. Elle s’incarne dans une série de choix qui visent à équilibrer les pôles de décisions, donner plus de visibilité à la marque Fiat en Europe, et renforcer la cohésion entre les marques américaines comme Jeep et RAM et les européennes comme Opel ou Peugeot.
Une industrie sous pression et un héritage lourd à porter
Le départ de Carlos Tavares n’a pas été anodin. Connu pour ses tableaux Excel, sa rigueur extrême et ses résultats spectaculaires, il a laissé une empreinte forte. Mais cette performance a eu un prix : des tensions sociales, une innovation ralentie et un sentiment croissant d’inefficacité dans l’organisation. En Italie, certains syndicats n’ont pas caché leur soulagement. Tavares avait rationalisé, mais il avait aussi divisé.
Filosa, lui, devra composer avec une situation bien plus explosive. 2024 a marqué un coup d’arrêt brutal pour Stellantis : des marges fragilisées par les droits de douane américains, une réglementation européenne de plus en plus contraignante sur les véhicules thermiques, et la montée en puissance des constructeurs chinois comme BYD, qui cassent les prix sur l’électrique.
« Le sort de notre secteur se joue cette année », a récemment alerté Elkann.
Stellantis, dont le modèle repose sur 14 marques réparties sur trois continents, se retrouve en équilibre instable. L’année 2025 pourrait être décisive : Filosa aura la tâche délicate de relancer une dynamique d’innovation, tout en préservant la rentabilité et l’emploi sur les principaux sites européens.
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