Il y avait de quoi se frotter les mains chez Nvidia après la publication des résultats du premier trimestre 2025 : un chiffre d’affaires stratosphérique, des ventes de puces IA en forte hausse, et une performance qui dépasse les attentes des analystes. Pourtant, la fête a été rapidement ternie par une annonce inattendue : pour le trimestre en cours, le géant des semi-conducteurs prévoit un ralentissement de ses ventes, principalement à cause de nouvelles restrictions imposées par les États-Unis à l’encontre de la Chine.
Mercredi soir, le groupe californien a officialisé une estimation de 45 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour le T2, soit légèrement en dessous des prévisions de 45,9 milliards établies par LSEG. La cause de cette baisse ? La décision de l'administration Trump de bloquer les exportations vers Pékin de certains composants critiques, comme les puces H20, qui représentaient jusqu’à récemment le seul modèle légalement exportable vers la Chine.
Ce que Nvidia perd à cause de la Chine
Les nouvelles restrictions américaines ont eu un impact immédiat : 2,5 milliards de dollars de ventes de puces H20 ont été perdues sur les trois premiers mois de l’année. Nvidia précise toutefois avoir tout de même encaissé 4,6 milliards sur ces composants très demandés, grâce à un effet d’anticipation de certains clients chinois.
La Chine représente aujourd’hui 12,5% du chiffre d’affaires global de Nvidia. Un poids conséquent, qui explique l’inquiétude des marchés. Le groupe estime que la charge liée aux restrictions atteindra 8 milliards de dollars pour le deuxième trimestre. En avril, cette même charge avait été estimée à 5,5 milliards — une explosion des coûts qui oblige Nvidia à revoir sa trajectoire à court terme.
En réaction, les marchés sont restés étonnamment sereins. Le titre a progressé de 4% en après-Bourse, preuve que la solidité globale du modèle économique de Nvidia rassure encore les investisseurs. Il faut dire que la performance annuelle du titre est déjà impressionnante : après une année 2024 marquée par un engouement historique autour de l’intelligence artificielle, l’action reste stable en 2025 malgré la tempête géopolitique.
Pourquoi les géants du cloud ne lâchent pas Nvidia
Malgré les incertitudes liées à l’export, la demande ne faiblit pas du côté des géants américains du cloud. Microsoft et Alphabet continuent d’investir massivement dans leurs infrastructures d’IA, s’appuyant en grande partie sur les GPU Nvidia pour faire tourner leurs modèles.
Pour ce premier trimestre, Nvidia affiche un bénéfice ajusté de 81 cents par action, en ligne avec la diversité des estimations des analystes, certaines étant nettement plus optimistes. Le consensus tablait sur 93 cents, mais la volatilité des données liées aux restrictions rendait toute prévision hasardeuse.
La direction se veut rassurante. Grâce à sa capacité à réutiliser certains matériaux et à reconfigurer son offre produit, Nvidia indique avoir limité l’impact immédiat des sanctions. Mais l’avenir reste incertain : tout dépendra des choix stratégiques de l’administration américaine dans les mois à venir, et de la capacité de la Chine à s’émanciper des technologies occidentales.
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