Legrand mise gros sur les data centers… et ça paie. C’est un virage qui ne fait pas de bruit, mais qui rapporte gros. Le groupe français Legrand, connu pour ses équipements électriques, s’impose discrètement comme un acteur-clé des centres de données. Résultat immédiat : une envolée de 12,3 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre 2025, atteignant 2,28 milliards d’euros. Dans un contexte économique marqué par les incertitudes douanières, cette performance confirme la solidité de la stratégie du groupe.
Basé à Limoges, Legrand affiche également une progression de 6,3 % de son bénéfice net, qui atteint 293 millions d’euros. « Legrand enregistre au premier trimestre une forte croissance de ses ventes portée par les centres de données ainsi que des résultats très solides », a commenté le directeur général, Benoît Coquart, lors d'une conférence téléphonique. Il a assuré que les objectifs pour l’année sont maintenus, avec une trajectoire confirmée vers 2030.
Les centres de données, nouveau moteur de croissance
Longtemps resté discret sur ce créneau, Legrand semble désormais déterminé à faire des centres de données le cœur de sa croissance future. Le segment représente déjà 20 % du chiffre d’affaires du groupe en 2024. Ce bond s’explique notamment par l’excellente performance aux États-Unis, où les ventes ont progressé de 20,2 % au premier trimestre. À elle seule, la zone Amérique du Nord et Centrale affiche une croissance organique de +18,7 %, grâce aux offres spécifiques dédiées aux data centers.
En Europe, la situation est plus contrastée. Le continent, qui représente 40,9 % du chiffre d’affaires de Legrand, reste freiné par un marché du bâtiment jugé atone, avec un léger recul de 0,3 % en organique. Mais le groupe compte sur l’équilibre géographique de ses marchés pour maintenir le cap. Aux États-Unis, les infrastructures numériques ont clairement le vent en poupe, et Legrand entend bien en profiter.
Une stratégie 2030 intacte malgré les tensions douanières
Interrogé sur les droits de douane américains, Benoît Coquart n’a pas minimisé l’impact : entre 150 et 200 millions de dollars de coûts supplémentaires sont attendus. Pour y faire face, Legrand active plusieurs leviers : ajustements tarifaires, mobilité de la supply chain et économies ciblées. « Il a un coût significatif pour Legrand [...] qu’on compensera par du pricing, de la mobilité de notre supply chain », a précisé le dirigeant.
Malgré ce contexte, les ambitions restent intactes. Le groupe vise toujours une croissance du chiffre d’affaires comprise entre 6 % et 10 % en 2025, en combinant croissance organique et acquisitions, tout en maintenant une marge opérationnelle ajustée stable autour de 20,5 %. L’objectif final d’ici 2030 : atteindre entre 12 et 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contre 8,6 milliards en 2024.
Legrand poursuit également sa stratégie d’expansion externe. En avril, il a ainsi annoncé le rachat de l’australien Computer Room Solutions (CRS), spécialisé dans les infrastructures de salles blanches pour les centres de données. Un signe que le groupe veut accélérer encore davantage sur ce secteur.
Objectifs confirmés et gouvernance renouvelée
Le conseil d'administration de Legrand ne se contente pas de valider la stratégie financière. Il anticipe aussi l’évolution de sa gouvernance. Le groupe a annoncé la nomination de Stéphane Pallez, PDG de la FDJ United, en tant qu’administratrice indépendante. Un signal supplémentaire de son ancrage dans une vision de long terme, où les technologies de l’information et la gestion des données deviennent prioritaires.
Avec une feuille de route RSE ambitieuse, le groupe vise un taux de réalisation d’au moins 100 % dès la première année de son plan 2025-2027, Legrand entend conjuguer croissance et responsabilité. Pour l’instant, les chiffres lui donnent raison.
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