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Le cours de l’or a atteint de nouveaux sommets historiques en 2024, dépassant les 2 500 $ l’once en août, puis les 2 700 $ en octobre. Mais cette dynamique haussière peut-elle se prolonger en 2025 ? Plusieurs facteurs fondamentaux suggèrent que oui. Décryptage.
Le retour des taux réels à des niveaux bas, voire négatifs
Historiquement, le cours de l’or évolue en sens inverse des taux d’intérêt réels américains. Pour rappel, les taux « réels » sont obtenus par les taux nominaux des obligations, ajustés de l’inflation. Des taux réels bas, voire négatifs, signifient que le rendement des obligations ne compense pas la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation. Les investisseurs sont donc plus enclins à détenir de l’or, puisqu’ils ne sont pas pénalisés par l’absence de rendement (dividendes ou intérêts) de l’or.
Or, depuis début 2022, l’or a continué à progresser malgré la remontée des taux réels, une dynamique inhabituelle et qui indique que d’autres facteurs sont à l’œuvre. Ce découplage entre l’or et les rendements réels américains est un élément central pour tout savoir sur le cours de l’or et ses déterminants actuels, comme l’explique régulièrement l’Agence BDOR, spécialiste reconnu des métaux précieux.
Quoi qu’il en soit, après cette remontée de 2022, les taux réels des Bons du Trésor US à 10 ans sont repassés sous les 2 % en 2024 et naviguent actuellement à 1,50 %. On retrouve donc un environnement particulièrement porteur pour l'or, selon les analystes de l’Agence BDOR, qui rappellent que le métal jaune a historiquement surperformé dans les périodes de taux réels faibles ou négatifs.
Les marchés prévoient que la Réserve Fédérale entamera un cycle de baisse de ses taux directeurs en novembre, en réponse au ralentissement économique et à la décrue progressive de l’inflation. Par exemple, JP Morgan anticipe une inflation « core » (hors alimentation et énergie) à 3,5 % fin 2024, puis à 2,6 % en 2025 aux États-Unis. En ralentissement donc, mais toujours au-dessus de la cible de 2 %. Cette combinaison de taux nominaux en baisse et d’une inflation persistante devrait donc maintenir les taux réels à un niveau bas, voire négatif dans les années à venir.
Les achats records par les banques centrales
Les achats d’or par les banques centrales, notamment des pays émergents, constituent un autre puissant facteur de soutien des cours. En 2023, les achats des banques centrales ont atteint un niveau record de 1037 tonnes, en progression de près de 150 % par rapport à 2022. La Chine a été de loin le plus gros acheteur, avec des réserves officielles qui ont bondi de 15 % en un an pour atteindre 2400 tonnes fin 2023.
Ce mouvement s’est encore accéléré début 2024. Sur les trois premiers mois de l’année, les acquisitions nettes des banques centrales ont atteint 290 tonnes, soit un rythme 36 % supérieur aux estimations initiales. Et cela malgré un prix moyen de l’or en hausse de 5 % sur la période. C’est le quatrième trimestre consécutif de forte hausse des achats souverains. Cette appétence des banques centrales crée donc une demande structurelle qui agit comme un plancher pour les cours. Ces achats massifs et réguliers limitent le potentiel de correction en cas de choc baissier ponctuel.
Et la tendance devrait rester solidement haussière en 2025, avec une demande souveraine attendue encore supérieure à 800 tonnes. Dans le détail, la Chine devrait rester le premier acheteur mondial, avec des réserves qui pourraient atteindre 3 000 tonnes. Mais l’Inde, la Russie, la Turquie et de nombreux autres pays émergents devraient aussi continuer à accumuler de l’or à un rythme soutenu. Même des banques centrales européennes comme en Pologne ou en Hongrie ont récemment augmenté sensiblement leurs réserves aurifères.
La faiblesse relative du dollar et l'intérêt pour l'or papier
Après avoir déjà atteint des niveaux records en août puis en octobre, le métal jaune devrait poursuivre sur sa lancée l’an prochain. Cette dynamique haussière est attendue se prolonger en 2025, avec un objectif moyen de 2 600 $ sur l’ensemble de l’année. Ces prévisions, déjà ambitieuses au regard des niveaux de prix actuels, pourraient même être dépassées en cas de regain marqué des tensions géopolitiques et d’affaiblissement plus rapide que prévu du dollar. Dans ces scénarios, un cours de l’or à 3 000 $ l’once, voire au-delà, ne serait plus à exclure.
Dernier aspect que nous surveillons : la convergence attendue des politiques monétaires des grandes banques centrales (Fed, BCE, Banque du Japon) devrait aussi soutenir les flux vers les ETF or. Avec une devise américaine moins rémunératrice et potentiellement moins recherchée comme valeur refuge si les risques géopolitiques et financiers s’accentuent, les investisseurs internationaux rapatrieront une partie de leurs capitaux vers l’or.
Après avoir été longuement négatifs en 2022-2024, les flux sur les ETF or pourraient redevenir nettement positifs dès la fin 2024 et surtout en 2025, avec la perspective de la détente durable sur le marché obligataire, que nous avons évoquée. Plusieurs observateurs évoquent un potentiel de collecte de plus de 300 tonnes pour ces fonds indiciels en 2025, soit une contribution à la demande mondiale d’or supérieure à 10 %.
À titre de comparaison, même au plus fort de la crise du Covid en 2020, lorsque les investisseurs s’étaient massivement tournés vers l’or face à l’effondrement des marchés actions, les flux sur les ETF or avaient atteint « seulement » 120 tonnes sur un mois. Un rebond des flux dans les proportions évoquées aurait donc un impact considérable sur le marché de l’or.
Cette dynamique pourrait aussi inciter les particuliers à acheter des pièces d’or pour profiter de la tendance et se constituer une épargne tangible. Les pièces d’or, comme le Napoléon ou le Krugerrand, sont en effet un moyen simple et accessible de s’exposer au métal jaune, tout en bénéficiant d’un objet physique à forte valeur patrimoniale et esthétique.
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