L’Opep+ a décidé d’augmenter de 137 000 barils par jour sa production dès octobre 2025. Une annonce qui surprend les marchés et relance la bataille des parts de marché, au risque d’accentuer la pression sur les prix.
Les marchés s’attendaient à un statu quo, ils ont eu droit à un nouveau virage. Réunis en ligne dimanche 7 septembre 2025, l’Arabie saoudite, la Russie et leurs alliés de l’Opep+ ont validé une hausse de 137 000 barils par jour pour le mois d’octobre. Après avoir longtemps défendu les prix en réduisant l’offre, le cartel confirme son changement de stratégie amorcé au printemps : augmenter rapidement la production pour reconquérir des parts de marché.
Les ministres de l’Énergie de huit pays - Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Oman et Algérie - ont acté cette décision, qui s’ajoute aux 2,2 millions de barils déjà remis en circulation ces derniers mois. Le communiqué précise que jusqu’à 1,65 million de barils supplémentaires pourraient être remis sur le marché "en partie ou en totalité, et de manière progressive, en fonction des conditions du marché".
Des quotas qui inquiètent les analystes
Alors que la demande mondiale fléchit traditionnellement au quatrième trimestre, cette orientation prend les observateurs de court. Pour Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, "En réalité, l'augmentation sera moindre en raison des limites de production et du mécanisme de compensation". Mais il ajoute que "le message est fort", et pourrait ramener le Brent sous la barre des 60 dollars. Vendredi, la référence mondiale se situait encore autour de 65 dollars, loin du sommet à 120 dollars atteint après l’invasion de l’Ukraine en 2022.
Depuis avril, l’Opep+ a déjà réintroduit environ 2,5 millions de barils par jour, soit près de 2,4 % de la demande mondiale. Le rythme d’octobre marque toutefois une inflexion : après des hausses de plus de 400 000 barils en juillet, août et septembre, la progression ralentit nettement. Un signal destiné à ménager les équilibres tout en poursuivant la reconquête des marchés.
Trump accentue la pression sur le brut russe
Au-delà des chiffres, la décision s’inscrit dans un climat géopolitique tendu. La Russie, pilier de l’alliance, reste sous le coup de sanctions et dépend fortement du pétrole. "la Russie dépend de prix élevés pour financer sa guerre", rappelle Jorge Leon. Washington continue de cibler le brut russe : Donald Trump a alourdi en août les surtaxes sur certains produits indiens pour sanctionner New Delhi, accusée d’importer massivement du pétrole en provenance de Moscou.
Le président américain a parallèlement exhorté l’Europe à "cesser d'acheter du pétrole russe", citant la Hongrie et la Slovaquie encore reliées à Moscou par oléoduc. Il a aussi appelé les Européens à "accentuer la pression économique sur la Chine", premier importateur de brut russe. Une offensive qui risque de compliquer encore la donne pour l’Opep+, déjà confrontée à une demande mondiale plus fragile à l’approche de l’hiver.
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