Jean-François Fallacher nouveau DG d'Eutelsat

Il a dirigé Orange en Espagne, puis en France. Il connaît les réseaux, la pression politique, les restructurations. Et c’est désormais à la tête d’un acteur stratégique des télécoms spatiales qu’il va opérer : Jean-François Fallacher prendra les rênes d’Eutelsat le 1er juin 2025, a annoncé le groupe ce lundi 5 mai.

La décision a été rendue publique dans un communiqué laconique, confirmant la nomination de l’actuel patron d’Orange France au poste de directeur général d’Eutelsat. À 57 ans, ce polytechnicien succède ainsi à Eva Berneke, dont le départ n’a pas été justifié dans l'immédiat. Le conseil d'administration du groupe a validé cette transition à un moment clé, alors qu’Eutelsat doit digérer sa fusion controversée avec OneWeb.

Qui est Jean-François Fallacher, le nouveau visage d’Eutelsat ?

Jean-François Fallacher n’est pas un inconnu dans le paysage des télécoms européens. Diplômé de Polytechnique et de Télécom Paris, il entame sa carrière dans le groupe France Télécom. Il enchaîne ensuite les postes à l’international, notamment à la direction d'Orange Roumanie, puis d'Orange Espagne.

En 2020, il est nommé directeur général d’Orange France, en pleine crise du cuivre et alors que l’opérateur entame une douloureuse transition vers la fibre. Réputé pour sa capacité à tenir la ligne dans des contextes sociaux tendus, il devient une figure incontournable des négociations industrielles, en lien étroit avec les pouvoirs publics. Chez Orange, il a été perçu comme un dirigeant à la fois "technique, politique et fiable", selon un cadre de la maison mère.

Un choix stratégique pour redéfinir le cap d’Eutelsat

La nomination de Fallacher intervient dans une période d’incertitude pour Eutelsat. Le groupe a finalisé en 2023 sa fusion avec OneWeb, opérateur britannique de satellites en orbite basse, dans l’objectif de concurrencer le réseau Starlink d’Elon Musk. Mais cette opération ne fait pas l’unanimité, ni en interne, ni auprès des marchés. La réorganisation qui en découle est jugée "complexe et risquée", selon plusieurs analystes du secteur.

Le profil de Fallacher répond donc à une logique de reprise en main. Eutelsat a besoin d’un capitaine expérimenté, capable de gérer une flotte satellitaire hybride, des partenariats internationaux sensibles et des équilibres politiques européens.

Quels défis pour Eutelsat sous la direction de Fallacher ?

Le nouveau DG arrive à un moment où le marché spatial européen cherche à affirmer son autonomie face aux géants américains. La montée en puissance de la constellation OneWeb doit désormais se traduire par des offres commerciales viables. Cela implique des choix rapides sur les priorités d’investissement, la stratégie B2B et les relations avec les États européens, notamment la France et le Royaume-Uni, actionnaires clés.

Par ailleurs, le groupe fait face à une pression concurrentielle de plus en plus forte, avec la percée de Starlink dans les zones rurales, y compris en Europe. Eutelsat doit donc accélérer sa mue sans perdre sa crédibilité institutionnelle. "Fallacher a montré qu’il savait arbitrer dans des environnements complexes", souligne un observateur du secteur spatial.

Cette nomination pourrait aussi être un signal envoyé aux marchés pour rassurer sur la capacité du groupe à tenir le cap technologique. Le défi est immense, mais l’expérience managériale du nouveau DG pourrait être un atout de taille dans la conquête d’un espace devenu aussi stratégique que concurrentiel.

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