La Chine a dépassé les attentes au deuxième trimestre avec une croissance de 5,2 % en glissement annuel, un chiffre légèrement supérieur au consensus établi à 5,1 %. Une performance qui, malgré son apparente solidité, ne masque pas les inquiétudes profondes qui traversent la deuxième économie mondiale. Si l’objectif annuel de Pékin, fixé autour de 5 %, semble pour l’instant accessible, plusieurs signaux laissent présager une fin d’année bien plus complexe à gérer.
Exportations en avance pour contourner les droits de douane, ralentissement de la consommation intérieure, tensions géopolitiques persistantes : la croissance reste sous perfusion. Et si les mesures de soutien mises en œuvre jusqu’ici ont évité un décrochage brutal, le second semestre s’annonce périlleux.
Une croissance en trompe-l’œil portée par des exportations anticipées
Entre avril et juin, le PIB chinois a progressé de 1,1 % en rythme trimestriel, là encore au-dessus du consensus (+0,9 %). Mais ce rebond s’explique en partie par un phénomène conjoncturel : des exportations poussées en urgence, dans un climat de tensions commerciales exacerbées par la politique de droits de douane menée par Donald Trump.
« La Chine a réalisé au deuxième trimestre une croissance supérieure à l’objectif officiel de 5 % en partie du fait des exportations effectuées par anticipation », explique Zhiwei Zhang, chef économiste chez Pinpoint Asset Management. Une dynamique artificielle, qui donne certes un peu de répit, mais ne résout rien sur le fond.
Selon lui, cette performance « confère au gouvernement une marge pour tolérer un certain ralentissement lors de la seconde moitié de l’année ». Un répit fragile, car les moteurs internes peinent à s’allumer.
L’économie chinoise sous pression : consommation à la peine et risque déflationniste
Les données du mois de juin brossent un tableau bien plus contrasté. La production industrielle affiche une solide hausse de 6,8 % sur un an, contre 5,8 % en mai. Une accélération portée par les grands projets d’infrastructures, qui reste toutefois concentrée sur certains secteurs spécifiques.
En revanche, les ventes au détail ont déçu, avec une progression limitée à 4,8 %, contre 6,4 % le mois précédent. Un chiffre bien en dessous des attentes des analystes, qui tablaient sur 5,4 %. Le consommateur chinois reste frileux, affecté par un marché immobilier morose et des perspectives d’emploi incertaines.
Autre signal d’alerte : la pression déflationniste. Les prix à la production ont reculé en juin au rythme le plus rapide observé depuis près de deux ans, fragilisant encore davantage les marges des entreprises et l’investissement privé.
Zichun Huang, économiste chez Capital Economics, met en garde : « Les données du PIB donnent une vision probablement trop positive de la solidité de la croissance. Et avec les exportations qui devraient ralentir, et le souffle des mesures de soutien financier s'estomper, la croissance devrait ralentir davantage au second semestre. »
Que décidera le Politburo fin juillet ?
Les regards se tournent désormais vers la réunion stratégique du Politburo, attendue en fin de mois. Pékin devra décider des orientations économiques à tenir jusqu’à la fin de l’année. Les options sont limitées, mais les attentes du marché sont claires : nouvelles baisses de taux, relance budgétaire, mesures ciblées de soutien à la consommation.
La Banque populaire de Chine a déjà abaissé ses taux en mai, dans une tentative de maintenir la dynamique économique. Des dépenses publiques supplémentaires dans les infrastructures ont également été engagées. Reste à savoir si ces efforts suffiront à maintenir le cap.
Selon le consensus compilé par Reuters, la croissance devrait ralentir à 4,5 % au T3 et 4,0 % au T4. Une trajectoire qui pourrait remettre en cause les ambitions de Pékin, si les tensions commerciales s’aggravent ou si la demande intérieure ne se redresse pas.
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