Coopérative U rachète 7 magasins Carrefour et ajoute 265 millions d'euros à son chiffre d'affaires

Ce n’est plus un flirt, c’est un mariage de raison. Moins d’une semaine après avoir officialisé une centrale d’achats commune, Coopérative U et Carrefour remettent le couvert avec une transaction qui redessine les rapports de force dans la grande distribution. Le groupe dirigé par Dominique Schelcher vient de mettre la main sur sept magasins Carrefour, représentant 265 millions d’euros de chiffre d’affaires, dans le cadre d’une cession imposée par l’Autorité de la concurrence.

La transaction s’inscrit dans la suite logique du rachat par Carrefour des enseignes Cora et Match, qui l’a contraint à céder neuf points de vente. Coopérative U rafle la majorité de ces magasins, laissant deux sites à Intermarché. Une offensive qui propulse le groupement vers son objectif de 15 % de part de marché à l’horizon 2030, tout en lui assurant une visibilité stratégique dans la consolidation en cours du secteur.

Une opération imposée par l’Autorité de la concurrence

La genèse de cette acquisition remonte à décembre dernier. À la suite de l’opération Casino, puis à celle de Cora-Match validée en mars, l’Autorité de la concurrence a exigé de Carrefour qu’il cède neuf magasins pour éviter une concentration excessive. Les négociations exclusives entamées avec Coopérative U portent donc sur une majorité de ces établissements, aux profils et surfaces très variés : de 200 m² à 12.000 m², répartis entre Paris, l’Alsace, la Haute-Savoie, la Meuse ou encore la Manche.

Les magasins repris sont les suivants :

• Crouy (02) - Carrefour Market (4.000 m²)
• Mercin-et-Vaux (02) - Carrefour Market (3.000 m²)
• Villers-Semeuse (08) - Carrefour (12.000 m²)
• Hérouville-Saint-Clair (14) - Carrefour (10.000 m²)
• Nancy (54) - Match (200 m²)
• Publier (74) - Carrefour (9.500 m²)
• Paris Poissonnière (75) - Carrefour City (200 m²)

Les deux autres magasins – situés à Argenteuil et aux Pavillons-sous-Bois – iront à Intermarché. Le montant total de la transaction pour Carrefour atteindra 70 millions d’euros. La finalisation est attendue d’ici mars 2026.

Dominique Schelcher muscle sa stratégie de croissance

Le PDG de Coopérative U, reconduit pour un troisième mandat de six ans il y a deux semaines, qualifie cette opération d’« inédite ». S’il reconnaît que la coopérative devra recourir à un emprunt pour financer le rachat en complément de ses fonds propres, il se montre confiant : les associés pour exploiter ces points de vente devraient être trouvés d’ici la fin de l’année.

Ce rachat marque un tournant pour l’enseigne qui regroupe 1.800 points de vente sous les enseignes Hyper U, Super U, U Express et Utile. Après avoir intégré l’an dernier les franchisés du groupe Schiever, apportant 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires –, cette nouvelle acquisition confirme la volonté du groupe de jouer les premiers rôles. D’autant que Coopérative U avait récemment échoué à reprendre les magasins Colruyt, finalement raflés par Intermarché.

Avec ces sept nouveaux sites, la coopérative revendique désormais plus de 13 % de part de marché, contre 12,3 % en 2024. Elle anticipe un total de 240.000 m² de surfaces commerciales supplémentaires d’ici la fin 2025, contre 102.000 m² gagnés sur toute l’année précédente.

Vers une recomposition accélérée du paysage de la distribution

Le rapprochement entre Coopérative U et Carrefour prend une dimension stratégique plus large. En plus de ces cessions, les deux groupes ont annoncé la création d’une centrale d’achats commune au niveau européen, quelques jours avant la signature du deal. Un signe fort dans un marché en recomposition, où les alliances ponctuelles deviennent des leviers d’adaptation face à la pression concurrentielle et aux attentes réglementaires.

Pour Coopérative U, ce mouvement confirme une posture plus conquérante sur le terrain de la croissance externe. Dominique Schelcher ne s’en cache pas : « Avec cette acquisition, l’an prochain nous dépasserons facilement les 13 % de part de marché. Nous sommes ainsi en ligne avec notre objectif de 15 % à horizon 2030. »

En misant sur un maillage plus dense et des formats diversifiés, la coopérative s’offre un levier pour renforcer sa présence territoriale tout en consolidant son modèle indépendant face aux géants du secteur.

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