CATANA : La visibilité jugée "très réduite", le titre chute de 20%

Le chiffre d’affaires de Catana Group plonge de 23% sur le premier semestre de l’exercice 2024/2025, à 81,2 millions d’euros, contre 105,7 millions un an plus tôt. La division Bateaux, pilier du groupe, suit la même pente avec une baisse équivalente. Installé à Canet-en-Roussillon, le constructeur de catamarans paie le prix d’un retournement brutal du marché, amorcé dès 2023 après l’euphorie post-COVID.

La visibilité pour les mois à venir ? Très réduite. Alors que les salons d’automne avaient redonné un peu de souffle avec un sursaut des commandes, portées par des baisses de prix allant de -2 à -10% selon les modèles, le contexte mondial vient ternir ce semblant de redressement. En cause : les premières décisions de l'administration Trump, qui créent une onde de choc sur les échanges internationaux. De quoi geler les intentions d’achat et rendre le carnet de commandes aussi incertain qu’un horizon par temps de brume.

Une stratégie de prudence assumée pour encaisser la houle

Catana n’a pas attendu d’avoir la tête sous l’eau pour manœuvrer. Anticipant dès l’exercice précédent une baisse de la demande, le groupe a adapté progressivement son rythme de production, évitant ainsi un emballement des fabrications et la constitution de stocks dormants. Cette approche, qui privilégie la trésorerie et l’agilité, s’inscrit dans l’ADN même du constructeur, selon ses dirigeants.

Le marché reste pourtant contrasté : les petits modèles peinent à séduire, tandis que les catamarans de grande taille continuent d’attirer les plaisanciers fortunés. Un point que le groupe avait anticipé, misant sur une montée en gamme qui reste d’actualité.

Mais face aux aléas géopolitiques et à l’instabilité économique mondiale, Catana joue la carte de la réserve. Le groupe ne publie aucune prévision chiffrée pour l’exercice en cours, ni pour 2026. Il reste toutefois fidèle à ses projets phares :

• Le lancement du Bali 5.2 prévu pour septembre,
• L’arrivée du Bali 5.8, un modèle taillé pour le segment haut de gamme,
• Le développement de l’offre motonautique YOT, en parallèle des catamarans.

Quelles perspectives pour Catana d’ici 2026 ?

Dans une conjoncture aussi mouvante, la prudence s’impose comme boussole. Catana se refuse à tirer des plans sur la comète, conscient que ses capacités de prises de commandes pourraient être durablement affectées. La direction estime qu’il est aujourd’hui difficile de mesurer l’ampleur des perturbations liées à l’environnement politique et économique, et préfère temporiser.

Le marché du nautisme pourrait-il retrouver une trajectoire plus lisible dans les prochains mois ? Tout dépendra de la stabilisation du contexte international et du retour de la confiance chez les acheteurs. En attendant, la stratégie de production ajustée à la demande réelle permet à Catana de rester sur le cap de la résilience. Pas de dérive, mais un cap serré, à vue.

Suite à cette publication, l'action Catana chute de 20% ce mercredi à la Bourse de Paris. 

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