Un coup de volant discret, mais lourd de sens dans la stratégie de Carrefour. Mardi soir, le géant de la grande distribution a annoncé la cession de 7 % du capital de Carmila, sa foncière de centres commerciaux. L'opération se fait via un placement privé avec construction accélérée d’un livre d’ordres, visant environ 9,9 millions d’actions. L’échéance de règlement-livraison est fixée au 6 juin.
Cette décision s'inscrit dans la revue stratégique engagée par le groupe en février. Objectif : se recentrer, optimiser ses ressources et ajuster ses participations. Carrefour précise qu’il restera actionnaire de référence avec 29,8 % du capital de Carmila après l’opération. Et insiste sur sa confiance envers le management de la foncière.
Pourquoi Carrefour réduit sa participation dans Carmila maintenant
Depuis quelques mois, Carrefour a enclenché une révision à grande échelle de ses actifs. Dans ce cadre, céder une part minoritaire de Carmila lui permet de libérer des liquidités sans rompre ses liens avec une structure jugée stratégique.
Carmila, créée en 2014 pour valoriser les galeries commerciales attenantes aux magasins Carrefour, gère aujourd’hui un portefeuille conséquent d’actifs en France, Espagne et Italie. Le distributeur reste le principal locataire et partenaire commercial.
Selon l’annonce, Carmila elle-même entend participer au placement, afin de finaliser son propre programme de rachat d’actions en cours. Une manière d’accompagner l’opération tout en renforçant mécaniquement sa valeur pour ses actionnaires.
Mardi, le titre Carmila est resté stable à 18,62 euros, signe que le marché avait partiellement anticipé ce mouvement.
Une stratégie prudente pour conserver l’influence
Si Carrefour allège sa position, ce n’est ni un désengagement ni une rupture. En conservant près de 30 % du capital, le groupe garde une position d’influence majeure dans la gouvernance de Carmila.
L’opération pourrait également offrir une meilleure lisibilité à la foncière vis-à-vis des marchés, en augmentant le flottant et en diversifiant son actionnariat. En interne, le message est clair : pas question de quitter la table, mais plutôt de rééquilibrer le jeu.
Côté Carmila, cette injection d’actions pourrait aussi répondre à des objectifs tactiques à court terme. Le groupe a multiplié les signaux en faveur de sa politique de retour aux actionnaires, à travers des rachats réguliers qui boostent son rendement.
Dans un secteur immobilier en mutation, cette manœuvre prudente laisse entrevoir une volonté de souplesse financière sans perte d’influence stratégique. Le distributeur, qui garde un œil sur la performance de ses actifs, semble vouloir ménager la chèvre et le chou.
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