Le groupe Bolloré a annoncé un résultat net annuel de 1,84 milliard d’euros en 2024, soit un triplement par rapport à l’année précédente. Ce bond spectaculaire s’explique principalement par la plus-value liée à la cession de Bolloré Logistics (+3,6 milliards d’euros) et par la moins-value de la scission de Vivendi (-1,9 milliard d’euros). Pourtant, derrière ce chiffre impressionnant se cache une autre réalité : le résultat opérationnel ajusté (EBITA) s’est effondré de 98 %, tombant à seulement 1 million d’euro, notamment en raison de la mise en équivalence tardive des actifs Vivendi, Havas, Canal+ et Louis Hachette Group.
Avec une trésorerie nette de 5,3 milliards d’euros, un dividende en hausse de 14 % et une série d’opérations stratégiques, le conglomérat poursuit sa mutation. Mais cette restructuration massive s’accompagne aussi d’une volatilité financière qui interroge sur l’avenir du groupe.
La cession de Bolloré Logistics booste le résultat net
Le groupe Bolloré a profité en 2024 de la vente de Bolloré Logistics à CMA CGM, finalisée le 29 février pour 4,8 milliards d’euros. Après impôts, la transaction a généré une plus-value nette de 3,6 milliards d’euros, qui a propulsé le bénéfice net à 1,84 milliard d’euros, contre 566 millions en 2023.
Cependant, la scission de Vivendi, actée le 13 décembre 2024, a entraîné une moins-value de 1,9 milliard d’euros, car Bolloré a perdu le contrôle comptable de l’entreprise et ne détient plus qu’une influence notable sur Canal+, Havas et Louis Hachette Group.
EBITA en chute libre : un signal d’alerte ?
Si le résultat net affiche une progression spectaculaire, l’EBITA (résultat opérationnel ajusté) chute à 1 million d’euro, contre 61 millions en 2023. Plusieurs facteurs expliquent cet effondrement :
- Mise en équivalence tardive de Canal+, Louis Hachette Group, Havas et Vivendi (14 décembre 2024), réduisant leur contribution aux comptes du groupe.
- Déclin des activités industrielles, notamment dans le secteur des batteries.
- Réduction des profits liés aux activités historiques, bien que Bolloré Energy résiste avec 2 676 millions d’euros de chiffre d’affaires (-6 %).
Un dividende en hausse malgré les turbulences
Malgré un EBITA en berne, Bolloré propose une augmentation de 14 % de son dividende, le portant à 0,08 euro par action. Une décision qui témoigne de la solidité de la trésorerie du groupe, qui atteint 5,3 milliards d’euros au 31 décembre 2024, soit une hausse impressionnante de 6,77 milliards d’euros sur un an, principalement due à la vente de Bolloré Logistics.
Des acquisitions et rachats stratégiques
En parallèle, le groupe a poursuivi ses investissements stratégiques :
- Acquisition de 9,2 millions d’actions Universal Music Group (UMG) pour 197 millions d’euros en juillet 2024.
- Rachat de 5 % du capital de Socfin après son retrait de la Bourse en septembre.
- Prise de participation dans Rubis, montant à 5,96 % du capital pour une valeur de 163 millions d’euros.
- Programme de rachat d’actions Bolloré SE, avec 12 millions d’actions rachetées pour 69 millions d’euros, suivis de leur annulation.
La scission de Vivendi : une stratégie à double tranchant ?
L’un des événements majeurs de 2024 a été la scission partielle de Vivendi, avec la distribution et la cotation de Canal+ (LSE), Louis Hachette Group (Euronext Growth) et Havas NV (Euronext Amsterdam) dès le 16 décembre 2024. Bolloré conserve 29,3 % de Vivendi et 30,4 % de ces trois autres entités.
Si cette opération a clarifié la structure du groupe, elle a aussi fortement réduit son contrôle opérationnel, ce qui explique en partie la baisse de l’EBITA.
Un groupe plus riche mais plus fragile ?
Avec un résultat net gonflé par des cessions, une trésorerie record mais un résultat opérationnel en chute libre, le groupe Bolloré est à un tournant stratégique. Son pari sur le secteur des médias avec Vivendi, Canal+ et Havas sera déterminant pour sa performance future. Reste à voir si cette transformation portera ses fruits ou si elle expose le groupe à une plus grande volatilité financière.
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