Le ciel s'assombrit pour Boeing. Entre juillet et septembre 2024, l’avionneur américain a dévoilé une perte nette colossale de 6,17 milliards de dollars, une des pires de son histoire. La grève de plus de 33 000 ouvriers mécaniciens, débutée mi-septembre, ainsi que des charges exceptionnelles dans ses divisions Aviation Commerciale et Défense et Espace, sont en grande partie responsables de ce trou financier.
Un chiffre d’affaires en recul
Le chiffre d’affaires de Boeing a reculé de 1%, atteignant 17,84 milliards de dollars pour le trimestre. Bien que cette baisse semble modeste, elle masque des problèmes bien plus profonds. L’avionneur avait averti plus tôt en octobre que ses résultats seraient plombés par une charge avant impôts de 5 milliards de dollars, due notamment à des retards dans la livraison de certains programmes comme le 777X, repoussé à 2026, et à des difficultés sur des projets militaires tels que la capsule spatiale Starliner et les avions-ravitailleurs de l'US Air Force.
La grève des ouvriers en toile de fond
La grève, entamée le 13 septembre par les membres du syndicat IAM, a déjà eu un impact significatif sur les résultats du groupe. Ces premières semaines de conflit social ont aggravé les pertes de la branche Aviation commerciale, qui affiche une perte d'exploitation de 4 milliards de dollars. Les divisions Défense et Espace, elles, accusent une perte de 2,4 milliards de dollars. Mais les semaines à venir pourraient encore peser lourd si un accord avec les ouvriers n’est pas trouvé rapidement.
En parallèle, Boeing a entamé un plan de réduction de 10 % de ses effectifs, soit environ 17 000 emplois, afin de réduire ses coûts et faire face à une dette qui s’élève désormais à 47,2 milliards de dollars.
Un vote crucial pour l’avenir de Boeing
Ce mercredi, les 33 000 ouvriers du syndicat IAM doivent voter pour ou contre la fin de la grève. L’enjeu est capital pour l’entreprise, déjà fragilisée par la pandémie de Covid-19 et les crises liées aux accidents des 737 MAX. Kelly Ortberg, directeur général de Boeing depuis août, a tenté de rassurer ses équipes dans une lettre envoyée aux salariés, tout en reconnaissant que « nous sommes à la croisée des chemins ». Il a insisté sur le besoin d'un « changement fondamental de la culture » au sein de l’entreprise pour redresser la situation, tout en évoquant des « grandes opportunités » grâce à un carnet de commandes de 511 milliards de dollars, soit plus de 5 400 avions à livrer.
Des efforts supplémentaires à venir
Même si la grève prenait fin, Boeing devra poursuivre ses efforts de restructuration. La société prévoit de lancer une nouvelle émission d’actions et de convertir une partie de sa dette pour un montant estimé à 25 milliards de dollars, dans l’espoir de réduire son endettement. Selon Ortberg, « cela prendra du temps » pour que Boeing retrouve son rang de leader mondial dans l’aéronautique.
Malgré les défis immenses, le directeur général a souligné que Boeing reste déterminé à développer un nouvel avion dans un avenir proche, mais qu’il faudra d’abord stabiliser la situation financière de l’entreprise.
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