Le ciel semblait sans nuages au-dessus d’Amazon. Pourtant, à peine les résultats trimestriels publiés, l’action du géant américain a décroché de 5 % dans les échanges après la clôture. En cause : des prévisions jugées frileuses et une croissance de sa division cloud inférieure aux attentes, malgré un bénéfice net en forte hausse.
Le 1er mai, Amazon a dévoilé ses résultats financiers pour le premier trimestre 2025. Le chiffre d’affaires global s’est élevé à 155,7 milliards de dollars, légèrement au-dessus du consensus (155,04 milliards). Le bénéfice net, lui, a bondi de 64 % sur un an pour atteindre 17,1 milliards de dollars. Rapporté par action, cela représente 1,59 dollar, bien mieux que les 1,37 dollar anticipés. Mais ces performances solides n’ont pas suffi à rassurer les marchés.
La division AWS sous pression malgré une croissance à deux chiffres
Le segment stratégique du cloud, Amazon Web Services (AWS), affiche une croissance de 16,9 %, atteignant 29,27 milliards de dollars. Un chiffre impressionnant, mais en retrait par rapport aux prévisions des analystes, qui tablaient en moyenne sur 30,9 milliards. Il s’agit de la plus faible progression sur cinq trimestres pour AWS.
La comparaison avec Microsoft, principal concurrent dans le cloud, n’a pas joué en faveur d’Amazon. Azure, la plateforme cloud de Microsoft, a surpassé les attentes du marché, renforçant la perception d’un léger essoufflement du côté d’AWS.
Lors d’une conférence téléphonique avec les analystes, Andy Jassy, directeur général d’Amazon, a tenté de désamorcer les inquiétudes, notamment sur l’impact des droits de douane américains récemment renforcés : « Nous n’avons pas encore constaté de baisse de la demande. Nous avons observé une augmentation des achats dans certaines catégories, ce qui pourrait indiquer la constitution de stocks en prévision d’un éventuel impact. »
Des prévisions en retrait qui crispent les investisseurs
Amazon prévoit pour le deuxième trimestre un chiffre d’affaires compris entre 159 et 164 milliards de dollars, contre une estimation moyenne de 160,91 milliards. Quant au bénéfice d’exploitation, il est anticipé entre 13 et 17,5 milliards de dollars, en deçà de l’attente du marché (17,7 milliards).
Ces perspectives prudentes sont interprétées par les analystes comme le signe d’un possible ralentissement, dans un contexte économique incertain et marqué par les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Plusieurs vendeurs tiers auraient d’ailleurs indiqué leur intention de ne pas participer au « Prime Day » de juillet, craignant une hausse des coûts liée aux nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump.
Le marché n’a pas tardé à réagir. À la suite de cette annonce, l’action Amazon a plongé de 5 % dans les échanges après la clôture, avant de modérer légèrement ses pertes. Ce recul traduit une nervosité grandissante, malgré des fondamentaux financiers encore solides.
Un trimestre solide, mais un climat de défiance à surveiller
Si les résultats du T1 2025 montrent une entreprise en pleine forme sur le plan des marges et des revenus, la prudence d’Amazon pour les mois à venir suffit à refroidir les investisseurs. L’effet de contraste avec Microsoft renforce cette perception, d’autant que le cloud et l’intelligence artificielle restent des piliers de croissance pour les géants de la tech.
Amazon reste discret sur l’évolution de ses projets IA, même si AWS joue un rôle central dans l’infrastructure de ce domaine. À court terme, les marchés attendent surtout des signes clairs d’un redémarrage de la dynamique commerciale sur fond de tensions géopolitiques et de concurrence technologique exacerbée.
Le rendez-vous est pris pour le prochain trimestre, où chaque indicateur sera scruté à la loupe.
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